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Agriculteurs: la tension monte d'un cran en France avec le démarrage du « siège » de Paris


Agriculteurs: la tension monte d'un cran en France avec le démarrage du « siège » de Paris

Un agriculteur français se tient à côté d'un barbecue lors d'une manifestation avec des tracteurs sur l'autoroute A16 près du péage de Beauvais-Nord, à Beauvais, dans le nord de la France, le 29 janvier 2024. Photo Sameer Al-Doumy / AFP

La mobilisation des agriculteurs partout en Europe franchit un nouveau cap lundi en France avec le démarrage du « siège » de Paris, qui fait craindre une « semaine de tous les dangers » entre paysans en colère et forces de l'ordre françaises.

Des retenues ont désormais lieu sur au moins quatre autoroutes à quelques dizaines de km de Paris, selon le site gouvernemental Sytadin, dans des opérations encadrées par les forces de l'ordre. Au total, huit « points de blocage » autoroutiers ont été prévus par les principaux syndicats de la profession, afin de faire un « siège de la capitale » annoncé « pour une durée indéterminée ».

Et selon la gendarmerie, 30 départements sont touchés, par diverses actions.

Face au risque de débordements, 15.000 membres des forces de l'ordre ont été mobilisés. Dès dimanche soir, un important dispositif comprenant des blindés de la gendarmerie avait été déployé aux abords de Rungis, le plus grand marché de produits frais du monde, au sud de Paris, a constaté l'AFP.

Le président français Emmanuel Macron a donné « pour consigne » de « garantir que les tracteurs ne se rendent pas à Paris et dans les grandes villes pour ne pas créer des difficultés extrêmement fortes ».

Il a réuni dans l'après-midi plusieurs ministres à l'Elysée pour un « point sur la situation agricole ». Il doit ensuite partir en Suède mardi et mercredi, avant un Conseil européen extraordinaire à Bruxelles jeudi.

Il s'y entretiendra avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen des mesures de soutien attendues par les agriculteurs. L'échange portera notamment sur le gel de l'accord commercial que l'UE négocie avec le Mercosur et l'arrivée de produits ukrainiens dans l'Union, selon la présidence française.

Les patrons des syndicats qui ont annoncé le « siège » de Paris, FNSEA et JA (Jeunes agriculteurs), sont par ailleurs conviés en fin d'après-midi à une rencontre avec le chef du gouvernement français Gabriel Attal, alors que l'exécutif a annoncé « de nouvelles mesures dès (mardi) ».

Entre blocages d'autoroutes et défilés de tracteurs, la grogne agricole s'était d'abord manifestée en décembre et janvier en Allemagne, avant de toucher la France, mais aussi la Roumanie, la Pologne, ou encore la Belgique.

Alors que des dizaines de tracteurs ont organisé une opération escargot dimanche sur une autoroute du Sud belge, et que plusieurs ports dont celui de Hambourg, le plus grand du pays, ont été bloqués lundi par des agriculteurs allemands, le siège de Paris résonne comme un nouveau cap dans la mobilisation européenne.

Explosion des importations

Episodes climatiques extrêmes, grippe aviaire, flambée des prix du carburant ou afflux de produits ukrainiens exemptés de droits de douane, les facteurs communs de mécontentement ne manquent pas.

La nouvelle politique agricole commune européenne (PAC), qui renforce depuis 2023 les obligations environnementales, et les législations du « Pacte vert » européen (ou « Green Deal »)- même si elles ne sont pas encore en vigueur - cristallisent tout particulièrement la colère.

La France a beau être le premier bénéficiaire des subventions agricoles européennes avec plus de neuf milliards d'euros par an, ses paysans dénoncent une PAC selon eux déconnectée du terrain.

« La France est l'un des seuls grands pays agricoles dont les parts de marché reculent », pointait un rapport sénatorial français en septembre 2022. En vingt ans, elle est passée du deuxième au sixième rang mondial pour ses exportations - et au troisième européen, après les Pays-Bas et l'Allemagne.

« Les importations alimentaires en France explosent : elles ont doublé depuis 2000 et représentent parfois plus de la moitié des denrées consommées en France dans certaines familles », poursuivait cette étude.

Les agriculteurs européens dénoncent une concurrence déloyale, notamment parce que les produits importés ne sont généralement pas soumis aux mêmes réglementations.

Le nombre d'exploitations agricoles a en outre été divisé en France par quatre en 50 ans: de 1,5 million en 1970, elles sont désormais moins de 400.000.

M. Attal, qui s'est rendu dimanche sur l'une d'entre elles, a juré « d'avancer vite » pour répondre à la colère, après avoir annoncé vendredi l'abandon de la hausse d'une taxe sur le gazole des tracteurs ou des sanctions lourdes contre des industriels de l'agroalimentaire ne respectant pas les lois sur les prix.

Des mesure insuffisantes pour les protestataires.

La séquence qui s'ouvre lundi est celle d'une « semaine de tous les dangers, soit parce que le gouvernement ne nous entend pas, soit parce que la colère sera telle qu'ensuite chacun prendra ses responsabilités », a averti Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA.

Le mouvement actuel est la troisième crise d'ampleur à laquelle est confronté l'exécutif depuis le début du deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron, après la réforme des retraites qui avait déclenché des manifestations populaires monstres dans tout le pays en 2023, et l'adoption d'une loi immigration controversée en décembre.

La mobilisation des agriculteurs partout en Europe franchit un nouveau cap lundi en France avec le démarrage du « siège » de Paris, qui fait craindre une « semaine de tous les dangers » entre paysans en colère et forces de l'ordre françaises.Des retenues ont désormais lieu sur au moins quatre autoroutes à quelques dizaines de km de Paris, selon le site gouvernemental Sytadin, dans des...