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Moyen Orient et Monde

En Iran, un grand gagnant : Hassan Rohani

Victoire diplomatique, l'accord conclu jeudi à Lausanne entre l'Iran et les grandes puissances est également une victoire politique pour le président Hassan Rohani qui honore la promesse faite au peuple iranien de le sortir de l'isolement international.
Si l'accord d'étape se concrétise par un règlement définitif global sur le programme nucléaire de Téhéran d'ici à la fin juin, sa popularité pourra s'envoler et lui offrir la marge de manœuvre dont il a besoin pour contourner les tenants de la ligne dure qui l'empêchent de tenir ses promesses de réformes sociales et politiques. Ce pur produit de l'élite cléricale chiite a toujours refusé que l'on associe son pragmatisme à une quelconque trahison des fondements de la République islamique. « La modération ne signifie pas dévier des principes et n'est pas un conservatisme face aux changements », avait-il déclaré en 2013 peu de temps après sa victoire contre le camp conservateur. Il avait également implicitement reconnu qu'il lui faudrait du temps pour tenir ses promesses de campagne. « La modération (...) est une approche active et patiente de la société de manière à se démarquer de l'abysse de l'extrémisme », a-t-il dit. Mais Hassan Rohani n'est pas encore parvenu à honorer sa promesse de rendre l'administration plus transparente et plus tolérante, et d'alléger les restrictions politiques et civiques qui irritent de nombreux Iraniens.

Homme du sérail
Un rapport des Nations unies publié le mois dernier montre que la République islamique a continué d'exécuter un grand nombre de prisonniers, dont des opposants politiques et des adolescents. Des journalistes sont fréquemment incarcérés et les droits des femmes et des minorités sont souvent bafoués. Si le cycle de négociation a pu s'ouvrir et se poursuivre depuis 2013, c'est avant tout parce que Hassan Rohani a su conserver la confiance du guide suprême de la révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a le dernier mot sur tout ce qui a trait aux affaires de l'État, politique étrangère comprise. Homme du sérail, Hassan Rohani a des références irréprochables. Étudiant en théologie, il s'est opposé au chah et a rejoint l'ayatollah Ruhollah Khomeyni dans son exil français en 1977 avant d'occuper des postes politiques prestigieux dès l'avènement de la République islamique.
Il fut également l'un des négociateurs des discussions entre l'Iran et la « troïka » européenne, Grande-Bretagne, France et Allemagne qui avaient obtenu que Téhéran suspende ses activités liées à l'enrichissement de l'uranium. Plus de trente ans après la rupture diplomatique avec Washington, Hassan Rohani et le président américain Barack Obama échangeaient quelques mots au téléphone, une première à ce niveau de responsabilité depuis la révolution islamique. Cette conversation sera le point de départ de la tentavive de Rohani de rompre l'isolement iranien.

Compromis
Très vite, la surprise est venue de l'assentiment donné à Hassan Rohani par certains conservateurs de l'entourage du guide suprême, convaincus eux aussi que l'heure des compromis était venue. S'ils se sont ralliés au pragmatisme du président iranien, c'est sans doute parce qu'ils ont compris que son élection spectaculaire, au premier tour, témoignait de la lassitude de dizaines de millions d'Iraniens. Deux mois plus tard, les négociateurs de l'Iran et du « P5+1 » s'entendaient sur un accord intérimaire qui gèle les activités les plus sensibles du programme iranien en échange de la suspension de certaines sanctions.
Pour l'essentiel, le président Hassan Rohani doit ses succès diplomatiques à ses manières policées, héritées sans doute de sa formation de juriste au Royaume-Uni, qui ont tranché avec le ton vindicatif de son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad. Il a également su huiler les rouages diplomatiques en désignant aux Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, un diplomate rompu aux négociations, ancien ambassadeur iranien aux Nations unies.
Désormais, les discussions bilatérales entre Washington et Téhéran sont presque monnaie courante, qu'elles relèvent du programme nucléaire iranien ou de sujets plus régionaux, alors même qu'il n'existe aucune relation diplomatique formelle entre les deux pays.
Sam WILKIN/Reuters

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