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Culture - Rencontre

Zareh Tcheroyan et son violon : de la profession à la passion...

Long séjour à l’étranger de Zareh Tcheroyan qui, en violoniste précoce, a étonné les Libanais et le monde par son coup d’archet. À trente-cinq ans, musicien accompli, sorti aujourd’hui des bancs de la Julliard School de New York, le violoniste haut de gamme revient au bercail.

Zareh Tcheroyan au violon, accompagné par Vahan Mardirossian au clavier et la mezzo soprane Angelika Wied.

Décryptage, déchiffrage, accordage, regard en arrière et au futur dans une rencontre-mise au point.

C’étaient les années de guerre où sifflaient les balles et les bombes. Pour couvrir le bruit des horreurs et des destructions massives, les sons de la boîte magique, compagnon des grandes errances, c’est-à-dire ceux du violon d’un enfant, ensorcelant violoniste précoce.


Prodige de la musique que Zareh Tcheroyan qui, à neuf ans, interprétait avec maestria le Double concerto de Bach. Un enfant qui, dès l’âge de six ans, en plus des études au Conservatoire national supérieur de musique de Beyrouth, suivait déjà les directives professionnelles de Lucine Balikian et Greg Kodjian. Très vite, cet enfant au talent exceptionnel, après aussi un concert en France, où il joue le Concerto pour violon de Mendelssohn au festival de Cransac, c’est-à-dire à l’âge de douze ans, prend le chemin de la très sélective Julliard School de New York. En ce lieu sacré du savoir où les élèves les plus doués musicalement sont pris en charge, il est suivi par Shirley Givens et Dorothy DeLay.
Mais ses concerts et ses prestations publiques ne sont pas pour autant arrêtés. On signale, pour son adolescence, sa présence à l’Assembly Hall et au Gulbenkian de la LAU où il offre à écouter les œuvres virtuoses de Kreisler, Bruch, Beethoven, Paganini et Ravel... «Pour cette rare aptitude au violon» (les termes sont de ses professeurs), les prix ne tardent pas à pleuvoir. On cite volontiers ceux donnés pour les interprétations du Concerto pour violon de Samuel Barber et le Triple concerto de Beethoven.


Par la suite, outre diverses activités de scène, il donnera, avec des partitions de Ravel et Saint-Saëns, la réplique à l’Orchestre symphonique libanais placé sous la direction d’Alain Paris et fera à Paris la première d’Éphémère d’Yves Prin avec l’Orchestre de la cité internationle.
À vingt et un ans, il fait ses débuts au Carnegie Hall accompagné du pianiste Rohan de Silva. Là, sous ses doigts et les cordes de son violon résonneront des partitions de Saint-Saëns, Ravel et
Khatchatourian.
Diplômé Bachelor in Music de la Julliard School, il part pour Paris et peaufine son coup d’archet sous la direction de Régis Pasquier et Jean-Jacques Kantorow. Mais il alterne aussi les concerts et les tournées en Europe. Entre concert-master pour des orchestres free-lance et soliste, il multiplie ses apparitions sous les feux de la rampe et on l’applaudit tour à tour aux festivals Crescendo en Allemagne, d’Aspen et de Salzbourg, ainsi qu’à l’Académie Ravel.
Et puis, de retour à New York, après un MBA de la Rotman School of Management Universiry de Toronto, le voilà qu’il opère un virage capital. Sans mettre sous le boisseau son violon, son compagnon de toujours, l’idée de travailler avec sa famille germe en lui.


«Le violon c’était ma profession, c’est devenu aujourd’hui ma passion», explique-t-il, et d’enchaîner: «J’ai toujours voulu travailler avec ma famille. Le violon m’a mené vers un autre monde. C’était le rêve de mon père d’être musicien. Et en vivant jusqu’au bout son rêve, je me suis découvert... Aujourd’hui, en allant d’un autre côté, en tempérant mes ardeurs pour le violon, je voudrais surtout créer et organiser des événements musicaux et artistiques. J’aime toujours jouer du violon, mais pas vivre constamment dans le monde de la musique classique...»
Preuve à l’appui, le dernier concert organisé conjointement par la famille Sursock et Arty Iskandarian au palais Sursock à Beyrouth en juin dernier. Écrin princier pour plus de 500 invités triés sur le volet (parterre d’ambassadeurs, de politiciens, d’investisseurs et de fervents passionnés de l’art), conviés à écouter non seulement de la musique (Zareh Tcheroyan au violon, Vahan Mardirossian au clavier et la participation de la mezzo soprane Angelika Wied), mais aussi à voir une exposition des violons du luthier Arty Iskandarian et ceux prêtés par Jost Thoene, ainsi que des ouvrages jetant la lumière sur les Stradivarius.


C’est par conséquent dans une optique de prospection et d’inspiration nouvelle, combinant esprit de travail familial et de performance d’activités musicales et culturelles, que Zareh Tcheroyan s’installe à nouveau au pays du Cèdre, sa terre d’origine. Nouvelle quête et objectifs nouveaux pour un jeune Libanais bardé de diplômes et bourré de talents. On attend la suite de cette soirée organisée à la villa Sursock, premier maillon d’une chaîne sans doute à s’égrener au fil des ans.
Mais entre-temps, ce féru de Bach, Mozart, Prokofiev, Isaye, Brahms et Ravel, cet admirateur de Leonidas Kavacos, Christian Tetzlaff, Jean-Jacques Kantorow, Regis Pasquier et Aram Khachatryan a l’aveu simple et limpide comme une eau de source: «La musique? C’est pour moi une manière de me libérer et de m’exprimer. M’exprimer librement et sans frontière...»

Décryptage, déchiffrage, accordage, regard en arrière et au futur dans une rencontre-mise au point.
C’étaient les années de guerre où sifflaient les balles et les bombes. Pour couvrir le bruit des horreurs et des destructions massives, les sons de la boîte magique, compagnon des grandes errances, c’est-à-dire ceux du violon d’un enfant, ensorcelant violoniste précoce.
Prodige de la...
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