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Liban - Parlement

Les Libanais d’Israël enfin autorisés à rentrer

Le Liban a enfin approuvé le mécanisme en vertu duquel les Libanais qui s’étaient réfugiés en Israël, en 2000, pourraient regagner le pays sans être inquiétés.

Malgré une atmosphère souvent fiévreuse, la séance a été quand même fructueuse. Photo Sami Ayad

La guerre politique entre l’opposition et la majorité n’a pas empêché le Parlement de s’entendre sur un dossier des plus délicats : les Libanais réfugiés en Israël. Onze ans plus tard, le Liban a décidé de clore ce dossier en faisant abstraction des considérations politiques de l’époque. Du moins, jusqu’à une certaine mesure, puisque, à l’initiative du président de la Chambre, Nabih Berry, une clause a été ajoutée à la proposition de loi présentée par le bloc parlementaire de la Réforme et du Changement pour que les dossiers des hommes concernés soient étudiés au cas par cas. L’amnistie indirecte que suggère cette loi revêtue du caractère de double urgence concerne principalement les familles : femmes, enfants et vieux. M. Berry a tenu à préciser qu’elle doit concerner les personnes qui n’étaient pas « militairement affiliées » à Israël. « À mon avis, les autres doivent suivre en interne une session de trois mois au sein de l’armée pour qu’on puisse s’assurer de leur patriotisme et de leur allégeance nationale », a-t-il dit. « Nous devons établir un mécanisme de retour pour empêcher Israël d’enrôler ceux-là », a renchéri le député Yassine Jaber.
Des décrets d’application doivent suivre l’approbation de cette loi.
En tout, le Parlement a voté 22 textes de loi, dont un relatif à l’abaissement des amendes infligées aux retards dans le paiement de la taxe mécanique, un autre qui autorise le gouverneur et les vice-gouverneurs de la Banque centrale à poursuivre leur mission à l’expiration de leur mandat, jusqu’à ce que leurs successeurs soient nommés, un troisième qui concerne les salaires des fonctionnaires et des militaires – qui a suscité un long débat et certaines réserves, d’autant que le gouvernement n’a pas été en mesure de dire quel sera son impact sur le Trésor –, un quatrième – en dehors de l’ordre du jour – prévoyant l’ouverture d’un crédit de 6 milliards de livres au Parlement pour lui permettre d’achever les travaux de réaménagement et de restauration.
Une proposition de loi relative aux paiements d’indemnités aux anciens détenus dans les prisons syriennes a été renvoyée à la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice pour complément d’étude. Un projet de loi concernant les pensions de retraite des professeurs de l’Université libanaise a été retiré à la demande du gouvernement, dans la mesure où celui-ci est en train de revoir l’ensemble du panier salarial du corps enseignant à l’UL.

Accusations et reproches...
La réunion devait se terminer sur une note différente de celle de l’ouverture, marquée par un échange acerbe d’accusations et de reproches entre la majorité et l’opposition qui a mis l’accent sur le rapt d’opposants syriens et le mutisme du gouvernement par rapport à plusieurs incidents graves.
Le ton sur ce plan a été donné par le député Akram Chehayeb, relayé par ses collègues Ahmad Fatfat, Marwan Hamadé et Khodr Habib. M. Chehayeb a demandé à savoir pourquoi les dossiers de Chebli el-Ayssami, des frères Jassem et de Joseph Sader « ont été gelés au tribunal militaire, sachant que l’explication de la justice ne tient pas la route ». « Nous savons bien que les fantômes n’existent pas et que les ravisseurs sont des personnes expérimentées dans ce domaine. Nous voulons des réponses claires », a-t-il insisté avant de proposer la tenue d’une réunion des commissions ou du Parlement, mais à huis clos, qui sera consacrée à ce dossier.
M. Fatfat s’est arrêté sur l’absence de sécurité en insistant sur les incidents qui ponctuent les manifestations devant l’ambassade de Syrie à Hamra, la rixe à la LAU, mardi, l’expulsion de Kurdes de la région de Bourj-Hammoud ainsi que sur les menaces qui pèsent sur l’Escwa. « Nous n’avons entendu aucun commentaire du gouvernement sur ces questions. Ce silence ne révèle pas la dégradation du prestige de l’État, mais une décision d’anéantir ce prestige », a-t-il dit.
Le député Hagop Pakradounian devait réagir à l’affaire de Bourj-Hammoud en faisant état d’« informations erronées qui circulent » et en soulignant qu’elle a « pris une dimension politique qu’elle n’a pas ». « Dire qu’on chasse nos frères kurdes syriens relève de la diffamation et de la volonté de créer une discorde. Il s’agit d’une réglementation et d’une affaire de mœurs. Je souhaite bien qu’une question juridique et réglementaire ne soit pas exploitée à des fins politiques », a-t-il dit.
M. Khodr Habib a fait état d’un compte ouvert en son nom sur Facebook, « annonçant qu’il prépare un coup d’État en Syrie », affirmant que sa vie est en danger.
Le député Hassan Fadlallah s’en est pris violemment à l’opposition, accusant ses partisans de harceler les ouvriers syriens, de monter la population contre la Syrie et de battre des étudiants, « comme si Koraytem échappait au contrôle de l’État ». « Vous êtes le dernier à pouvoir parler de sécurité », l’a interrompu M. Hamadé, évoquant les îlots de sécurité contrôlés par le Hezbollah, avant que M. Berry n’intervienne pour éviter que le débat ne dégénère.
Mais celui-ci devait reprendre à la faveur d’une diatribe du député Ali Ammar contre Solidere. « Il est vrai que Beyrouth a été spoliée, a fait remarquer M. Ammar Houri, mais le 7 mai 2008. » M. Berry est de nouveau intervenu, conciliateur : « Beyrouth a été spoliée en 1982, lors de l’invasion israélienne, et c’est tout. »
La situation économique et le projet de réajustement des salaires ont été abordés par plusieurs députés. Des parlementaires de la majorité ont en outre épinglé le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Gebran Bassil, au sujet du dossier de l’électricité, dénonçant « un manque de transparence ».
La guerre politique entre l’opposition et la majorité n’a pas empêché le Parlement de s’entendre sur un dossier des plus délicats : les Libanais réfugiés en Israël. Onze ans plus tard, le Liban a décidé de clore ce dossier en faisant abstraction des considérations politiques de l’époque. Du moins, jusqu’à une certaine mesure, puisque, à l’initiative du président de la...

commentaires (8)

Ali, as-tu vécu, mon ami, cette histoire de la constitution de l'armée Libanaise du Sud ? Arafat et ses exactions en ont été la cause. Puis, sais-tu que la majorité des soldats dans cette force étaient des jeunes nés durant l'occupation et qui ne savaient pas ce que c'était le Sud pour le Liban ? Il y a tant de considération à prendre dans ces évènements. Ces soldats ont commencé comme des défenseurs des frontières contre les exactions de Arafat qui mettaient en danger le pays. L'inexistence de l'Etat au Sud les a transformés, sous les faits accomplis, en collabos. C'est mon avis. Anastase Tsiris

Anastase Tsiris

11 h 57, le 03 novembre 2011

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Ali, as-tu vécu, mon ami, cette histoire de la constitution de l'armée Libanaise du Sud ? Arafat et ses exactions en ont été la cause. Puis, sais-tu que la majorité des soldats dans cette force étaient des jeunes nés durant l'occupation et qui ne savaient pas ce que c'était le Sud pour le Liban ? Il y a tant de considération à prendre dans ces évènements. Ces soldats ont commencé comme des défenseurs des frontières contre les exactions de Arafat qui mettaient en danger le pays. L'inexistence de l'Etat au Sud les a transformés, sous les faits accomplis, en collabos. C'est mon avis. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    11 h 57, le 03 novembre 2011

  • Non Anastase, mon ami; rien ne peut justifier nos compatriotes qui se mis volontairement sous les ordres de l'ennemi occupant contre d'autres Libanais qui tentaient de résister et qui ont fini par vaincre... autrement l'histoire aurait été écrite différemment!! OK, d'autres se sont fait aidés et leur ont serré la main... ça a conduit droit à Sabra et Chatila... mais c'est une autre question!

    Ali Farhat

    07 h 37, le 03 novembre 2011

  • Bonne mesure pour les sudistes . Mais espérons qu ils ne seront pas poursuivis ou kidnappés comme dans le passé . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    06 h 57, le 03 novembre 2011

  • Il est sidérant de voir les 8 marsiens applaudir à cette initiative, car présentée aujourd'hui par le CPL. Quand cette même demande était présentée ou discutée par les 14 marsiens, en l'occurence le jeune Sami Gémayel, ils s'acharnaient contre eux et les accusaient d'être à la solde de l'ennemi, pour oser parler de rapatrier ceux qu'ils qualifiaient de "traîtres" et leurs familles. Constatez-vous, aujourd'hui, comme les moutons de Panurge suivent la tête baissée, avec des Ma3..Ma3...Ma3... là où le grand mouton les mène ? Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    06 h 05, le 03 novembre 2011

  • Avant tout, bravo à ce gouvernement et parlement qui bossent sérieusement et normalement pour le bien du pays et encore une fois bravo aux propositions de loi du CPL. Je trouve que c'est une loi juste et équilibrée comme début. Rien n'empêche dans un future de réétudier la question pour les autres qui ont collaborer directement avec l'ennemi. Les questions humanitaires priment!

    Ali Farhat

    04 h 07, le 03 novembre 2011

  • Enfin on a compris qu'il fallait rapatrier les Libanais réfugiés en Israël. Qu'on leur donne des leçons de patriotisme et qu'on leur fasse sentir de nouveau qu'ils sont des Libanais, après les avoir abandonnés dans les bras de l'ennemi, est un devoir. Mais, pour qu'ils se sentent vraiment Libanais, toute cette periode devrait être oubliée complètement. Cette periode avait ses raisons. L'Etat était abscent du Sud. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    03 h 52, le 03 novembre 2011

  • - - Les lois votées , et toutes proposées par le BCR se succèdent au service d'un citoyen laissé , oublié , négligé , abandonné , ignoré , spolié , racketté , pillé , fauché , insulté , exclu d'une société élitiste et clanique , qui a gouverné pendant 20 ans en se servant elle même en circuit fermé , créant ainsi une nouvelle classe de nouveaux riches avec à leur service , les anciens " riches " devenus pauvres eux aussi , qui gravitent aujourd'hui autour d'eux et de la sainte famille , avec des aboyeurs bien formés , qui passent leur temps au parlement , à bloquer les lois et les réformes , et ne voient que le TSL de la sainte famille et le régime Syrien qui les empêche d'accéder au pouvoir dans les deux pays . Merci mon général pour toutes ces lois , merci pour les Libanais d'Israël , merci pour les indemnités des anciens détenus dans les prisons Syriennes , et merci pour les pensions de retraite des professeurs de l'UL et pour bien d'autres projets de lois , et ce n'est pas fini ..

    JABBOUR André

    01 h 33, le 03 novembre 2011

  • La clause de l'étude au cas par cas annule pratiquement tout ce que cette loi aurait eu de grand et de beau.C'est comme une amnistie générale qui ne s'appliquerait qu'au cas par cas....on a bien amnistié un assassin comme Chartouni....et çà n' a pas été au cas par cas!Alors,pas de cas par cas non plus pour ce "droit au retour"....tiens,çà ne vous rappelle rien?!

    GEDEON Christian

    20 h 11, le 02 novembre 2011

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