Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Reportage

Le Charles de Gaulle à plein régime contre l’EI

Le Charles de Gaulle a achevé hier sa première journée d’opérations contre l’État islamique. Patrick Baz/AFP

Au tournant de minuit, une dernière vague de Rafale revient de mission au-dessus de l'Irak. Les pilotes se posent sur le Charles de Gaulle, dans la nuit noire du Golfe, après cinq heures de vol sous haute tension.
Sur le pont du porte-avions, quelque part entre l'Arabie saoudite et l'Iran, les ombres des agents de piste se faufilent vers les quatre appareils français qui viennent d'apponter « à l'aveugle », guidés au radar. « À bord », annonce le chef de la passerelle aviation à chaque appontage réussi.
Le Charles de Gaulle vient d'achever sa première journée d'opérations contre l'État islamique (EI) comme il l'avait commencée, à plein régime. Trois « pontées » (décollages) ont été réalisées depuis le début de la matinée, soit douze avions catapultés vers l'Irak et revenus sains et saufs quelques heures plus tard. Et une once de stress supplémentaire par rapport aux simples activités d'entraînement des dernières semaines. Les avions sont désormais armés, les pilotes soumis à une pression plus intense, les appontages plus délicats que jamais. « Un appontage, ce n'est jamais gagné, surtout après un vol assez long derrière soi. Ce n'est pas facile de rester pendant des heures jambes fléchies dans le cockpit. C'est aussi un job extrêmement cérébral », note Jules qui, depuis le pont, aide les pilotes à viser la piste dans la dernière phase d'approche. Pour lui comme pour le reste de l'équipage, l'anonymat est désormais de rigueur. La crainte d'être identifié par des jihadistes, via les réseaux sociaux, est dans tous les esprits depuis les attentats de janvier à Paris. Les images du pilote jordanien, capturé par l'EI et brûlé vif dans une cage, en ont aussi glacé plus d'un, même si beaucoup préfèrent se retrancher derrière la même réponse rituelle : « Le risque fait partie du métier. »
Une fois catapultés, les Rafale et Super Étendard rejoignent en une heure et demie de vol le théâtre d'opérations. S'ensuivent alors trois heures de reconnaissance au-dessus de l'Irak, à la recherche de cibles potentielles, ou de frappes en appui aux forces irakiennes. « Les pilotes viennent aussi régulièrement ravitailler. Tout un réseau de ravitailleurs opère au-dessus de l'Irak et permet d'augmenter la durée de vol et de présence sur le terrain », explique le contre-amiral Éric Chaperon qui commande le groupe aéronaval constitué autour du Charles de Gaulle.

« Train, volet, crosse »
Quand il faut larguer une bombe, le pilote s'en remet à l'autorité de contrôle au sein de la coalition internationale, qui l'autorise ou non à tirer. « Mais il participe aussi à l'appréciation de la cible », note le contre-amiral. Au retour, « pas question non plus de relâcher la pression, car tu as l'appontage au bout », relate Marc, pilote d'hélicoptère expert des procédures. Et un appontage raté au mieux perturbe la planification pour les avions qui arrivent derrière, au pire peut se terminer par un crash dans l'eau. Au retour des premiers chasseurs-bombardiers Super Étendard partis en mission, un marin scrute l'horizon, avec des jumelles, avant de hurler « train, volet, crosse » aux officiers d'appontage. L'avion est prêt à apponter. Une fois le train posé, il lui faudra encore attraper le « brin » d'acier accroché sur la piste, à l'aide d'une crosse, pour s'arrêter net dans sa course, sur une surface aussi grande qu'un terrain de tennis, une petite prouesse supplémentaire de pilotage.
Autour du Charles de Gaulle, l'espace maritime est aussi compté. Un flux très dense de pétroliers, vraquiers et porte-conteneurs monte et descend vers le détroit d'Ormuz, parmi les plus fréquentés au monde. « Il y aussi l'Iran qui fait très attention à ce que ses espaces soient protégés. Ils viennent régulièrement avec des bateaux, des avions nous dire de façon assez professionnelle : "On vous a vus" », raconte le capitaine de vaisseau Pierre Vandier, commandant du porte-avions. Le Charles de Gaulle doit en outre partager l'espace avec le porte-avions américain USS Carl Vinson, engagé comme lui dans les opérations en Irak. « Dans un espace aussi restreint, deux porte-avions à proximité, c'est nécessairement complexe et nécessite une étroite coordination », confirme le contre-amiral Chaperon.

Valérie LEROUX/AFP

Au tournant de minuit, une dernière vague de Rafale revient de mission au-dessus de l'Irak. Les pilotes se posent sur le Charles de Gaulle, dans la nuit noire du Golfe, après cinq heures de vol sous haute tension.Sur le pont du porte-avions, quelque part entre l'Arabie saoudite et l'Iran, les ombres des agents de piste se faufilent vers les quatre appareils français qui viennent d'apponter...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut