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Moyen Orient et Monde - Analyse

Les musulmans de France entre le marteau et l’enclume

La communauté mahométane condamne fermement l'attentat contre « Charlie Hebdo » mais craint le développement de l'islamophobie.

Les musulmans condamnent l’attentat contre « Charlie Hebdo » à Châteauroux. Guillaume Souvant/AFP

Les représentants de la communauté musulmane, forte en France de quelque 3,5 à 5 millions de membres, ont appelé les imams des plus de 2 300 mosquées du pays à « condamner avec la plus grande fermeté la violence et le terrorisme », dans leurs prêches hier. À Montpellier, le texte du prêche devrait même être commun à tous les imams.
« La communauté musulmane est particulièrement choquée et ébranlée », a déclaré le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Dalil Boubakeur, après le massacre dont sont accusés deux frères d'origine algérienne, cernés par la police hier dans une petite localité au nord-est de Paris. De son côté, le CFCM, instance représentative de l'islam de France, et l'UOIF (organisme proche des Frères musulmans) ont également mis en sourdine leurs divergences pour appeler « les citoyens de confession musulmane à rejoindre massivement » la grande marche républicaine prévue demain. À l'émotion et la colère des responsables religieux s'ajoute la crainte que l'attaque de Charlie Hebdo ne provoque une résurgence d'agressions ou de violences visant les musulmans. Pour sa part, le Premier ministre Manuel Valls a tenu à souligner hier que la France était « dans une guerre contre le terrorisme », pas « contre une religion ». Parallèlement, le président François Hollande a appelé à « refuser les surenchères, les stigmatisations, les caricatures les plus désolantes ».
Sur le terrain, quatre coups de feu ont été tirés dans la nuit de jeudi à vendredi sur la façade d'une mosquée d'une petite ville d'Albi et des inscriptions racistes et haineuses faisant référence à l'attentat ont été découvertes sur la mosquée de Bayonne. Par ailleurs, à Poitiers, un suspect a été interpellé après avoir inscrit « Mort aux Arabes » sur le grand portail de la mosquée, mais a confessé avoir agi sous l'emprise de l'alcool, « bouleversé » par l'attentat contre Charlie Hebdo. Hier matin, une tête de porc et des viscères ont été découverts, accrochés à la porte d'une salle de prière musulmane, à Corte, en Corse.

« Pris dans un piège »
« J'ai peur que ces actes s'amplifient dans les jours à venir. On demande (au ministère de) l'Intérieur d'assurer la sécurité », a commenté le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie au CFCM, Abdallah Zekri. « Les musulmans sont pris dans un piège, entre ceux qui tuent au nom de l'islam et des extrémistes qui veulent se défouler sur les musulmans et déversent sur eux leurs discours stigmatisants », souligne-t-il. Faire l'amalgame entre musulmans et extrémistes serait entrer dans le jeu même des agresseurs, mettent en garde les responsables musulmans. Enfin, pour le chanteur du groupe français de musique Zebda, Mouss (alias Mustapha Amokrane), « être musulman, aujourd'hui dans ce pays, c'est être entre le marteau et l'enclume : entre ces gens-là qui massacrent au nom de leur religion et le racisme antimusulman grandissant qui fait vendre des livres par kilos », explique-t-il.
Acil TABBARA/AFP

Les représentants de la communauté musulmane, forte en France de quelque 3,5 à 5 millions de membres, ont appelé les imams des plus de 2 300 mosquées du pays à « condamner avec la plus grande fermeté la violence et le terrorisme », dans leurs prêches hier. À Montpellier, le texte du prêche devrait même être commun à tous les imams.« La communauté musulmane est...

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