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Moyen Orient et Monde - Pèlerinage

Juifs et musulmans attendent François avec des préjugés très favorables

À quelques jours de la venue du pape en Terre sainte, les chrétiens de Galilée lui lancent un appel à l'aide.

Le pape François, bientôt en pèlerinage en Terre sainte, est impatiemment attendu par les chrétiens, les juifs et les musulmans.Thomas Coex/AFP

Proche des juifs en Argentine, le pape François a réussi aussi à réchauffer les relations avec les musulmans, qui ont bien accueilli son élection, après des relations plus tendues avec Benoît XVI.
À l'exception des ultraorthodoxes juifs et des islamistes radicaux, juifs et musulmans attendent à Amman, Bethléem et Jérusalem le pape argentin avec un préjugé très favorable. Dans un symbole fort, il se fait accompagner d'un rabbin, Abraham Skorka, et d'un professeur musulman, Omar Abboud, vieux amis de Buenos Aires.
Son amitié pour le peuple juif n'est plus à démontrer. Même si Jean-Paul II et Benoît XVI se sont montrés profondément attachés à la réconciliation avec les juifs, Jorge Bergoglio a sur eux l'avantage de n'être ni polonais ni allemand, donc aucunement lié à la mémoire douloureuse de la Shoah. Le pape a notamment évité d'évoquer, comme l'avait fait Benoît XVI, des sujets aussi délicats que la cause d'une éventuelle béatification du pape Pie XII, accusé de ne pas avoir élevé la voix pour défendre les juifs d'Europe. François aura néanmoins à évoquer à Bethléem des sujets qui fâchent. Les dirigeants israéliens se demandent s'il utilisera l'expression « État de Palestine » (que le Saint-Siège a reconnu en 2012) et en quels termes il parlera de la barrière de séparation, des colonies ou des réfugiés palestiniens.
Sa venue directement en hélicoptère d'Amman dans la ville de naissance de Jésus, sans passer par Israël, est revendiquée par les Palestiniens comme un succès. Mais, pour Israël, un geste positif de François sera, en plus des étapes au Mur des lamentations et au Mémorial de Yad Vashem que Jean-Paul II et Benoît XVI avaient honorés, un arrêt inédit sur la tombe de Theodor Herzl, fondateur du sionisme.
Les musulmans ont envoyé pour leur part des signes clairs qu'avec François, la période de froid du pontificat de Benoît XVI était passée. Après la polémique de Ratisbonne, quand en 2006, le pape allemand avait semblé assimiler islam et violence dans une conférence, les musulmans s'étaient insurgés. Le dialogue avait été ensuite péniblement rétabli jusqu'en 2013 où l'Université al-Azhar du Caire avait donné le signal du dégel. François n'a cependant pas hésité à « implorer humblement » les pays musulmans d'assurer la liberté religieuse aux chrétiens, « prenant en compte la liberté dont les croyants de l'islam jouissent dans les pays occidentaux ». Comme en réponse, le roi de Bahreïn, Hamed ben Issa al-Khalifa, a offert lundi au pape la maquette d'une future immense église pour les catholiques d'Arabie septentrionale...

Les « gardiens »
Les chrétiens aussi attendent leur pape impatiemment. L'église d'Iqrit se dresse, solitaire, sur une colline de Haute Galilée, dans le nord d'Israël, à un jet de pierre du Liban. C'est le seul vestige, avec le vieux cimetière, de ce village vidé de ses 450 habitants puis détruit à la dynamite par l'armée israélienne la veille de Noël 1951.
En août 2012, des dizaines de jeunes originaires d'Iqrit ont décidé de revenir s'installer, faisant revivre le village. Étudiants, profs, artistes, ils y vivent à la dure, en communauté, dans des préfabriqués attenants à l'église. Le petit clocher blanc incarne la mémoire et la résistance des chrétiens de la Palestine historique qui en appellent à l'aide du pape François, bientôt en pèlerinage en Terre sainte. Dans une lettre envoyée au Saint-Père, les habitants d'Iqrit et ceux du village catholique voisin de Kafr Biram l'implorent « d'intensifier (ses) efforts sacrés pour faire pression sur le gouvernement d'Israël afin de mettre fin aux injustices qu'il a infligées à notre communauté ».
Ces Arabes chrétiens de Galilée, détenteurs de la nationalité israélienne, confessent une certaine déconvenue car, contrairement à ses prédécesseurs, le pape François ne viendra pas à leur rencontre pendant son pèlerinage éclair. Les villageois d'Iqrit veulent néanmoins remettre leur lettre en main propre au « pape du peuple » lors de son étape dimanche à Bethléem, en Cisjordanie occupée.
Empêchés depuis plus de 60 ans par les autorités israéliennes de revenir chez eux, malgré une décision de la Cour suprême en leur faveur, ils avaient déjà interpellé les papes Jean-Paul II et Benoît XVI lors de leurs voyages en Israël, respectivement en 2000 et 2009. En vain. « Il nous est interdit de reconstruire et de planter des arbres. Mais on va rester ici. On n'a pas oublié depuis 1948 ni notre terre, ni notre maison, ni notre église », assure Georges Sbeit, 54 ans, dont les parents furent expulsés d'Iqrit.
De l'autre côté de la barrière de séparation israélienne, en Cisjordanie aussi, « les chrétiens attendent du pape un message d'espoir », témoigne le père Jamal Khader, directeur du séminaire de Beit Jala, un bastion du christianisme palestinien, près de Bethléem. « Il faut que le monde chrétien nous aide. Nous sommes les gardiens de la Terre sainte », renchérit son coreligionnaire de Galilée, Georges Sbeit, le karatéka d'Iqrit.

(Source : AFP)

Proche des juifs en Argentine, le pape François a réussi aussi à réchauffer les relations avec les musulmans, qui ont bien accueilli son élection, après des relations plus tendues avec Benoît XVI.À l'exception des ultraorthodoxes juifs et des islamistes radicaux, juifs et musulmans attendent à Amman, Bethléem et Jérusalem le pape argentin avec un préjugé très favorable. Dans un...

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