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Moyen Orient et Monde - Reportage

Faire oublier l'enfer aux écoliers syriens

À Deir ez-Zor, des bénévoles ont réussi à créer une salle de classe... dans le sous-sol d’un immeuble. Zac Baillie/AFP

Une douzaine de marches séparent l’enfer des bombardements quotidiens d’un « havre de paix », un abri en sous-sol où des bénévoles ont créé une école, la seule en activité selon eux dans la ville syrienne de Deir ez-Zor.
Située sur les rives de l’Euphrate, cette ville pétrolière de l’est de la Syrie est en ruines, les maisons sont bombardées et les rues jonchées de décombres et d’éclats de verre. « La plupart des enseignants ont fui et très peu de gens se sont portés volontaires pour nous aider car ils ont peur », explique Yasser Tareq, un des fondateurs de cette école établie dans le quartier el-Omal et qui dispense des cours six jours par semaine à 50 enfants venant des quatre coins de la ville. M. Tareq, qui avant le conflit travaillait comme chef de sécurité pour les installations pétrolières de la région, explique que « les cours se tiennent le soir, car la situation est beaucoup trop dangereuse pendant la journée ». En fin de soirée, après le dîner des enfants, « on les fait partir un par un pour éviter qu’une bombe ou un sniper du régime n’en touche tout un groupe », explique-t-il.


Selon un militant, Haykal, la plus grande partie de la province a été libérée, mais les forces du régime contrôlent toujours plusieurs quartiers de la ville. « Quand les bombardements commencent, les enfants sont terrifiés, affirme la directrice de l’école, Beda al-Hassan. Nous commençons alors à chanter avec eux et à les faire taper dans leurs mains en rythme. On fait ainsi en sorte qu’ils se concentrent sur la musique, et ils oublient le bombes, ajoutant tristement que ce n’est pas une vie pour les enfants. Rien de cela n’est de leur faute, mais ce sont eux qui souffrent le plus. »


L’objectif de cette école, explique M. Tareq, est d’« aider les enfants à oublier un moment ce qu’il se passe, à voir qu’il y a autre chose que les bombardements et la guerre ». Cela semble marcher pour Sultan Moussa. « Je viens à l’école tous les jours car j’aime étudier. Je peux faire quelque chose de différent ici », raconte ce garçon de 12 ans. Avant l’ouverture de l’école en septembre, « je passais la journée enfermé à la maison parce que mes parents, qui avaient peur des bombardements, ne me laissaient pas sortir », ajoute-t-il. Sidra, 10 ans, dit aimer venir à l’école « car je peux jouer ici. Ma maison a été bombardée et j’ai perdu tous mes jouets ». Elle dit avoir perdu cinq cousins quand leur maison a été touchée par un obus de mortier. « Après ça, mes parents ne me laissaient plus sortir, jusqu’au moment où ils ont découvert que d’autres enfants du quartier venaient à l’école. Depuis, je viens tous les jours avec mes deux sœurs. »


Les cours, maths, anglais, arabe, religion, etc., sont importants, mais la récréation l’est aussi. M. Tareq dit même, sur le ton de la plaisanterie, « ce n’est pas vraiment une école, c’est une cour de récréation ». Pour des raisons de sécurité, la « cour » est située au sous-sol d’un autre immeuble du quartier. Elle est équipée d’une table de ping-pong, de jeux d’échecs et d’un lecteur vidéo montrant des dessins animés de Tom et Jerry.
Yasser Tareq est fier de cette oasis de paix qu’il a réussi avec d’autres bénévoles à mettre en place : « Cet endroit était inimaginable il y a encore quelques mois en raison de l’intensité des bombardements. » À présent, « nous avons réussi à leur faire oublier, au moins pour un moment », l’enfer de l’extérieur.
(Source : AFP)

Une douzaine de marches séparent l’enfer des bombardements quotidiens d’un « havre de paix », un abri en sous-sol où des bénévoles ont créé une école, la seule en activité selon eux dans la ville syrienne de Deir ez-Zor.Située sur les rives de l’Euphrate, cette ville pétrolière de l’est de la Syrie est en ruines, les maisons sont bombardées et les rues jonchées de...

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