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Sport - Football - Scandale

Le ballon rond français bute en plein polar

Gardes à vue à l'OM et soupçons de matches truqués en L2, la corruption tacle la planète foot...

Des soupçons de matches arrangés concernent plusieurs rencontres du Nîmes Olympique en L2 la saison passée. Les investigations portent notamment sur le match Caen-Nîmes du 13 mai dernier (1-1). Pascal Guyot/AFP

Transferts suspects, ombre du grand banditisme, gardes à vue, cercle de jeux clandestins, écoutes téléphoniques : ce n'est pas l'accroche d'un polar, mais les ingrédients de deux affaires distinctes qui secouent le foot français, dont l'un des plus grands clubs (l'Olympique de Marseille – OM) est dans la tourmente.
L'OM se trouve au cœur d'une affaire qui implique directement plusieurs de ses dirigeants passés et actuels. Les gardes à vue du président Vincent Labrune ainsi que de ses prédécesseurs, Jean-Claude Dassier et Pape Diouf, ont été prolongées hier de 24 heures, à Marseille et en région parisienne. Tout comme douze autres personnes, ils sont entendus depuis mardi matin pour des transferts de joueurs effectués « ces dernières années », sur lesquels pèsent des soupçons de fraude, selon des sources proches du dossier. Selon ces sources, des « liens avec le banditisme » ont été établis dans cette affaire.
Les policiers pensent qu'il y aurait eu, à l'occasion de transferts d'importance, des commissions et rétrocommissions « dans lesquelles des membres du milieu apparaissent », ont expliqué les sources proches de l'enquête. Le transfert de l'attaquant vedette André-Pierre Gignac entre Toulouse et Marseille en 2010 est, notamment, dans le collimateur des enquêteurs. José Anigo, ex-directeur sportif aujourd'hui recruteur pour l'OM en Afrique, devrait « aussi être entendu », selon une source proche du dossier. Son avocat affirme cependant que l'audition de son client n'est « pas envisagée (...) à ce stade ».
Cette affaire jette le trouble sur le club phocéen, actuellement premier du championnat français. Son actionnaire principale, Margarita Louis-Dreyfus, a exprimé mardi dans la nuit « sa pleine confiance dans l'actuelle équipe dirigeante ainsi que dans le système judiciaire français ». Les supporteurs, eux, oscillent entre fatalisme et théorie du complot. « C'est bizarre, c'est au moment où le club est premier », lâche Mahmoud, un des fans de l'OM. « Il n'y a pas de garde à vue pour rien, on sait qu'il y a de la mafia autour de tous les clubs », juge au contraire Rukan, un autre supporteur.

« Ben, si on n'est pas trop cons, hein ? »
Autre affaire : des soupçons de matches arrangés concernent plusieurs rencontres du Nîmes Olympique en L2 la saison passée. Au centre du dossier, Serge Kasparian, nouvel actionnaire principal de Nîmes. Les enquêteurs cherchent à savoir s'il a « exercé des pressions et proposé des arrangements » à d'autres clubs pour éviter la relégation de son équipe. Les investigations se portent sur plusieurs matches suspects dont le Caen-Nîmes du 13 mai dernier. Le résultat nul (1-1) avait profité aux deux clubs, Caen s'assurant la montée en Ligue 1 et Nîmes évitant la relégation.
Les présidents des deux clubs, Jean-François Fortin (Caen) et Jean-Marc Conrad (Nîmes), sont en garde à vue, comme six autres personnes. Les enquêteurs disposent d'écoutes téléphoniques révélant une conversation d'avant-match entre les deux hommes, dont la retranscription a été publiée hier par l'hebdomadaire Le Canard enchaîné. Fortin : « Toi, c'est un point aussi » (qu'il te faut ?). Réponse de Conrad : « Ouais, il nous faut un point, voilà. » Et Fortin de poursuivre : « Ben, si on n'est pas trop cons, hein ? »
C'est en enquêtant sur un autre dossier, concernant un cercle parisien de jeux clandestins, que les enquêteurs sont tombés sur l'affaire des matches présumés truqués. Kasparian est écroué à Paris dans l'affaire du cercle de jeux, d'où sont issues les fameuses écoutes téléphoniques. Le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Frédéric Thiriez, a qualifié de « poison mortel » la corruption et les soupçons de truquage. Il a fermement mis en garde : si les soupçons sont avérés, la Ligue prononcera des sanctions pouvant aller jusqu'à la radiation.
L'ampleur des deux affaires rappelle le séisme déclenché dans le foot français par le match truqué Valenciennes-Marseille de 1993, remporté 1-0 par des Marseillais soucieux de préserver leurs forces six jours avant la finale victorieuse de la C1 à Munich.

Philippe GRELARD et Martin de MONTVALON/AFP

Transferts suspects, ombre du grand banditisme, gardes à vue, cercle de jeux clandestins, écoutes téléphoniques : ce n'est pas l'accroche d'un polar, mais les ingrédients de deux affaires distinctes qui secouent le foot français, dont l'un des plus grands clubs (l'Olympique de Marseille – OM) est dans la tourmente.L'OM se trouve au cœur d'une affaire qui implique directement plusieurs...

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