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Moyen Orient et Monde - Le point

Mitt Lagaffe

Sans doute Mitt Romney préférerait-il l’oublier, la désastreuse tournée qui vient de le conduire, après Londres, en Israël puis en Pologne. Seulement voilà : cruels, les journaux s’acharnent à remuer le couteau dans la plaie en évoquant les faux pas que l’intéressé, avec un indéniable sens du masochisme, a multipliés à l’envi. Le Spiegel Online parle du « tour des gaffes » tandis que le Daily Mail londonien décrète qu’il s’agit d’un « total car crash » et que l’Independent ironise : « Comparé à lui, même Dubya (George W. Bush) est un habile diplomate. » Le Frankfurter Allgemeine y va d’un sévère « Peut et doit faire mieux. » Difficile...
Petit florilège des bévues du candidat républicain à la présidence US :
– À Londres, il a qualifié de « déconcertants » les problèmes rencontrés dans la préparation des Jeux olympiques, ce qui lui a valu cette réponse cinglante du Premier ministre, David Cameron : « Il est autrement plus facile d’organiser un tel événement au milieu de nulle part. » Quelques esprits malfaisants ont voulu voir dans cette dernière remarque une allusion à peine voilée aux Jeux d’hiver de 2002 supervisés par un comité dont le président était un certain Mitt Romney.
– À Jérusalem, l’homme qui ne peut pas ouvrir la bouche sans proférer une bêtise a récidivé. Devant une cinquantaine de donateurs réunis à l’hôtel King David pour un petit déjeuner à 50 000 dollars le couvert (soit un jackpot de un million), il n’a pas hésité à formuler une curieuse analyse économico-sociale : « Je vois dans les réalisations de votre peuple la puissance de la culture et la main de la Providence. » Et d’élaborer, chiffres à l’appui. « En Israël, le produit intérieur brut par tête est d’environ 21 000 dollars, alors qu’il n’atteint même pas les 10 000 dollars du côté palestinien. » En fait, il s’agit respectivement de 29 800 dans le premier cas et de 2 900 dollars dans le second ; encore le digne intervenant s’est-il bien gardé, et pour cause, de rappeler les raisons d’une telle disparité. Autre bévue : l’escale israélienne avait failli prendre un mauvais départ puisque l’on s’est aperçu que la date retenue à l’origine pour le raout coïncidait avec la fête de Tisha B’av, jour de jeûne pour commémorer la destruction du premier et du second Temples, ce qui a forcé les responsables à reporter de douze heures l’événement.
Dans son discours, l’ancien gouverneur du Massachusetts a parlé de « Jérusalem la capitale » de l’État hébreu, un impair (voulu?) quand on sait qu’aucun pays membre de l’ONU, même pas les États-Unis, ne reconnaît cette qualité à la ville. Il a fait mieux encore en adoptant une position en flèche sur le sujet majeur du programme nucléaire iranien. « Nous reconnaissons, a-t-il dit devant son auditoire, votre droit à vous défendre et l’Amérique doit, dans ce cas, se tenir à vos côtés. C’est notre devoir solennel, c’est un impératif moral de dénier aux leaders iraniens la possibilité d’aller de l’avant dans leurs plans malfaisants. »
Les raisons de telles positions en flèche, il conviendrait sans doute de les chercher du côté de Sheldon Adelson. Richissime magnat des casinos, propriétaire du tabloïd gratuit Hayom, le personnage, fort controversé par ailleurs, possède la double nationalité US et israélienne. Après avoir opté dans un premier temps pour Newt Gingrich dans le campagne des primaires du Grand Old Party, il a viré sa cuti, passant dans le camp de Romney auquel il a généreusement octroyé à ce jour dix millions de dollars (il en avait donné 21 à l’ancien speaker de la Chambre des représentants). L’étrange tandem représenté par le puritain Mormon et le sulfureux milliardaire suscite pas mal de grincements de dents, un éditorialiste allant jusqu’à s’interroger, faussement candide, à propos du fameux petit déjeuner : « Pourquoi pas à Vegas ? », la capitale américaine du jeu.
– Mardi, le landernau politique yankee recommençait enfin à respirer, certain que la dernière étape d’un périple en forme de montagnes russes serait de tout repos, quand – patatras ! – un autre incident se produisait, à Varsovie cette fois. La scène : square Pilsudski, sur le site du Soldat inconnu. Furieux de voir la meute de reporters presser de questions son maître, Rick Gorka, porte-parole du groupe, lance un tonitruant « Allez vous faire f... » (« kiss my... »), puis à l’adresse du représentant de Politico un non moins obscène « Shove it ». Il paraît que dans l’Utah, fief de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (nom officiel de la secte des Mormons), on en frémit encore.
La leçon de l’histoire ? On la doit, admirable dans sa concision, à David Alxelrod, conseiller électoral de Barack Obama : « Ce fut une catastrophe ambulante. » On ne saurait mieux dire.
Sans doute Mitt Romney préférerait-il l’oublier, la désastreuse tournée qui vient de le conduire, après Londres, en Israël puis en Pologne. Seulement voilà : cruels, les journaux s’acharnent à remuer le couteau dans la plaie en évoquant les faux pas que l’intéressé, avec un indéniable sens du masochisme, a multipliés à l’envi. Le Spiegel Online parle du « tour...

commentaires (1)

De gaffe en gaffe, il continue son rêve et s'y agraffe...

SAKR LEBNAN

01 h 36, le 02 août 2012

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Commentaires (1)

  • De gaffe en gaffe, il continue son rêve et s'y agraffe...

    SAKR LEBNAN

    01 h 36, le 02 août 2012

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