Kim Jong-il, dont la santé s’était rapidement dégradée après un accident cérébral en 2008, était âgé de 69 ans, selon sa biographie officielle. Le « Cher leader » dirigeait d’une main de fer depuis la mort de son père, Kim Il-sung, en 1994, la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Une dynastie communiste unique dans l’histoire, où règnent culte exacerbé de la personnalité, censure, exécutions et internements arbitraires dans des camps considérés par les ONG comme des mouroirs de masse.
Kim Jong-il est décédé samedi à 08h30 heure locale d’une crise cardiaque dans son luxueux train blindé, au cours d’une tournée d’inspection en province, selon l’Agence centrale de presse coréenne (KCNA), canal privilégié de la propagande nord-coréenne. Kim, dont la biographie officielle met en exergue le sacrifice de sa vie pour son pays, « a succombé à un grand épuisement mental et physique », a-t-elle souligné. Sa mort a été annoncée à la télévision par une présentatrice en pleurs, vêtue de noir, avec en arrière-plan un paysage de forêts et de montagnes blanches, décor de légendes millénaires en Corée.
Les médias officiels ont fait état de la « tristesse indescriptible » des Nord-Coréens que la télévision d’État chinoise CCTV a montrés secoués de sanglots, couvrant leurs visages, dans les rues de la capitale plus désertes que d’habitude. « Ils n’essaient même pas de sécher leurs larmes », a relaté KCNA. Des membres du Parti des travailleurs de Corée ont été montrés frappant du poing sur des tables, au désespoir, dans un comté de province. « Il a fait tellement de choses pour rendre nos vies meilleures et il est parti comme ça », se lamentait l’un d’eux.
La dépouille du « Cher leader » sera exposée au mausolée de Kumsusan jusqu’à ses funérailles officielles fixées au 28 décembre. Les autorités ont décrété un deuil du 17 au 29 décembre.
Son plus jeune fils Kim Jong-un, un homme de moins de 30 ans dont le monde entier ignorait jusqu’au visage il y a un an, a été désigné pour prendre sa succession, selon KCNA. Signalons que promu ces dernières années à de hautes fonctions militaires et politiques, le futur leader nord-coréen, Kim Jong-un, est une énigme. Soucieux d’éviter toute vacance du pouvoir, les médias officiels ont immédiatement appelé les Nord-Coréens à le reconnaître comme leur nouveau leader. « À l’avant-garde de la révolution coréenne se trouve à présent Kim Jong-un », a rapporté KCNA, en exhortant « tous les membres du Parti (des travailleurs), les militaires et le peuple (...) à suivre fidèlement l’autorité du camarade Kim Jong-un ». Les dirigeants de Pyongyang voulaient se donner deux ans de plus pour préparer une transition en douceur, souhaitée par Pékin qui craint une déstabilisation du pays. Mais ce scénario est jugé improbable par les experts. La mort de Kim Jong-il ne devrait pas entraîner de « turbulences immédiates dans la politique intérieure et les affaires étrangères du Nord », estime ainsi Paik Hak-soon, du Sejong Institute, un « think-tank » basé à Séoul.
Un choix qui était attendu mais qui plonge la communauté internationale dans l’expectative.
Les États-Unis, proches alliés de la Corée du Sud où sont stationnés quelque 28 500 soldats américains, ont fait savoir qu’ils surveillaient la situation « de près », en soulignant qu’ils souhaitaient la « stabilité » dans la péninsule. Le président américain Barack Obama, qui s’est entretenu par téléphone avec son homologue sud-coréen Lee Myung-bak, « a réaffirmé la force de l’engagement des États-Unis pour assurer la stabilité de la péninsule coréenne et la sécurité de notre proche allié, la République coréenne », selon la Maison-Blanche. La mort de Kim survient alors que Washington et Pyongyang avaient relancé leurs consultations directes ces derniers mois au sujet du nucléaire nord-coréen, avec parfois l’intercession de la Chine, l’un des rares soutiens du régime avec la Russie.
La mort du dirigeant Kim Jong-il « pourrait être un tournant pour la Corée du Nord », a estimé de son côté le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague. Le Japon, qui a occupé la péninsule coréenne dans la première moitié du XXe siècle et n’a jamais entretenu de relations diplomatiques avec Pyongyang, a présenté, contre toute attente, ses « condoléances ».
Moscou et Pékin ont transmis quant à eux leurs condoléances hier.
En Corée du Sud, l’armée a été placée en état d’alerte et la surveillance de la frontière ultrasécurisée avec le Nord, le long de laquelle est stationnée une grande partie des troupes nord-coréennes, a été renforcée. Les deux Corées restent techniquement en état de conflit armé depuis l’armistice précaire signé à l’issue de la guerre de Corée (1950-53). Les Sud-Coréens oscillaient entre crainte et espoir lundi à Séoul. « Je reste sans voix », a déclaré Kwak Bo-ram, 24 ans, employée d’une organisation non gouvernementale (ONG). « Je suis à la fois choquée et inquiète. » « Je pense que la Corée du Nord va finalement s’ouvrir beaucoup plus tôt que prévu », espérait quant à lui un homme d’affaires, Ko Jae-lin, 50 ans.
Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a dit, lui, espérer « qu’un jour le peuple de la Corée du Nord (pourrait) retrouver sa liberté », reprenant des vœux similaires formulés par Berlin et d’autres capitales dans le monde.
(Source : AFP)
commentaires (8)
Pourquoi être sarcastique ? C'est la règle du jeu. Un despote engendre un despote. Avez-vous vu un loup engendrer un mouton ? Quand au pauvre peuple, il ne pleure pas Kim Jong-Il, il pleure sa malheureuse destinée !!! Anastase Tsiris
Anastase Tsiris
06 h 23, le 21 décembre 2011