Amiouni : « Pour l’instant, ce ne sont que des titres, rien de plus »

Qu'est-ce qui a changé depuis ton exploit au rallye du Liban ?
J'ai gagné le rallye du Liban et le championnat du Liban groupe N, ce qui représente une grande satisfaction. Mais pour l'instant, ce ne sont que des titres, rien de plus. J'attends pour voir si cela pourra se concrétiser en de nouvelles opportunités et si cela m'ouvrira de nouvelles portes en termes de sponsors.

Avec cette victoire, comment aborderas-tu le rallye d'Espagne ?
L'ambiance est complètement différente du championnat du Liban. Je conduis une R2 là-bas et le niveau est sûrement beaucoup plus élevé. Le championnat est déjà fini pour moi, donc je vais sans pression en espérant faire de bonnes reconnaissances, avoir de bonnes notes et essayer de faire un bon résultat.

Le rallye d'Espagne se déroule en majorité sur du tarmac, un avantage pour vous?
En Allemagne aussi, on a roulé sur du tarmac, mais c'était complètement différent de mon expérience locale. La qualité de l'asphalte est différente et les cordes sont boueuses et glissantes. En plus de cela, nous conduisons une voiture à traction alors qu'au Liban, je suis sur une intégrale. En Espagne, je crois que ça sera pareil, mis à part le fait que nous aurons un jour complet sur gravier car c'est un rallye mixte.

En quoi diffère la préparation pour le championnat du Liban de celle pour le Mondial ?
En WRC, nous ne faisons que 2 passages de reconnaissances comme l'indique le règlement, alors qu'au Liban, nous nous entraînons en permanence sur les routes puisque nous savons approximativement quelles seront les spéciales du championnat. La préparation est complètement différente. C'est comme comparer le championnat libanais de basket avec la NBA.

As-tu un mentor personnel qui vous conseille en Mondial ?
Je n'ai pas de mentor personnel contrairement aux autres pilotes du championnat comme l'Estonien Sander Parn qui est suivi par Markko Martin, Max Vatanen est conseillé par son père et ancien champion du monde Ari Vatanen, et les Espagnols sont coachés par un ancien champion d'Europe qui est placé par la fédération espagnole pour les aider. Nous, nous partons en rallye et nous assurons notre travail tout seuls.

Que t'a apporté cette première saison en mondial ?
Aucun pilote WRC n'a pu briller dès sa première année de participation et revenir chez lui pour célébrer. Prenez pour exemple Mikkelsen qui a grandi en conduisant des WRC et qui a gagné le championnat IRC. Il a ensuite signé pour VW et a recommencé de zéro. Et ça, c'est Mikkelsen, pas Amiouni. Donc, je savais à quoi m'attendre pour ma première saison.
C'était une année d'apprentissage et nous étions en moyenne à 1 seconde au kilomètre derrière les pilotes de top niveau du championnat et qui ont 3 à 4 ans d'expérience.

Quel est ton programme pour 2015 ?
Dans ce pays, des gens meurent à la porte des hôpitaux. Du coup, le sport est leur dernier souci.
Cela dit, mon rêve reste de décrocher un programme professionnel pour deux ans et essayer de voir de quoi je suis capable. Mais je n'ai pas de soutien pour l'instant et je ne compte pas voler une banque pour le faire. Pour 2015, je devrais refaire le même programme au Liban sur une voiture du groupe N, en remettant mon titre en jeu.