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Moyen Orient et Monde - Reportage

À Leipzig, la Grande Armée est de nouveau défaite

Il y a 200 ans, 100 000 soldats sur 600 000 trouvèrent la mort dans cette bataille napoléonienne, qui a été reconstituée hier.

La reconstitution historique de la bataille de Leipzig a mobilisé 6 000 figurants originaires de 28 pays.  Fabrizio Bensch/Reuters

« En Lituanie, on adore Napoléon », explique Egidijus Sliauzys, hussard venu perdre hier avec l’empereur français une grande bataille à Leipzig (Allemagne), 200 ans après la défaite, lors d’une reconstitution historique avec 6 000 figurants. Sous un ciel nuageux, des coups de canon retentissent, des fantassins se mettent en marche au son du tambour, des soldats tirent plusieurs salves, Napoléon lance son cheval : la bataille peut commencer. Au total, les figurants sont originaires de 28 pays, « dont certains viennent de très loin, comme le Canada, l’Australie, les États-Unis et même la Chine », détaille le commentateur aux 30 000 spectateurs réunis tout autour du champ de bataille.
Il y a 200 ans, 100 000 soldats sur 600 000 trouvèrent la mort dans cette bataille, l’une des plus meurtrières de l’histoire du XIXe siècle, qui opposa la Grande Armée aux troupes prussiennes, autrichiennes, russes et suédoises.
Outre les soldats à pied, fusil à l’épaule ou poussant des canons, les figurants montent aussi à cheval – 250 au total. Ils sont accompagnés de femmes chargées, comme à l’époque, du ravitaillement des troupes. M. Sliauzys, professeur d’informatique litunanien de 38 ans, ne parle pas français, mais il dit « comprendre les ordres dans cette langue, comme porter arme, tirer, feu », qu’il a fini par mémoriser après 7 ans d’activité dans les guerres d’Empire. Et cela suffit à Napoléon, incarné par Frank Samson, un avocat parisien de 46 ans, spécialisé dans les infractions du code de la route, qui met un point d’honneur à ne jamais parler anglais sur le champ de bataille, « éventuellement corse, comme l’empereur », qu’il apprend depuis un an et demi.
« Nous faisons cette reconstitution dans un esprit d’amitié et de paix. Vous êtes les bienvenus », lance en anglais, français, russe et espagnol, notamment, une commentatrice. « C’est un message de fraternité », avait dit de son côté Napoléon, juste avant la bataille.
À l’image de Frank Samson, tous les figurants sont bénévoles. « J’y tiens. À Leipzig, je paye tout », avait confié récemment cet homme qui endosse régulièrement l’uniforme de Napoléon depuis 2005 dans différentes batailles et autres événements de la vie civile de l’empereur, comme son sacre. « Nous avons dormi sur la paille, c’est très agréable », confiait l’un des ennemis de M. Samson, le Viennois Wolfgang Horak, 43 ans, qui joue un officier de haut rang de l’empire austro-hongrois et bivouaque depuis jeudi non loin du champ de bataille. À ses côtés, Josef Kripcsi-Sazbo, un Hongrois de 63 ans, porte un uniforme avec des boutons hérités de ses ancêtres ayant combattu contre Napoléon. L’étoffe n’est pas d’époque, précise-t-il. « Nous sommes des gens intéressés pas l’histoire, parfois des historiens. Nous tentons de faire des recherches, de revivre comment cela s’est passé et de voir si tout ce qui est raconté peut encore fonctionner », explique M. Horak. « Mon fils aime surtout les jeux de combats vidéo et je veux lui montrer que l’ordinateur, ce n’est pas la vraie vie. Ici, c’est certes aussi un jeu, mais on peut imaginer au moins comment c’était terrible de se trouver face à des centaines et des centaines d’ennemis », raconte Pavel Kmoch, 45 ans, un Pragois accompagné de son fils de 9 ans. Tous deux ont revêtu l’uniforme de l’armée française.
Juste avant la bataille, Napoléon, alias Frank Samson, se montrait confiant : « Mes soldats sont sur le qui-vive », constatait-il, ajoutant : « La Grande Armée est toujours victorieuse. » Pourtant, cette fois-ci, il va perdre, prédit l’Autrichien Wolfgang Horak : « Les Autrichiens, ce sont les blancs, les bons. Les bleus, ce sont les Français, les méchants. »

© AFP
« En Lituanie, on adore Napoléon », explique Egidijus Sliauzys, hussard venu perdre hier avec l’empereur français une grande bataille à Leipzig (Allemagne), 200 ans après la défaite, lors d’une reconstitution historique avec 6 000 figurants. Sous un ciel nuageux, des coups de canon retentissent, des fantassins se mettent en marche au son du tambour, des soldats tirent plusieurs...

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