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Moyen Orient et Monde - Religion

Au Vatican, la Théologie de la libération n’est plus persona non grata

Tout en restant intraitable dans son refus d'une vision marxiste de l'Évangile, François continue d'appeler à surmonter les divisions du passé dans une Église proche des pauvres.

D’après les observateurs du Vatican, François entend surmonter une fracture qu’il juge dépassée en Amérique latine entre ses partisans et ses adversaires, en tendant la main vers les plus pauvres. Vincenzo Pinto/AFP

La Théologie de la libération a-t-elle les faveurs du pape argentin ? Plus qu'une pleine réhabilitation, François entend surmonter une fracture qu'il juge dépassée en Amérique latine entre ses partisans et adversaires, en tendant la main vers les plus pauvres, jugent les observateurs du Vatican.
Plusieurs gestes récents ont semblé accréditer l'idée d'un rapprochement de l'Église vers ce courant de pensée chrétienne, née en Amérique latine dans les années 70, qui plaidait la cause d'une Église plus proche des pauvres et des déshérités. Mi-août, le pape a réaffirmé son soutien à la cause de béatification de l'archevêque de San Salvador, Oscar Romero, « un homme de Dieu », défenseur des paysans sans terre, assassiné en 1980 par un commando d'extrême droite. En juillet, il a levé l'interdiction de célébrer la messe au père Miguel d'Escoto Brockmann, ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement marxisant (sandiniste) du Nicaragua.
Dans la presse vaticane, des experts ont rappelé que Jean-Paul II et Benoît XVI n'avaient jamais rejeté « l'option pour les pauvres » contenue dans cette théologie, mais ses dérives marxistes. Le Polonais Jean-Paul II, qui avait souffert du communisme, mettait durement au pas les « évêques rouges » et condamnait des théologiens coupables d'avoir choisi le marxisme et d'avoir parfois recommandé la lutte armée. Des évêques conservateurs remplaçaient certains progressistes. Les dictateurs militaires très catholiques n'étaient guère ou pas condamnés.

« Théologie du peuple »
Jorge Mario Bergoglio n'a, lui, jamais été d'un camp ou de l'autre : « Il n'était pas de ces évêques qui ont fait carrière dans la diabolisation de la Théologie de la libération. Les tiers-mondistes ont toujours trouvé un protecteur en Bergoglio. Mais il était tout aussi éloigné, imperméable, à tout intellectualisme, toute instrumentalisation idéologique des paroles évangéliques », explique Gianni Valente, vaticaniste du quotidien catholique Avvenire. Avant même l'avènement de la dictature en 1976, à Buenos Aires, le jeune provincial jésuite s'était montré critique envers les positions d'extrême gauche marxisantes de certains prêtres. Il mettait en même temps en pratique sa « théologie du peuple » dans les favelas, insistant sur la foi populaire. C'était une attitude, typiquement argentine, à « l'intérieur de la grande école de la Théologie de la libération », affirme Valente.
Depuis son élection, François a confirmé ses positions en flèche pour les droits économiques et sociaux, contre la corruption, « l'idolâtrie de l'argent », qu'il avait exprimées comme cardinal. Tout en restant intraitable dans son refus d'une vision marxiste de l'Évangile, il a appelé encore au Brésil en 2013 à surmonter les divisions du passé dans une Église proche des pauvres. « Ce que fait le pape n'est pas une réhabilitation de la Théologie de la libération. La réalité d'alors est dépassée. Il n'y a pas de nostalgie », estime Gianni Valente.
Dans ce contexte, le soutien du pape à la béatification de Mgr Romero n'est pas surprenant : comme lui, il était un évêque plutôt conservateur doctrinalement mais socialement courageux qui défendait les catégories défavorisées. « À travers les gestes et paroles de François, nous comprenons mieux que ce n'est pas la Théologie de la libération dans son ensemble qui a été condamnée, mais ses déviations », a estimé le vaticaniste du quotidien italien La Stampa, Andrea Tornielli. « Il faut être attentif cependant aux simplifications de ceux qui voudraient enrôler Bergoglio dans certaines batailles idéologiques », ajoute-t-il. Dans un éditorial récent, le quotidien The Guardian analysait : « François n'est pas un marxiste. S'il a des opinions politiques, elles sont tout au plus péronistes », inspirées du mouvement lancé par l'ancien président argentin Juan Domingo Peron, prônant davantage de justice sociale.
(Source : AFP)

La Théologie de la libération a-t-elle les faveurs du pape argentin ? Plus qu'une pleine réhabilitation, François entend surmonter une fracture qu'il juge dépassée en Amérique latine entre ses partisans et adversaires, en tendant la main vers les plus pauvres, jugent les observateurs du Vatican.Plusieurs gestes récents ont semblé accréditer l'idée d'un rapprochement de l'Église vers...

commentaires (2)

Les charitables sont-ils donc si rares ? Le dévot hypocrite sait que ces "âmes" passent indifférentes, à côté d’enfants qui vendent dans les rues des babioles, et dont le sort futur sera celui d’1 enfant perdu. Il a réussi à métamorphoser en admiration sectaire la joie naïve de l’individu devant la nature. La nature se trouve ainsi ravalée au rang d'une dévote créée. L'individu avait appris que toutes les manifestations de son être étaient "profanes". Il faut que le dévot le salisse afin qu'il devient accessible au surnaturel promis. Dans l'indulgence, l’individu ne doit pas voir la spontanéité qui pousse vers lui son semblable. Il faut qu'il y voie une condescendance "surnaturelle", et dans l'indulgence humaine, une miséricorde divine. Il faut qu'il transcende les rapports naturels en rapports avec le divin. La manière dont il se laisse prendre au radotage du dévot sur le divin, prouve à quel point le sectarisme l'a corrompu. Il se reproche d'avoir eu une attitude naturelle et non surnaturelle. Il s'accuse déjà d'avoir vu dans l'homme ce qu'il est réellement, son semblable et son sauveur, et de ne pas lui avoir substitué un sauveur imaginaire divin. Il est déjà la proie de cette hypocrisie sectaire qui ôte à l'homme, son semblable, tous les mérites qu'il s'est acquis envers lui pour les donner à une divinité quelconque qui regarde comme étranger tout ce qui, en lui, est humain et comme sa propriété proprement dite tout ce qui, en lui, est non-humain…. et donc divin !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 20, le 02 septembre 2014

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Commentaires (2)

  • Les charitables sont-ils donc si rares ? Le dévot hypocrite sait que ces "âmes" passent indifférentes, à côté d’enfants qui vendent dans les rues des babioles, et dont le sort futur sera celui d’1 enfant perdu. Il a réussi à métamorphoser en admiration sectaire la joie naïve de l’individu devant la nature. La nature se trouve ainsi ravalée au rang d'une dévote créée. L'individu avait appris que toutes les manifestations de son être étaient "profanes". Il faut que le dévot le salisse afin qu'il devient accessible au surnaturel promis. Dans l'indulgence, l’individu ne doit pas voir la spontanéité qui pousse vers lui son semblable. Il faut qu'il y voie une condescendance "surnaturelle", et dans l'indulgence humaine, une miséricorde divine. Il faut qu'il transcende les rapports naturels en rapports avec le divin. La manière dont il se laisse prendre au radotage du dévot sur le divin, prouve à quel point le sectarisme l'a corrompu. Il se reproche d'avoir eu une attitude naturelle et non surnaturelle. Il s'accuse déjà d'avoir vu dans l'homme ce qu'il est réellement, son semblable et son sauveur, et de ne pas lui avoir substitué un sauveur imaginaire divin. Il est déjà la proie de cette hypocrisie sectaire qui ôte à l'homme, son semblable, tous les mérites qu'il s'est acquis envers lui pour les donner à une divinité quelconque qui regarde comme étranger tout ce qui, en lui, est humain et comme sa propriété proprement dite tout ce qui, en lui, est non-humain…. et donc divin !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 20, le 02 septembre 2014

  • Le titre choc est très trompeur. L'option des pauvres a toujours été en honneur dans l'Eglise. En témoignent les congrégations comme les "Filles de la Charité" et l'ensemble des documents pontificaux qui constituent la "Doctrine Sociale de l'Eglise". Mais ceci n'a pas le moindre rapport avec une prétendue "théologie" de la Libération qui entendrait canoniser - un comble! - le marxiste athée et la lutte révolutionnaire à la Che Guevara (ce fou sanguinaire!)

    Yves Prevost

    07 h 01, le 02 septembre 2014

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