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Lifestyle - Disparition

« Tout ce que je fais, c’est donner des interviews et me faire prendre en photo... »

Doris Lessing, Prix Nobel de littérature en 2007, s’est éteinte hier à 94 ans ; elle était « la conteuse épique de la condition féminine ».

Dans cette photo d’archives prise le 30 janvier 2008, la romancière britannique Doris Lessing, prix Nobel de littérature à la main, commence son marathon d’interviews. Shaun Curry/AFP

La romancière britannique Doris Lessing, prix Nobel de littérature en 2007, est décédée à l’âge de 94 ans hier à Londres, a annoncé son agent et ami, Jonathan Clowes.


Née le 22 octobre 1919 à Kermanshah en Perse, l’actuel Iran, Doris Lessing est élevée en Rhodésie, l’actuel Zimbabwe, où son père s’installe dans une grande ferme isolée quand elle a cinq ans. Pensionnaire d’une institution religieuse qu’elle supporte mal, elle quitte définitivement l’école à 14 ans, pour travailler comme jeune fille au pair puis standardiste. Deux fois mariée et deux fois divorcée, elle estimait que « le mariage était un état qui ne lui convenait pas ». Elle quitte alors l’Afrique et s’installe seule à Londres en 1949 avec son jeune fils, laissant derrière elle en Afrique sa fille et son fils aîné, nés de son premier mariage. « Il n’y a rien de plus ennuyeux pour une femme intelligente que de perdre un temps infini avec des enfants en bas âge. J’aurais fini en alcoolique ou en intellectuelle frustrée comme ma mère », dira-t-elle.
Elle trouve un emploi de secrétaire qu’elle abandonne après le succès de ses deux premiers livres Vaincue par la brousse (1950) et Martha ouest (1952). Ce livre est le premier des cinq volumes de sa fresque Les Enfants de la violence, roman largement autobiographique.


Le Carnet d’or (The Golden Notebook), son livre le plus connu publié en 1962, raconte l’histoire d’une femme écrivaine à succès qui tient son journal sur quatre carnets différents : un noir pour son œuvre littéraire, un rouge pour ses activités politiques, un bleu dans lequel elle tente de trouver la vérité à travers la psychanalyse et un jaune pour sa vie privée. Un cinquième, Le carnet d’or, doit faire l’impossible synthèse de sa vie.
Parmi ses autres ouvrages figurent notamment Going Home (1957) où elle dénonce l’apartheid en Afrique du Sud et La terroriste (1986), sur un groupe de jeunes révolutionnaires d’extrême gauche.

 


L’icône
Icône des marxistes, anticolonialistes, antiapartheid et féministes, Mme Lessing a dressé un portrait saisissant de l’Afrique australe dans son recueil de Nouvelles africaines (1964) en trois volumes.
En lui décernant le prix Nobel, l’Académie suédoise avait qualifiée Doris Lessing de « conteuse épique de l’expérience féminine qui, avec scepticisme, ardeur et une force visionnaire, scrute une civilisation divisée ». La réaction de l’écrivaine à cette annonce est restée dans les annales. « Oh Jésus », a-t-elle marmonné, après s’être péniblement extirpée d’un taxi avec ses courses, en apprenant la nouvelle de la bouche des nombreux journalistes qui l’attendaient devant sa maison à West Hampstead, dans le nord de Londres. Elle présentera, quelques mois plus tard, son Nobel comme une « catastrophe : tout ce que je fais, c’est donner des interviews et me faire prendre en photo », se lamente-t-elle alors.
« Elle était une romancière magnifique avec un esprit fascinant et original. C’était un privilège de travailler avec elle et elle va nous manquer énormément », conclut M. Clowes, plein d’émotions.

 

 

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Née le 22 octobre 1919 à Kermanshah en Perse, l’actuel Iran, Doris Lessing est élevée en Rhodésie, l’actuel...
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