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Moyen Orient et Monde - Cérémonies

« La France est en guerre contre le terrorisme, le jihadisme et l’islamisme radical »

Hollande rend hommage aux policiers tués ; Valls applaudi par l'ensemble de la classe politique à l'Assemblée nationale ; Royal affirme en Israël la détermination sans faille de la France à lutter contre l'antisémitisme.

Ils étaient 2 500 peut-être à prendre part auparavant à une cérémonie rassemblant parents des victimes, officiels et anonymes. Menahem Kahana/AFP

« La France est en guerre contre le terrorisme, le jihadisme et l'islamisme radical », mais « pas contre une religion », a affirmé hier le gouvernement français.
À l'Assemblée nationale, ovationné debout par l'ensemble de la classe politique, opposition de droite comprise, un fait très rare, le Premier ministre socialiste Manuel Valls a réitéré la fermeté française et lancé un appel appuyé à la « laïcité », référence cardinale du système français. Le chef du gouvernement a appelé à prendre « des mesures exceptionnelles » face à l'extrémisme, mais « jamais des mesures d'exception », récusant l'idée d'une législation d'urgence sur le modèle du Patriot Act américain. M. Valls a aussi annoncé la création d'ici à la fin de l'année de « quartiers spécifiques » dans les prisons pour isoler les détenus jihadistes afin de prévenir tout prosélytisme. « Sans renforcement très significatif des moyens humains et matériels, les services de renseignements intérieurs pourraient se trouver débordés. On dépasse désormais 1 250 individus pour les seules filières irako-syriennes » en France, a-t-il relevé, promettant d'affecter « les moyens nécessaires ». Ces nouveaux moyens « doivent permettre de renforcer les compétences et de diversifier les recrutements : informaticiens, analystes, chercheurs ou interprètes », a-t-il ajouté.
« L'État républicain sera le glaive levé contre ceux qui défient ce que nous sommes et ce que nous entendons perpétuer : cet art de France du vivre-ensemble. Et cela vaut aussi en Europe où notre pays se doit de porter l'étendard de la lutte pour la liberté », a déclaré le président socialiste de l'Assemblée Claude Bartolone.
Dans le même hémicycle, alors que les députés ont voté la poursuite de l'intervention militaire française en Irak contre l'État islamique, une minute de silence a été observée en mémoire des victimes des attentats. Ils ont ensuite entonné tous ensemble l'hymne national, une première depuis 1918, avant de réserver une ovation aux forces de l'ordre.

La France debout
« Notre grande et belle France ne rompt jamais, ne cède jamais, ne plie jamais. Elle fait face, elle est debout », a martelé plus tôt dans la journée à Paris le président François Hollande, solennel, lors d'une émouvante cérémonie d'hommage aux trois policiers tués dans les attaques. « Le jihadisme, l'islamisme radical frappent celles et ceux qui veulent être libres (...) Nous n'en avons pas terminé avec la menace », a souligné M. Hollande, appelant à « redoubler de vigilance » face à un danger « au-delà de nos frontières » comme « à l'intérieur ». Enterrement hautement symbolique : Ahmad Merabet, policier français musulman, victime des frères Saïd et Chérif Kouachi, les deux jihadistes tueurs de Charlie Hebdo, a été inhumé près de Paris. Son exécution en pleine rue, filmée et diffusée sur Internet, avait suscité une énorme émotion. Il est l'un des trois policiers tués par les jihadistes, avec Franck Brinsolaro, abattu dans l'attaque de Charlie Hebdo, et Clarissa Jean-Philippe, jeune policière municipale antillaise tuée par Amedy Coulibaly jeudi au sud de Paris, près d'une école juive. « Clarissa, Franck, Ahmad sont morts pour que nous puissions vivre libres », a clamé François Hollande, saluant en eux « trois visages de la France » devant leurs familles et collègues en pleurs. La France a décerné la Légion d'honneur, sa plus haute distinction, aux disparus.
Parallèlement, en Israël, les trois Français Yohan Cohen, Philippe Braham et François-Michel Saada, et le Tunisien Yoav Hattab, abattus eux aussi par Amedy Coulibaly, ont été portés en terre dans le cimetière du Har Hamenouhot, la plus grande nécropole de la ville. Seuls les plus proches, anéantis, ont déposé dans le sol pierreux à flanc de colline les corps de leurs défunts, enveloppés dans des châles de prière blancs et bleus. Des centaines de juifs, français ou israéliens, ou les deux, suivaient le funèbre cérémonial à distance depuis les hauteurs. IIs avaient été 2 500 peut-être à prendre part auparavant à une cérémonie rassemblant parents des victimes, officiels et anonymes. Elle a donné lieu à des déclarations officielles de détermination à lutter contre l'antisémitisme et le terrorisme, de la part des dirigeants israéliens et de la ministre française Ségolène Royal, représentant son pays.
Ils sont morts seulement parce qu'ils étaient juifs, « la plus révoltante des morts », a dit Mme Royal, ajoutant que « l'antisémitisme n'a pas sa place en France ». « Je veux vous assurer ici de la détermination sans faille du gouvernement français à lutter contre toutes les formes d'actes antisémites », s'est-elle engagée. Les dirigeants du monde entier « commencent à comprendre » la « menace claire et réelle pour la paix » représentée par « l'islam extrémiste », a, pour sa part, fait écho le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. « Nous ne pouvons pas permettre qu'en 2015, 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les juifs aient peur de marcher dans la rue en Europe en portant la kippa et les tzitzit (cordelettes du culte juif) », s'est quant à lui indigné le président israélien Reuven Rivlin.

« Soit on fait la guérilla, soit on fuit »
En fait, le drame a renforcé en Israël le sentiment de plus en plus répandu, après l'affaire Merah et la multiplication des actes antisémites, que la France est devenue une terre hostile. Sur la foule du cimetière planait cette certitude : d'autres drames menacent, malgré la mobilisation de dimanche à Paris. « Ce n'est pas trois millions de personnes (...) qui vont changer cette réalité : d'autres attaques vont arriver. On n'a que deux choix : soit on fait la guérilla, soit on fuit », a expliqué Gary Buchwald. Avec un demi-million de membres, la communauté juive de France est la troisième plus importante au monde, après Israël et les États-Unis. Mais en 2014 et pour la première fois, la France a été le premier pays d'émigration vers Israël avec le départ de plus de 6 600 juifs. « Vous êtes les bienvenus, a dit M. Rivlin aux juifs de France, mais vous ne pouvez pas revenir au foyer ancestral par détresse, par désespoir, à cause de la destruction ou des affres du terrorisme et de la peur. ».
Par ailleurs, un hommage au correcteur de Charlie Hebdo tué la semaine dernière dans l'attaque contre le journal va avoir lieu demain dans son village natal en Kabylie, à l'est d'Alger, annonçait hier un faire-part publié dans la presse algérienne. Enfin, une quinzaine de lycéens sont partis hier matin de Bordeaux avec l'intention de rallier à pied le siège parisien de Charlie Hebdo à Paris par une « marche de l'unité » en hommage aux victimes des attentats. « C'est une marche pour la liberté d'expression, valeur fondamentale de la République française, pour lutter contre les amalgames », résume Zelda, 17 ans, l'une des élèves du Lycée Montaigne de Bordeaux à l'origine de cette initiative qui vise à promouvoir le « vivre-ensemble » en marchant « à la rencontre des gens ».

« La France est en guerre contre le terrorisme, le jihadisme et l'islamisme radical », mais « pas contre une religion », a affirmé hier le gouvernement français.À l'Assemblée nationale, ovationné debout par l'ensemble de la classe politique, opposition de droite comprise, un fait très rare, le Premier ministre socialiste Manuel Valls a réitéré la fermeté française et lancé un...

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