La phase terminale semble avoir été atteinte aujourd’hui et elle se traduit par une paralysie et une destruction de tous les systèmes immunitaires et, par conséquent, des plus infimes espoirs de guérison. Le tour d’horizon est édifiant.
En Syrie, le roi Bachar, non content de céder son trône, est résolument décidé à combattre jusqu’à l’entier anéantissement du pays et de sa population. L’extrémisme enfantant d’autres extrémismes, les rebelles, dépossédés de leur juste cause par des salafo-jihado-takfiristes, ont juré au ciel la mort du régime. Partie de quitte ou double entamée par les protagonistes sous les regards bienveillants des grandes puissances qui recherchent plus ou moins désespérément un minimum de gains – ce qui accouchera inévitablement d’une zone fantoche, clone presque parfait du modèle du frère ennemi irakien. Après Bagdad, Damas : les capitales historiques des empires arabes brûlent comme un symbole annonciateur de la mort des États.
En Égypte, le raïs Morsi, après un an au pouvoir et 85 années d’attente, est contraint par la bienveillante armée d’abandonner le pouvoir. Si ce spectacle de manifestations spontanées et populaires apparaît réjouissant aux yeux des experts de la démocratie, il pourrait devenir nettement plus tragique s’il se reproduisait à l’avenir. Dans un pays aussi fragile sur le plan démo-économique, une aussi profonde fracture de la société pourrait signifier la désagrégation progressive de l’État.
Du côté des pays du Golfe, le modèle de l’État tribal dopé aux pétrodollars commence à sérieusement s’effriter et aurait pu être beaucoup plus mal en point sans le secours de l’Oncle Sam. Oubliés médiatiques de l’effervescence autour des révoltes populaires, le Yémen, Bahreïn et même l’Arabie saoudite n’ont fait que retarder l’officialisation de leur entrée à l’hôpital des sans-État.
En Afrique subsaharienne, c’est encore une fois l’absence d’une structure étatique qui a permis aux pirates islamisés du désert, AQMI en tête, d’occuper un territoire aussi vaste que le Sahel. Le Mali et, dans une certaine mesure, l’Algérie, confrontés à la double menace Touareg et islamistes, ont eu recours à un traitement de choc avec l’intervention des troupes françaises. Mais une maladie aussi profonde et vicieuse que celle qui agresse le monde arabe ne peut être soignée à coups de rayons X ou à tirs de mitraillette. Pour que le ma fi dawlé disparaisse, il faudra que les nations populaires construisent des États nationaux.
Au Liban, cet ex-premier de la classe qui s’est longuement enorgueilli de son avance sur les autres malades, l’État est aux soins intensifs puisque les Seigneurs ne s’entendent pas sur la formation d’un nouveau gouvernement. La capacité du Liban à continuer de vivre alors que l’un des organes les plus essentiels de l’État est amputé démontre à quel point la maladie est devenue un gène qui s’aggrave à chaque génération, au risque de devenir un jour une caractéristique dont l’on se vante.
Enfin, comment traiter du mal de l’État dans le monde arabe sans évoquer le patient zéro qui présente les symptômes les plus poussés au point que sa maladie, incurable aux yeux des autres malades, n’intéressent plus aucun médecin. Une maladie née depuis plus d’un demi-siècle, lorsque la création d’un État signifiait automatiquement la disparition d’un autre. Tant que l’État palestinien n’existera pas, le mal du monde arabe ne guérira pas. Quelles que soient les morphines printanières.
commentaires (6)
UNE FAUTE DE FRAPPE BIEN VICIEUSE S'EST GLISSÉE DANS MA RÉACTION. PRIÈRE LIRE : L'INHUMATION ETC... MERCI.
SAKR LOUBNAN
20 h 35, le 31 juillet 2013