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Dernières Infos - Contestation

Les trois principaux syndicats agricoles en France

Les trois principaux syndicats agricoles en France

Des agriculteurs participent à une manifestation organisée par les sections locales des principaux syndicats agricoles FNSEA et Jeunes Agriculteurs, bloquant l'autoroute A35 avec des tracteurs près de Strasbourg, dans l'est de la France, le 30 janvier 2024, dans le cadre de manifestations nationales organisées par plusieurs syndicats d'agriculteurs sur les salaires, les taxes et les réglementations. Photo AFP/FREDERICK FLORIN

Trois grands syndicats, qui jouent des rôles distincts dans la contestation agricole en cours, se partagent la représentation des agriculteurs en France: l'historique FNSEA, la radicale Coordination rurale et les agroécologistes de la Confédération paysanne. 

La FNSEA, largement majoritaire

Son nombre d'adhérents, son hégémonie au sein des chambres d'agriculture et une forme de "cogestion" avec l'exécutif en font le syndicat le plus influent et l'interlocuteur privilégié du gouvernement depuis des décennies.

Le mouvement, fondé en 1946, est alors la seule organisation syndicale et regroupe la quasi-totalité des paysans. L'objectif est de relancer la production dans la France affamée d'après-guerre, à l'aide des premiers tracteurs américains et de la révolution chimique (engrais, pesticides).

Cette année-là, "réunis en congrès, ils prêtent tous le +Serment de l'unité paysanne+, dans une forme de corporatisme mâtiné de christianisme social. Ce serment continue de structurer fortement la FNSEA - ce qui nous unit est plus que ce qui nous divise - qui s'est vu conforté par la politique de cogestion de la modernisation du secteur sous la Ve République", souligne Bertrand Hervieu, sociologue des questions rurales et agricoles.

La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) revendique aujourd'hui plus de 200.000 adhérents et le soutien de 31 associations spécialisées dans chaque filière.

Alliée aux Jeunes Agriculteurs (JA), qui regroupent depuis 1957 les exploitants de moins de 38 ans et militent pour favoriser l'installation de nouveaux agriculteurs, la FNSEA a remporté plus de 55% des voix aux élections professionnelles de 2019.

Elle est dirigée par le gros céréalier et président du géant des huiles Avril, Arnaud Rousseau, qui affiche comme priorité, dès son élection en avril dernier, "la souveraineté et la compétitivité", qui vont de pair avec "le revenu des agriculteurs, encore loin d'être au niveau". 

Le syndicat porte une centaine de revendications, allant de la défense des moyens de production (carburant, charges, moratoire sur les pesticides) à la demande d'une simplification administrative et à une concurrence plus loyale.

La Coordination rurale, le coup de poing permanent 

Deuxième syndicat agricole avec 21,5% des voix, la Coordination rurale (CR) est née fin 1991 d'une scission de la FNSEA, qu'elle accuse de "double jeu" sur la Politique agricole commune. Une PAC vue comme le bras armé d'une mondialisation malheureuse ne faisant que le jeu des gros céréaliers de la Beauce.

A la fois libérale et conservatrice, dirigée par l'éleveuse laitière bio Véronique Le Floc'h, la CR défend une "exception agriculturelle" française dans un pays de traditions, avec une majorité de petits exploitants qu'elle estime broyés par le libre-échange.

Elle est majoritaire dans la Vienne, la Haute-Vienne (centre-ouest) et, surtout, dans son fief du Lot-et-Garonne (sud-ouest), où l'emblématique président de la chambre d'agriculture Serge Bousquet-Cassagne revendique "18 procès en 30 ans" et la décision de monter à Rungis pour y faire entendre la voix de la "France profonde".

Coutumière des coups d'éclats, la CR s'est illustrée ces dernières années par des saccages de supermarchés, des occupations de locaux et récemment, le déversement de lisier sur les grilles de la préfecture du Lot-et-Garonne.

Au sein de ce syndicat qui se veut apolitique mais qui est très courtisé par l'extrême droite, M. Bousquet-Cassagne assume sa proximité "avec toutes les droites". "C'est un syndicat qui défend une approche libérale mais qui en même temps réclame des pouvoirs publics une protection sur les revenus et face à l'importation", relève le sociologue Bertrand Hervieu.

La Confédération paysanne, une autre agriculture

Troisième syndicat agricole avec 20% des voix, la Confédération paysanne (CP) est chronologiquement le premier mouvement à remettre en cause l'hégémonie de la FNSEA.

Portée par des mouvements écologistes et des paysans altermondialistes, la CP est fondée en 1987, avec José Bové comme cofondateur. Elle critique le modèle dominant d'un "productivisme" ne profitant qu'à "l'agrobusiness", qui épuise la terre et les hommes.

Son opposition au libre-échange est nourrie par un plaidoyer pour un développement agricole durable dans le monde. Elle plaide pour un soutien massif à la transition agroécologique et redoute un recul du gouvernement sur les normes environnementales sous la pression de la FNSEA et de la CR.

En retrait au départ, la CP a rejoint le mouvement pour défendre "un revenu juste" pour les paysans, dans un contexte de crise sanitaire et climatique.


Trois grands syndicats, qui jouent des rôles distincts dans la contestation agricole en cours, se partagent la représentation des agriculteurs en France: l'historique FNSEA, la radicale Coordination rurale et les agroécologistes de la Confédération paysanne. 

La FNSEA, largement majoritaire

Son nombre d'adhérents, son...