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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Pour des vétérans russes, il faut changer de stratégie en Afghanistan

Gagner une guerre « contre un peuple » est impossible, mieux vaut mettre l'accent sur l'aide à la reconstruction.
D'anciens vétérans de l'Armée rouge en Afghanistan estiment impossible de gagner la guerre dans ce pays et conseillent à la coalition internationale de changer de stratégie en mettant l'accent sur la reconstruction.
« Voilà neuf ans que la coalition est entrée en Afghanistan et rien n'a changé », déclare Rouslan Aouchev, qui fut commandant d'un régiment motorisé des forces soviétiques pendant la guerre avec ce pays (1979-1989). « Aujourd'hui, la situation est plus difficile. Les moujahidine étaient plus modérés que les talibans, qui sont radicaux. Et à notre époque, il n'y avait pas de kamikazes », explique-t-il. En dépit des renforts militaires, « les États-Unis et l'OTAN ne gagneront jamais car il est impossible de gagner la guerre contre un peuple », estime pour sa part le général Makhmout Gareev, membre de l'état-major des forces armées de l'URSS au moment de la guerre en Afghanistan. « Les Américains luttent contre le peuple et non pas contre une armée régulière. Napoléon n'a jamais pu gagner en Espagne. Ils devraient comprendre qu'il est impossible de vaincre dans une lutte contre le peuple », ajoute-t-il. Par conséquent, « il faut changer de politique, trouver d'autres solutions, aider à la reconstruction du pays, accorder un soutien économique, financier et humanitaire », suggère M. Gareev. Le général russe Viktor Ermakov, qui a commandé les soldats soviétiques en Afghanistan en 1982-1983, estime lui aussi qu'il est « impossible de remporter une victoire » dans ce pays. « La seule façon de se faire respecter serait de prendre l'argent dépensé pour le maintien des troupes en Afghanistan et de le consacrer au développement de l'agriculture, à la reconstruction d'écoles, de mosquées et de routes », a-t-il souligné dans une récente interview à la chaîne de télévision russe Rossiya-24.
Les bailleurs de fonds de l'Afghanistan en font trop peu pour aider le pays à s'autogérer, avait déploré récemment le ministre afghan des Affaires étrangères, Rangin Dadfar Spanta. Le président américain, Barack Obama, a annoncé le 1er décembre le déploiement de 30 000 soldats supplémentaires en Afghanistan d'ici à l'été pour renforcer les 71 000 soldats étrangers chargés de soutenir le gouvernement face à la violente rébellion menée par les talibans, qui a gagné du terrain depuis trois ans. Il a aussi indiqué que les renforts américains pourraient permettre à ses troupes de commencer à se retirer en juillet 2011, soit 10 ans après leur entrée dans le pays.
L'URSS, elle, avait déjà pris la décision de se retirer « au bout de cinq ans de guerre », mais ses troupes y ont finalement combattu pendant 10 ans, rappelle M. Aouchev. Pour lui, la coalition aurait dû prendre conseil auprès de la Russie avant d'envoyer des troupes en Afghanistan afin d'éviter de « commettre les mêmes erreurs ». La Russie, qui commémorera le 15 février le 21e anniversaire du retrait des derniers soldats soviétiques d'Afghanistan, est toujours marquée par son bilan catastrophique mais est convaincue que ses erreurs pourraient servir de leçon à l'Occident aujourd'hui. Ce que l'URSS voyait en 1979 comme une brève incursion pour soutenir ses alliés afghans fut en réalité une lutte sanglante pendant près de 10 ans, au cours de laquelle plus de 13 000 Soviétiques et près d'un million d'Afghans ont péri.

Benoît FINCK (AFP)

D'anciens vétérans de l'Armée rouge en Afghanistan estiment impossible de gagner la guerre dans ce pays et conseillent à la coalition internationale de changer de stratégie en mettant l'accent sur la reconstruction.« Voilà neuf ans que la coalition est entrée en Afghanistan et rien n'a changé », déclare Rouslan...

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