L’énoncé du verdict s’est déroulé en l’absence de la presse étrangère et d’observateurs d’organisations internationales de défense des droits de l’homme, tenus à l’écart depuis l’ouverture du procès. Le 27 juin, trois ONG – Human Rights Watch, Amnesty International et Alkarama – ont affirmé avoir reçu 22 lettres manuscrites qui pourraient avoir été envoyées par certains des 94 islamistes depuis leur prison, faisant état de « mauvais traitements », voire de « torture ». Des proches des accusés ont en outre affirmé que certains membres des familles des prévenus n’avaient pas été autorisés à assister au verdict. Et les médias officiels ont affirmé que la justice ne faisait qu’appliquer la loi, rejetant d’avance les critiques étrangères.
Le procès des 94 membres ou sympathisants du mouvement al-Islah, un groupe proche des Frères musulmans, s’était ouvert le 4 mars. Arrêtés entre mars et décembre 2012, ces islamistes, dont des avocats, des étudiants et des juges, ont été accusés de « faire partie d’un groupe secret illégal visant à prendre le pouvoir » et « d’être entrés en contact avec des groupes étrangers pour exécuter leur plan ». Dans une lettre ouverte au président émirati, cheikh Khalifa ben Zayed al-Nahyane, publiée début mai sur des sites islamistes, ils ont affirmé avoir été « injustement accusés d’avoir projeté de prendre le pouvoir » aux Émirats, et ont assuré qu’ils « font toujours acte d’obéissance au chef de l’État ». Parmi eux figurent cheikh Sultan ben Kayed al-Qassimi, un cousin du souverain de Ras el-Khaïmah, l’un des sept membres de la Fédération des Émirats, qui a écopé de 10 ans de prison. Un avocat spécialisé dans les droits de l’homme, Mohammad al-Roken, a écopé de la même peine. Son fils, Rached, a été en revanche acquitté. Deux autres avocats, Mohammad al-Mansouri et Salem al-Chihi, ont été condamnés à dix ans de prison chacun.
La Fédération des Émirats, l’un des pays les plus riches du monde, a été épargnée par la vague de contestation populaire dans le monde arabe. Les autorités de la fédération ne cachent pas leur hostilité aux Frères musulmans, le chef de la police de Dubaï, le genéral Dhahi Khalfane, n’ayant pas hésité à présenter, dans un célèbre tweet, ses « condoléances au peuple égyptien », après l’élection il y a un an du président islamiste, Mohammad Morsi, lui-même issu de la confrérie. Le général Khalfane avait en outre accusé les Frères musulmans de comploter pour renverser les monarchies arabes du Golfe.
(Source : AFP)
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