Ces groupuscules qui se définissent comme « salafistes » prônent un retour aux pratiques de l'islam des origines. On les dit proches de la nébuleuse el-Qaëda. Selon Abou al-Bara al-Masri, qui se présente comme l'un de leurs chefs, ces groupes « jihadistes salafistes » sont actuellement au nombre de cinq dans le territoire (Jound Ansar Allah, Jaïch al-Islam, Tawhid wa Jihad, Jaïch al-Oumma et Ansar al-Sunna) et comptent plusieurs centaines de membres. « Il n'y a pas de compétition entre les groupes. Au contraire, les "frères" travaillent de concert », explique-t-il.
Abou Hamza al-Maqdisi, un dirigeant d'Ansar al-Sunna, reproche au Hamas d'abandonner ses principes religieux. « Nous n'avons pas l'intention de déclarer (le Hamas) apostat (...) mais nous pensons que l'application de la charia est nécessaire », insiste-t-il, réclamant par exemple l'obligation du voile intégral pour les femmes, l'interdiction du tabac et l'édification d'un émirat islamique.
Ce fondamentalisme, associé à la volonté de continuer sans relâche à combattre Israël, a poussé ces groupes à la confrontation avec le Hamas. La tension a atteint son paroxysme en août 2009 quand le Jound Ansar Allah a proclamé un « émirat » islamique dans une mosquée de Rafah (Sud). Les forces armées du Hamas ont alors envahi la mosquée et étouffé la tentative dans l'œuf (24 tués). « Depuis, nous avons été poursuivis en justice, arrêtés, nos familles ont été menacées pour les pousser à nous convaincre de nous rendre », dénonce Abou al-Masri. « Ils arrêtent les moujahidine (combattants islamiques) et les torturent. Ils ne torturent pas les collaborateurs d'Israël autant qu'ils torturent les combattants qui tirent des roquettes » contre l'État hébreu, accuse-t-il.
Un porte-parole du Hamas, Taher al-Nounou, dément toute chasse aux factions salafistes : « Nous respectons tous ceux qui travaillent dans un certain état d'esprit, qui œuvrent en conformité avec la loi et les ententes palestiniennes. »
Les groupuscules salafistes restent évasifs sur la réalité de leurs liens avec el-Qaëda, dont le jihadisme mondialisé se démarque de l'objectif des mouvements palestiniens, qui se concentrent sur la lutte contre Israël. « Nous soutenons nos frères de l'organisation dirigée par le cheikh Oussama Ben Laden », se contente de répondre Abou al-Masri.
Abou al-Maqdisi reconnaît quelques contacts informels : « Il y a eu des contacts entre individus de certaines organisations, mais cela ne veut pas dire que nos attitudes soient les mêmes, ou que nous coordonnions notre action militaire ou même notre financement. »
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