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Moyen Orient et Monde - Irak

Bagdad, prochaine cible de Daech ?

Les jihadistes prennent en otage le consul turc à Mossoul ; Washington, Téhéran et Damas assurent le gouvernement Maliki de leur soutien.

Photo AFP/HO/ISIL Rien ne semble arrêter l’avancée fulgurante de Daech. Après la prise de Mossoul, qui a largement déstabilisé le gouvernement irakien, les jihadistes ont conquis hier la ville de Tikrit, région natale du président sunnite Saddam Hussein. Ils se dirigeaient hier vers Bagdad...

Les rebelles jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL, Daech) ont pris hier une nouvelle ville en Irak et avançaient vers la capitale Bagdad dans une offensive fulgurante qui a poussé à la fuite environ un demi-million d'habitants.

Leur dernière conquête est Tikrit, à 160 km au nord de Bagdad, une prise très symbolique car elle est la région natale du président sunnite Saddam Hussein renversé et exécuté après l'invasion américaine de 2003.Les jihadistes sont en outre arrivés à Baïji, où se trouvent les plus grandes raffineries du pays. Ils ont en outre tenté de prendre Samarra, à une centaine de km de Bagdad.

Coup sur coup, les jihadistes ont pris depuis mardi, presque sans combats, la province de Ninive, dont Mossoul, deuxième ville d'Irak, est le chef-lieu, et des secteurs de deux provinces proches, Kirkouk et Salaheddine, majoritairement sunnites.

 

(Lire aussi: En Irak, les jihadistes se rapprochent de leur objectif : la création d'un État islamique)

 

De plus, ils ont exécuté par balles 15 membres des forces irakiennes dans la province de Kirkouk selon des responsables. Et dans une démonstration de force, Daech a pris en otages 49 Turcs au consulat de Turquie à Mossoul dont le consul, des diplomates de son équipe, des soldats des forces spéciales et trois enfants. Depuis le siège de l'ONU à New York, le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a menacé hier de « représailles les plus sévères » les combattants de Daech en cas de menaces sur les Turcs retenus en otages.

 

« État d'urgence » ?
Impuissant et miné par des clivages confessionnels, le gouvernement irakien dominé par les chiites a annoncé qu'il fournirait des armes aux citoyens qui se porteraient volontaires pour combattre les insurgés, et appelé le Parlement, qui se réunit aujourd'hui, à décréter « l'état d'urgence ». Mais face à l'avancée dans le Nord des combattants jihadistes aguerris, soldats et policiers ont montré peu de résistance et abandonné leurs postes, selon des responsables irakiens et des témoins. Le gouverneur de la province de Ninive, Athil al-Noujaïfi, a accusé les chefs militaires d'avoir abandonné le champ de bataille.

Certains ne sont cependant pas restés les bras croisés : le dirigeant chiite Moqtada Sadr, qui avait combattu l'armée américaine après son invasion du pays en 2003, a en effet appelé hier à la formation de « brigades de la paix » pour défendre les sites religieux en Irak.

 

(Lire aussi: Avancée de Daech en Irak : quelles répercussions au Liban ?)


Les civils aussi, craignant pour leur vie, ont abandonné leurs foyers. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) « plus de 500 000 personnes se sont déplacées à l'intérieur et autour de Mossoul », qui compte habituellement deux millions d'habitants.
À 50 km de Mossoul, des files interminables d'hommes, femmes et enfants fuyant les pénuries dans leur cité attendaient à un barrage kurde pour obtenir un permis de séjour pour passer au Kurdistan.
Parallèlement, les attentats antichiites n'ont pas connu de répit hier, faisant près de 40 morts.

 

« Pas question »
Dans ce contexte, les États-Unis ont promis d'apporter leur assistance aux habitants en fuite, et le nouvel ambassadeur en Irak, Stuart Jones, a estimé que la violence avait « atteint des niveaux qui n'avaient pas été constatés depuis 2007 » lors des affrontements confessionnels entre chiites et sunnites (dizaines de milliers de morts). Dans ce sens, Washington s'engage à « travailler avec le gouvernement irakien et les responsables à travers le pays pour apporter une réponse unie à l'agression de Daech », a indiqué hier la porte-parole du département d'État Jennifer Psaki.

 

(Lire aussi: Pendant que Zawahiri se cache, Baghdadi poursuit son ascension)

Face à cette avancée fulgurante des jihadistes, Damas et Téhéran ont également assuré Bagdad de leur soutien. Dans un communiqué du ministère syrien des Affaires étrangères, Damas s'engage à « coopérer avec l'Irak pour faire face au terrorisme, cet ennemi commun ».
La Ligue arabe et l'Union européenne, inquiets, ont appelé pour leur part « toutes les forces démocratiques irakiennes » à « coopérer sur la base de la Constitution irakienne pour remporter ce défi à la sécurité de l'Irak et pour honorer la volonté des Irakiens d'être gouvernés dans le cadre d'un processus démocratique ».

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a indiqué de son côté qu'il n'était « pas question » que Londres renvoie des troupes en Irak. « Nous avons laissé l'Irak entre les mains de dirigeants irakiens élus, avec des forces armées, avec leurs propres forces de sécurité, donc c'est avant tout à eux de gérer cela », a-t-il poursuivi. Le ministre a cependant indiqué que Londres ferait « tout ce qui est possible pour soulager la souffrance humanitaire et bien sûr pour résoudre la longue crise en Syrie », qui « déstabilise l'Irak ».

Cette avancée des jihadistes risque de plonger le pays riche en pétrole dans le chaos. Mais, dans l'immédiat, la prise de Mossoul aura un effet limité sur les exportations pétrolières, selon Eurasia Group Consultancy basé à New York.

 

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