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Moyen Orient et Monde - Turquie

Poursuite des raids antikurdes et feu vert décisif aux Américains

C'est dans une ambiance particulièrement pesante que le Parlement a débattu hier en urgence d'une « guerre contre le terrorisme » qui suscite la suspicion de l'opposition et... du régime syrien.

Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, applaudi pendant le débat parlementaire qui s’est tenu hier à Ankara. Il en a profité pour réaffirmer les positions du gouvernement quant à la lutte contre tous les types de terrorisme. Adem Altan/AFP

La Turquie a poursuivi hier les raids contre les rebelles kurdes, raids quotidiens depuis l'attentat-suicide du 20 juillet à Suruç, à proximité de la frontière syrienne, qui a tué 32 jeunes militants de la cause kurde. Cet attentat a été attribué au groupe État islamique (EI), mais a suscité des représailles meurtrières du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) contre les forces de l'ordre turques, qu'il accuse de ne pas avoir protégé la population kurde.
Les raids des F-16 turcs contre les bases du PKK ont ainsi continué à une cadence accélérée, avec au moins sept nouvelles attaques tôt hier contre des cibles situées dans le nord de l'Irak et le sud-est de la Turquie. Dans le même temps, les enlèvements de policiers et des heurts entre forces de l'ordre et manifestants se multiplient dans le sud-est du pays à majorité kurde. Hier encore, un policier a été tué et deux autres ont été blessés dans une attaque au lance-roquettes attribuée au PKK dans la région d'Agri, selon l'agence gouvernementale Anatolie.
L'attaque de Suruç a aussi obligé Ankara à s'engager dans la lutte antijihadiste après avoir longtemps été soupçonné de fermer les yeux. La Turquie a ainsi répondu à une demande pressante de Washington pour l'utilisation de la base aérienne d'Incirlik (Sud) dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI. Le décret gouvernemental « a été signé » et les Américains peuvent désormais se servir « à tout moment » de la base, a assuré hier une source du ministère des Affaires étrangères. Ce feu vert va permettre de rapprocher sensiblement les avions de l'US Air Force de leurs cibles jihadistes, alors qu'ils devaient décoller de bases plus éloignées, comme en Jordanie ou au Koweit.

Complaisance projihadiste
C'est donc dans une ambiance particulièrement lourde que le gouvernement islamo-conservateur, fort, cependant, du soutien de l'Otan, qui lui a assuré mardi sa « forte solidarité », s'est présenté hier devant les 550 députés à Ankara. Durant le débat parlementaire, le vice-Premier ministre Bulent Aric a accusé le parti prokurde, le HDP, de « menacer la paix et la sécurité nationale » en refusant de condamner spécifiquement les attaques de la guérilla. Pour rappel, considéré comme un des grands vainqueurs des législatives du 7 juin avec 13 % des voix et 80 élus, le HDP est largement à l'origine de l'échec relatif de l'AKP qui a manqué la majorité absolue pour la première fois depuis 2002. L'opposition soupçonne, quant à elle, le président Recep Tayyip Erdogan de vouloir alimenter un sentiment antikurde. « Les principaux objectifs des opérations en cours dans les airs, sur terre et dans les médias est de faire mal au HDP dans la perspective d'élections anticipées », a d'ailleurs affirmé le chef de file du parti, Selahattin Demirtas. Le parti social-démocrate CHP, la deuxième force du Parlement derrière l'AKP, a accusé de son côté le gouvernement d'avoir trop longtemps fait preuve de complaisance à l'égard des jihadistes. « La Turquie n'a rien fait pour empêcher l'EI de grandir, a déclaré à la tribune du Parlement l'élu d'Istanbul Murat Ozcelik. Les combattants de l'EI ont même été soignés dans nos hôpitaux et ont pu tranquillement repasser la frontière pour continuer de se battre. »
À Damas, le régime du président syrien Bachar el-Assad a pour sa part mis en doute la « sincérité » d'Ankara dans sa nouvelle volonté affichée de lutter contre l'EI. « Mieux vaut tard que jamais, mais (on peut se demander) si les intentions affichées par la Turquie de combattre les terroristes de Daech (acronyme arabe de l'EI), le Front al-Nosra et les groupes liés à el-Qaëda sont sincères », a affirmé le ministère syrien des Affaires étrangères dans deux lettres à l'Onu.

(Source : AFP)

La Turquie a poursuivi hier les raids contre les rebelles kurdes, raids quotidiens depuis l'attentat-suicide du 20 juillet à Suruç, à proximité de la frontière syrienne, qui a tué 32 jeunes militants de la cause kurde. Cet attentat a été attribué au groupe État islamique (EI), mais a suscité des représailles meurtrières du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) contre les forces...

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