Et à ce titre, les arrivées tardives et bruyantes – à plus de 22 h alors que les interprètes en étaient déjà à leur 6e chanson – et les départs précipités, avant même la fin du récital, d’une frange de l’auditoire sont tout simplement intolérables ! Il faut surtout arrêter de donner l’excuse des embouteillages. La majorité de l’auditoire était là avant 20h30, l’heure officielle du concert qui n’a, d’ailleurs, débuté qu’à 21h15, donnant ainsi une certaine latitude d’arrivée aux irréductibles traînards. Comment expliquer à ces retardataires qui se croient «chics» qu’ils dérogent tout simplement aux règles les plus élémentaires de la bienséance et du savoir vivre ?
D’autant qu’ils avaient en face d’eux un artiste d’une remarquable élégance. Élégance des traits – fins et d’un port de tête aristocratique – et de l’attitude, plutôt réservée, mais supportant vaillamment – en costume trois pièces et cravate – la chaleur et l’humidité, torrides ce soir-là.
Un artiste qui n’a pas ménagé ses forces pour interpréter un répertoire panaché où il s’était réservé la majorité des sérénades italiennes (de (L’Ultima Canzone de Franceso Paolo Tosti à Pecchè de Fransesco Pennino), des chansons latines (dont le Lejana Tierra Mia de Carlos Gardel) et des extraits de zarzuelas. Faisant même une petite incursion dans le musical américain avec le fameux air The Impossible Dream du Man Of La Mancha de Mitch Leigh. Tandis que la talentueuse Monica Yunus, soprano americano-bangladaiso-russe qui l’accompagnait, reprenait, dans un chant suavement modulé, les pétillants arias des célébrissimes Roméo et Juliette de Gounod et La Bohème de Puccini ou encore le frondeur et moins connu Me Llaman La Primarosa du Barbier de Séville de Pablo Luna.
Des prestations vocales ponctuées d’agréables intermèdes purement instrumentaux de l’Orchestre philarmonique libanais, dirigé par David Gimenez, le neveu du ténor – à l’attitude à la fois respectueuse et complice – et qui a ouvert le concert sur les notes aux couleurs ensoleillées de la Farandole de L’Arlésienne de Bizet.
Élégance et intensité
Pour ses 65 ans, Carreras a offert une performance que l’on pourrait qualifier d’«athlétique». Avec une première partie à considérer plutôt comme un échauffement. Car c’est dans la deuxième partie du récital qu’il a véritablement manifesté l’étendue de sa puissance vocale dans les arias éclatants de passion, vibrants de lyrisme et de mélancolie de Pasione de Nicola Valente, de Vurria de Furio Rendine ou encore de Dicitencello vuie de Rodolfo Falvo. Un registre qui met en valeur son timbre grave et l’authentique intensité de son chant, et qui lui vaut un tonnerre d’applaudissements et d’enthousiastes bravos... Après un harmonieux duo avec la jeune soprano (La Africana de Manuel Caballero, Core n’Grato (Cœur ingrat), il clôture par un air napolitain de Salvatore Cardillo, dans lequel il tutoie les sommets. Et là, le public – abstraction faite des quelques inélégants signalés plus haut! – totalement conquis ne se montre pas ingrat. C’est une véritable standing ovation qu’il lui réserve, lui redemandant à perte de souffle des «encore et encore». Plus de cinq bis, auxquels le généreux Carreras répondra, malgré la fatigue, par les fameuses reprises d’arias et de canzones napolitaines qui avaient fait la popularité des trois ténors, tels: Non Ti Scordar Di Me, Torna A Surriento ou La Donna E Mobile... Se faisant aussi aider par la charmante Monica Yunus, qui sans lui voler la vedette, a aussi réjoui l’auditoire avec son interprétation pleine de fraîcheur d’un extrait de Sound Of Music.
Ce soir-là, le prestige et le charme de l’art lyrique étaient au rendez-vous.
Le concert de Carreras etait prevu a 20.30 Il a debute a 21.15 le comite aurait du fermer la porte a ce moment la ayant accorde 45 minutes de grace aux retardataires. Il est peut être difficile de controler les arrives tardives. Rien de plus facile que de controler les departs avant la fin du concert. Interdiction de se deplacer dans les allees et de gener les autres spectateurs et portes fermees. Il faut surtout informer les futurs spectateurs de ces decisions. Je rends hommage au comite du festival Al Bustan qui a parfaitement reussi a appliquer ces regles elementaires de politesse aux plus recalcitrants. Sami Mouracade
01 h 59, le 21 juillet 2012