Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Commentaire

L’agonie des États

Face à la maladie, on répond par la détermination ou la résignation. On décide de se soigner ou bien on laisse le mal s’installer et la situation se détériorer. Malade depuis presque un siècle, le monde arabe, à l’unanimité, a fait le second choix. Et, en toute logique, la situation s’aggrave de mal en pis !
La phase terminale semble avoir été atteinte aujourd’hui et elle se traduit par une paralysie et une destruction de tous les systèmes immunitaires et, par conséquent, des plus infimes espoirs de guérison. Le tour d’horizon est édifiant.
En Syrie, le  roi Bachar, non content de céder son trône, est résolument décidé à combattre jusqu’à l’entier anéantissement du pays et de sa population. L’extrémisme enfantant d’autres extrémismes, les rebelles, dépossédés de leur juste cause par des salafo-jihado-takfiristes, ont juré au ciel la mort du régime. Partie de quitte ou double entamée par les protagonistes sous les regards bienveillants des grandes puissances qui recherchent plus ou moins désespérément un minimum de gains – ce qui accouchera inévitablement d’une zone fantoche, clone presque parfait du modèle du frère ennemi irakien. Après Bagdad, Damas : les capitales historiques des empires arabes brûlent comme un symbole annonciateur de la mort des États.
En Égypte, le raïs Morsi, après un an au pouvoir et 85 années d’attente, est contraint par la  bienveillante armée d’abandonner le pouvoir. Si ce spectacle de manifestations spontanées et populaires apparaît réjouissant aux yeux des experts de la démocratie, il pourrait devenir nettement plus tragique s’il se reproduisait à l’avenir. Dans un pays aussi fragile sur le plan démo-économique, une aussi profonde fracture de la société pourrait signifier la désagrégation progressive de l’État.
Du côté des pays du Golfe, le modèle de l’État tribal dopé aux pétrodollars commence à sérieusement s’effriter et aurait pu être beaucoup plus mal en point sans le secours de l’Oncle Sam. Oubliés médiatiques de l’effervescence autour des révoltes populaires, le Yémen, Bahreïn et même l’Arabie saoudite n’ont fait que retarder l’officialisation de leur entrée à l’hôpital des sans-État.
En Afrique subsaharienne, c’est encore une fois l’absence d’une structure étatique qui a permis aux pirates islamisés du désert, AQMI en tête, d’occuper un territoire aussi vaste que le Sahel. Le Mali et, dans une certaine mesure, l’Algérie, confrontés à la double menace Touareg et islamistes, ont eu recours à un traitement de choc avec l’intervention des troupes françaises. Mais une maladie aussi profonde et vicieuse que celle qui agresse le monde arabe ne peut être soignée à coups de rayons X ou à tirs de mitraillette. Pour que le ma fi dawlé disparaisse, il faudra que les nations populaires construisent des États nationaux.
Au Liban, cet ex-premier de la classe qui s’est longuement enorgueilli de son avance sur les autres malades, l’État est aux soins intensifs puisque les Seigneurs ne s’entendent pas sur la formation d’un nouveau gouvernement. La capacité du Liban à continuer de vivre alors que l’un des organes les plus essentiels de l’État est amputé démontre à quel point la maladie est devenue un gène qui s’aggrave à chaque génération, au risque de devenir un jour une caractéristique dont l’on se vante.
Enfin, comment traiter du mal de l’État dans le monde arabe sans évoquer le patient zéro qui présente les symptômes les plus poussés au point que sa maladie, incurable aux yeux des autres malades, n’intéressent plus aucun médecin. Une maladie née depuis plus d’un demi-siècle, lorsque la création d’un État signifiait automatiquement la disparition d’un autre. Tant que l’État palestinien n’existera pas, le mal du monde arabe ne guérira pas. Quelles que soient les morphines printanières.
Face à la maladie, on répond par la détermination ou la résignation. On décide de se soigner ou bien on laisse le mal s’installer et la situation se détériorer. Malade depuis presque un siècle, le monde arabe, à l’unanimité, a fait le second choix. Et, en toute logique, la situation s’aggrave de mal en pis ! La phase terminale semble avoir été atteinte aujourd’hui et elle se...

commentaires (6)

UNE FAUTE DE FRAPPE BIEN VICIEUSE S'EST GLISSÉE DANS MA RÉACTION. PRIÈRE LIRE : L'INHUMATION ETC... MERCI.

SAKR LOUBNAN

20 h 35, le 31 juillet 2013

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • UNE FAUTE DE FRAPPE BIEN VICIEUSE S'EST GLISSÉE DANS MA RÉACTION. PRIÈRE LIRE : L'INHUMATION ETC... MERCI.

    SAKR LOUBNAN

    20 h 35, le 31 juillet 2013

  • PLUTÔT : L'HINUMATION À LA MODE !

    SAKR LOUBNAN

    17 h 10, le 31 juillet 2013

  • Typique de l'histoire Chaotique de l’État polonais tout au long de son Histoire....

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    14 h 11, le 31 juillet 2013

  • Mélange des genres...et recherche désespérée d'un passé magnifié qui n' a jamais existé, sauf dans l'imagination des thuriféraires pseudo-historiens occidentaux du XIX ème siècle, qui ont lu l'histoire à travers un prisme qui faisait de l'Islam l'allié de la laïcité, tout occupés qu'ils étaient à dénigrer l'histoire de l'occident qu'ils assimilaient (et à tort) au catholicisme, leur principal ennemi...sacré contresens...on pourrait en parler pendant des jours.Les arabes regardent en arrière au lieu de regarder en avant. Leur héros reste Saladin(qui au passage était kurde et détestait le chiisme encore plus que les croisés).Et leur référence de civilisation le Bagdad de Haroun et l'Andalousie fantasmée des Aghlabides. Tant qu'ils ne seront pas débarrassés de cette oumma idéalisée, ils n'avanceront pas...et qui n'avance pas...etc...

    GEDEON Christian

    14 h 03, le 31 juillet 2013

  • La notion d'état est extrêmement relative ...parce que trop moderne pour le monde arabe (ce n'est pas péjoratif ) ...,c'est surtout la terre conquise durant l'islamisation qui fait référence à l'état dans le monde islamique ... donc le calendrier de chacune des principales religions ...ne permet pas de relativiser et de coordonner la notion d'état et de temps ...des uns et des autres ....d'où la rémanence cyclique des conflits dans cette région du monde ...

    M.V.

    11 h 44, le 31 juillet 2013

  • Le grand problème dans le monde arabo-musulman c'est l'impossibilité de conciliation entre Islam et démocratie. Peut-être faudra-t-il attendre encore un siècle d'évolution et de réformes religieuses et politiques, pour voir si une telle conciliation est possible.

    Halim Abou Chacra

    03 h 59, le 31 juillet 2013

Retour en haut