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Culture - Installation

Edward Salem , « coûte que coûte » !

Comment s’approprier les œuvres de maître à prix modique ? s’interroge Edward Salem dans cette installation ludique qui se poursuit au Hangar-Umam* jusqu’au 17 juin et qui s’achèvera par une vente aux enchères assez particulière.

Pour Edward Salem, l’art affiche des propos politiques et socioculturels.

«By Hook or by Crook». Tel est le titre très amusant de cette installation signée Edward Salem. À traduire en français «coûte que coûte » et en arabe «Bil toul wa bil 3ard ». Quel que soit le qualificatif, l’artiste, né à Detroit mais, depuis son diplôme, reliant l’axe USA/monde arabe tout en portant parfois la casquette de curateur, a réussi à ramener au Liban, au Hangar de Haret Hreik, de grands noms de l’art.
Au total, 25 artistes qui font leur première au Liban: Liudvikas Buklys; Luis Camnitzer; Martin Soto Climent; Jason Dodge; Jimmy Durham; Hans Peter Feldmann; Claire Fontaine; Felix Gonzales-Torres; David Hammons; Roni Horn; Sanja Ivekovic; Diego Leclery ; Ghassan Mashala; Roman Ondak; Gabriel Orozco ; Amalia Pica; Cesare Pietroiusti; William Pope.L; Wilfredo Prieto; Naufus Ramirez Figueroa; Ugo Rondinone; Rana Siegel; Reena Spaulings; Mladen Stilinovic et Lawrence Weiner sont tous là, du moins leurs œuvres. Réunies, les créations de ces artistes de différentes générations et nationalités créent sous la houlette de Salem une composition homogène.
«By Hook or by Crook» est née d’une frustration, avoue Salem. Tout a commencé, dit-il, lorsqu’il m’a été impossible d’amener un grand artiste comme Alfredo Jaar en Palestine à cause du coût trop élevé du transport. Les questions ont donc surgi d’elles-mêmes. Que faut-il faire pour introduire l’art dans cette partie du monde (les pays du Levant et d’Afrique)? Mais aussi comment catégorise-t-on la production artistique de moyen coût? Et enfin quelle est la limite entre une copie et une originale? Est-ce que cette œuvre qu’on dit originale est une exacte copie ou un nouveau travail? C’est sur ces idées-là que s’est articulée cette installation ayant nécessité deux mois sur le terrain, mais plusieurs mois de cogitation.
«Il fallait d’abord trier les artistes, affirme Edward Salem, selon mes convictions politiques et sociologiques – car je ne peux concevoir un art qui n’est pas engagé dans le monde – et que j’associe leur travail selon un fil conducteur visuel (couleur, forme ou sens de l’objet) ou suivant un discours politique commun. Enfin, des cartons explicatifs accrochés au mur décrivent la démarche artistique de chacun.» Edward Salem s’est donc baladé dans les rues de la ville pour faire son shopping personnel. «Souk el-Ahad, souk Sabra ou encore les marchands ambulants, c’est là que l’on retrouve les objets les moins chers, mais les plus riches», signale-t-il.
Dans cet amalgame explosif, des livres de Martin Luther King et de Hitler écrits en prison se côtoient, une bouteille de champagne éclate dans toute sa dorure pour célébrer la libération de la Palestine, des boîtes de pizza colorées deviennent des supports pour des revendications de droits. Par ailleurs, des verres tout en couleurs collés au mur évoquent les écoutes des temps modernes, un tee-shirt où l’on peut lire un poème et des planches de bois qui jettent des passerelles de communication. Autant d’objets acquis à très bas prix et qui par effet de «sublimation» deviennent de réelles œuvres d’art.
Dans cette installation autodérisoire, l’artiste accomplit à la fois une critique du marché de l’art contemporain et une autocritique. Est-ce parce que Edward Salem jouit de la double culture orientale et occidentale qu’il arrive à opérer cette distanciation? «Probablement, répond-il. Actuellement, je sais que la peinture même abstraite ne peut se faire à huis clos. Un artiste se doit d’affronter le monde et ses problèmes.» Et à la question de savoir si ces artistes affichés sont entrés dans son jeu, Salem esquisse un sourire sans répondre. Encore une façon à lui d’osciller entre légèreté et gravité. On devrait donc attendre le 17 juin pour voir si les visiteurs ont adhéré à son jeu et acquérir un «objet d’art».

* The Hangar-Umam, ouvert du mercredi au dimanche de 14h à 20h. Vente aux enchères le 17 juin de 13h à 15h. Tél : 01/553604.
«By Hook or by Crook». Tel est le titre très amusant de cette installation signée Edward Salem. À traduire en français «coûte que coûte » et en arabe «Bil toul wa bil 3ard ». Quel que soit le qualificatif, l’artiste, né à Detroit mais, depuis son diplôme, reliant l’axe USA/monde arabe tout en portant parfois la casquette de curateur, a réussi à ramener au Liban, au Hangar...
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