Investir sur un marché où personne n'ose aller, telle est une des clés du succès des Libanais en Irak.
Le pays, à l'image amputée par sa situation sécuritaire, a pendant longtemps fait peur aux investisseurs. Pourtant, l'Irak compte 18 provinces, parmi elles quatre sont le théâtre d'instabilités. Mais dans le reste du territoire, tout reste à faire. Hôpitaux, services, hôtels, éducation... le pays manque de tout et le potentiel économique y est énorme, comme le montre l'intérêt grandissant des entrepreneurs libanais pour le pays.
Avec une croissance moyenne estimée à environ 9 % entre 2012 et 2017 (Economic Intelligence Unit), une production pétrolière qui devrait doubler entre 2010 et 2017 et une position géographique stratégiquement avantageuse, les Libanais avaient déjà flairé le bon filon au Kurdistan. Aujourd'hui, ils se tournent vers l'ensemble du territoire irakien pour leurs investissements.
Parmi eux, L'Orient-Le Jour a rencontré Chakib Chehab, vice-président des opérations internationales pour le groupe Malia, en marge d'une conférence organisée par l'École supérieure des affaires (ESA) sur le thème de l'investissement en Irak.
« L'Irak est un marché évident, explique-t-il. Pendant longtemps, le pays a été le premier importateur de produits libanais. De nombreux hommes d'affaires libanais ont fait fortune grâce à l'Irak. Aujourd'hui, on parle beaucoup des pays du Golfe, mais on a tendance à oublier l'Irak où les Libanais sont très appréciés. »
Ainsi, en matière d'investissement étrangers (IDE) en Irak, le groupe Malia a déjà plus de dix ans d'expérience à son actif. En 2003, il a investi dans le pétrole ; en 2009, le groupe poursuit ses activités en se lançant dans le secteur de l'hôtellerie par l'inauguration du premier établissement de luxe d'Erbil, Rotana. En 2012, Malia se tourne vers les services techniques puis poursuit en 2013 ses investissements en Irak dans le domaine du tourisme et de l'énergie.
L'Irak, nouvel « eldorado » ?
« Aujourd'hui, nous sommes présents partout en Irak, ajoute M. Chehab. Je ne parlerai pas "d'eldorado", car il n'est pas facile de faire des affaires là-bas. Cela demande beaucoup de travail, d'investissement et surtout une présence sur place, ce que rechignent à vouloir entreprendre beaucoup d'autres investisseurs étrangers. »
Que ce soit dans le secteur bancaire, dans celui des assurances ou encore de l'éducation, les Libanais ont ainsi réussi à se hisser leaders en Irak, grâce à l'ouverture de branches sur place et une réelle présence physique. « Il ne suffit pas d'aller quelques jours prospecter, il faut véritablement s'y installer, insiste le vice-président des opérations du groupe. Pour cela, il n'y a que les Libanais qui osent. »
Une fois sur place, tout n'est pas rose. Certains défis restent à relever, comme notamment le recrutement et la formation du capital humain, la lutte contre la corruption et le manque de transparence. Mais en matière d'investissement, ceux qui prennent le plus de risques attendent un maximum de bénéfices.
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commentaires (4)
Si seulement les libanais pouvaient être aussi ambitieux un jour pour sauver le pays et finir de notre actuelle caste politique pourrie qui nuit à toute clé de succès .
Sabbagha Antoine
16 h 20, le 28 novembre 2013