Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Conflit

Abyei, poudrière désolée à la frontière des deux Soudans

À cheval sur la frontière contestée entre Soudan et Soudan du Sud, Abyei, zone revendiquée par les deux pays, semble n’avoir aucun atout justifiant qu’on meure pour elle : une modeste capitale éponyme largement détruite et quelques villages éparpillés dans un paysage de maquis brûlant.


L’avenir de cette zone de la taille du Liban, ravagée par plusieurs épisodes guerriers, est pourtant l’une des questions les plus sensibles et potentiellement explosives, parmi celles qui empoisonnent les relations entre Khartoum et Juba depuis l’indépendance du Soudan du Sud, proclamée en juillet 2011. Elle devrait figurer en haut de l’ordre du jour de la réunion prévue aujourd’hui à Addis Abeba entre les présidents soudanais Omar al-Bachir et sud-soudanais Salva Kiir, dans le cadre des efforts de l’Union africaine (UA) pour tenter de mettre fin aux différends non réglés par l’accord de paix signé en 2005.


Cet accord, qui a mis fin à plusieurs décennies de guerres civiles et débouché sur la partition du Soudan, prévoyait que les populations d’Abyei se prononcent par référendum sur leur avenir en janvier 2011. La consultation n’a pas eu lieu, Khartoum réclamant que figurent dans le corps électoral les Misseriya, tribu arabe semi-nomade que la transhumance mène chaque année à Abyei pour y faire paître ses vastes troupeaux. Refus de Juba et de la majorité des habitants sédentaires d’Abyei, membres de la communauté Dinka Ngok, dont est issu l’essentiel des autorités sud-soudanaises, et favorables à un rattachement au Soudan du Sud. En mai 2011, l’armée soudanaise a envahi la région, contraignant les quelque 100 000 habitants à fuir. « Nous avons libéré la zone avec des balles. Que Dieu bénisse les balles », indique un graffiti en arabe laissé sur un mur d’un bâtiment public détruit dans la localité d’Abyei, devenue ville-fantôme.

Rivalités tribales
La production de pétrole à Abyei, anciennement très pétrolifère, se raréfie. Son importance est surtout d’ordre symbolique et émotionnel pour les deux pays. Des personnalités influentes à Khartoum et Juba sont dinkas ou misseriyas et l’ancienne tolérance, qui permettait aux deux tribus de partager la terre, a cédé le pas à une animosité exacerbée par les rivalités politiques entre les deux capitales. « C’est totalement impossible que nous soyons amis », affirme Achuil Deng, Dinka de 38 ans, vendeuse de thé. Sur le marché délabré d’Abyei, Hashim Bashara Ali, l’un des rares Soudanais arabes résidant dans la localité, explique n’avoir aucun problème avec les Dinkas, mais s’inquiète : « Si Abyei devient une partie du Soudan du Sud, mon commerce s’arrêtera. »


Pour Achuil Akol Miyan Piok, ministre des Finances de l’administration d’Abyei, basée à Agok, du côté sud-soudanais de la frontière avec Abyei, la zone est une poudrière et il s’attend à ce que les Misseriyas provoquent des « troubles ». Selon ce Dinka, les Misseriyas ne veulent pas seulement pouvoir continuer à faire paître leurs troupeaux à Abyei. « Ils veulent prendre la terre et je pense que ce n’est pas une stratégie misseriya, c’est celle du gouvernement de Khartoum », affirme-t-il.

Affrontements armés
En outre hier, l’armée sud-soudanaise a accusé les troupes soudanaises de l’avoir attaquée dans une zone frontalière, à la veille du sommet à Addis-Abeba. Selon le porte-parole de l’armée sud-soudanaise, Philip Aguer, l’aviation soudanaise a largué des bombes sur la région de Raja, dans l’État du Bahr el-Ghazal occidental (nord-ouest du Soudan du Sud), où des combats ont également opposé les infanteries des deux pays. La Mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss) n’a pu confirmer ces allégations.
(Source : AFP)

À cheval sur la frontière contestée entre Soudan et Soudan du Sud, Abyei, zone revendiquée par les deux pays, semble n’avoir aucun atout justifiant qu’on meure pour elle : une modeste capitale éponyme largement détruite et quelques villages éparpillés dans un paysage de maquis brûlant.
L’avenir de cette zone de la taille du Liban, ravagée par plusieurs épisodes...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut