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Liban - Douzième rapport sur la 1559

Ban dénonce le climat d’intimidation créé par « la milice du Hezbollah»

Le douzième rapport de Ban Ki-moon sur le suivi de l'application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité dresse, une nouvelle fois, un bilan sévère des retombées de la non-dissolution des milices sur la situation interne. Ban dénonce notamment le climat d'intimidation créé par la « milice du Hezbollah », soulignant que le Liban ne devrait pas être un « théâtre de conflit pour des aspirations régionales ». Le rapport souligne en outre que les forces de sécurité se doivent de « protéger les civils ».

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a remis hier aux membres du Conseil de sécurité son douzième rapport semestriel sur le suivi de l'application de la 1559. Ce document de 9 pages, qui constitue une évaluation détaillée de l'application de cette résolution depuis le rapport précédent (19 avril 2010), décrit les problèmes qui continuent d'entraver les efforts visant à renforcer la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance politique du Liban, en application de la résolution. Il fera l'objet de consultations prévues le 28 octobre.
Ban Ki-moon constate dans son rapport que depuis l'adoption de la résolution 1559 du Conseil de sécurité, le 2 septembre 2004, « plusieurs de ses dispositions ont été appliquées, mais la résolution 1559 attend encore d'être pleinement appliquée ». « La délimitation de la frontière commune entre le Liban et la Syrie est une tâche qui n'a pas encore été réalisée malgré les vifs encouragements que le Conseil de sécurité avait adressés à ce sujet dans sa résolution 1680, souligne Ban Ki-moon. La délimitation et la délinéation des frontières libanaises sont un indicateur fondamental et un élément intrinsèque pour garantir l'intégrité territoriale. Malgré l'amélioration des relations entre la Syrie et le Liban, et en dépit des encouragements favorables de la part de la Syrie, aucun progrès tangible n'a été accompli », déplore-t-il.
Ban indique que durant la période en cours, il est resté en contact régulier et étroit avec toutes les parties au Liban, et aussi avec les dirigeants régionaux et internationaux concernés. À toutes ces occasions, il a exprimé le soutien total des Nations unies à la souveraineté, à l'indépendance, et à l'intégrité territoriale du Liban, sans interférence étrangère.

Violations israéliennes et activités d'espionnage
Israël, en violation de la souveraineté libanaise et de la résolution 1701 et les résolutions pertinentes du Conseil, continue d'occuper la partie nord de Ghajar. Ban Ki-moon note que cette question sera détaillée dans le prochain rapport sur l'application de la résolution 1701 prévu fin octobre. Les efforts diplomatiques concernant les fermes de Chebaa n'ont toujours pas eu de résultats, indique-t-il. Quant aux intrusions israéliennes quasi quotidiennes dans l'espace aérien libanais qui accroissent les tensions, elles constituent des violations de la souveraineté libanaise et vont à l'encontre des résolutions 1559 et 1701, écrit-il. Le gouvernement libanais a protesté, à maintes reprises, contre ces violations. Ban Ki-moon note aussi qu'il a abordé cette question au plus haut niveau avec les autorités israéliennes, qui prétendent que ces survols sont motivés par des raisons de sécurité, en citant de présumées violations de l'embargo sur les armes imposé en application de la résolution 1701. Quant aux activités d'espionnage, il indique aussi que le gouvernement libanais lui a adressé une lettre ainsi qu'au président du Conseil de sécurité au sujet des activités de présumés réseaux d'espionnage dans le pays, qui représentent une agression contre le Liban et sa souveraineté.

Contrôle du gouvernement à l'ensemble du territoire libanais
Ban Ki-moon rappelle que le gouvernement libanais a réitéré à l'ONU son intention d'exercer son contrôle sur l'ensemble du territoire libanais, de façon à être tôt ou tard le seul à disposer de la force armée, conformément à la résolution. Dans ce contexte, l'armée libanaise et les Forces de sécurité intérieure, bien qu'elles continuent d'être exposées à de nombreux défis, jouent un rôle crucial dans le renforcement de la souveraineté libanaise et du contrôle du Liban sur l'ensemble du territoire, et contribuent à la stabilité dans ce pays.
Ban Ki-moon exprime aussi son inquiétude au sujet du nombre croissant d'incidents sécuritaires à l'arme lourde dans des régions habitées. L'incident le plus sérieux a eu lieu à Bourj Abi Haïdar survenu le 24 août dernier entre les éléments favorables au Hezbollah et al-Ahbach. Ces incidents confirment la présence d'armes lourdes détenues par des « acteurs n'appartenant pas au gouvernement » dans des régions populaires. Ce qui démontre une fois de plus un dédain de la sécurité des civils libanais et de la loi libanaise par des groupes armés. À la suite de cet incident, le Premier ministre a lancé un appel pour que la capitale soit libre de toute présence d'armes, une initiative que les membres du Hezbollah ont rejetée, rappelle-t-il. Le rapport remarque par ailleurs qu'au cours de la période examinée, les sources sécuritaires libanaises ont signalé plusieurs fusillades et explosions qui ont eu lieu à l'intérieur et à l'extérieur d'installations paramilitaires appartenant au FPLP-CG et au Fateh al-intifada, dans la Bekaa-Est. Le fait que ces installations soient situées à proximité de la frontière représente un défi de plus à surmonter pour le contrôle de la frontière terrestre.

L'embargo sur les armes
Étant donné l'inquiétude exprimée au sujet de la présence continue et des activités des milices au Liban, l'amélioration de la gestion et le contrôle des frontières terrestres sont critiques pour prévenir le flux des armes aux groupes armés. De nombreux États membres ont exprimé leur inquiétude au sujet de transfert d'armes en contrebande à travers les frontières terrestres. Les autorités libanaises reconnaissent la porosité de la frontière, mais l'ONU n'a pas les moyens de les vérifier de façon indépendante. Cette question a été soulevée auprès des dirigeants régionaux et Ban a sollicité leur aide à cet égard. Tous les États doivent respecter l'embargo sur les armes. Il s'agit là d'une condition essentielle pour assurer la stabilité au Liban et dans la région. Dans ce contexte, les autorités libanaises ont réaffirmé leur engagement à améliorer la surveillance des frontières terrestres afin d'empêcher l'entrée non autorisée d'armes, de munitions et de personnes dans le pays. Il n'en demeure pas moins que des efforts doivent être intensifiés et devenir plus systématiques conformément aux recommandations de l'Équipe indépendante chargée de l'évaluation de la frontière libanaise (Libat).

Désarmement des milices libanaises et non libanaises
Malheureusement, les milices libanaises et non libanaises continuent d'opérer dans le pays échappant au contrôle du gouvernement, ce qui constitue une violation grave de la résolution 1559, note Ban Ki-moon dans son rapport. Bien que de nombreux groupes à travers le spectre politique du Liban possèdent des armes en dehors du contrôle du gouvernement, comme l'ont montré les récents incidents sécuritaires, l'armement de la branche armée du Hezbollah reste le plus significatif et la milice libanaise est la plus armée dans le pays. En outre, plusieurs milices armées palestiniennes opèrent dans le pays à l'intérieur et à l'extérieur des camps de réfugiés. En effet, en dépit des dispositions de la résolution, le Hezbollah maintient une capacité militaire substantielle qui reste distincte qui pourrait dépasser les capacités de l'armée libanaise. En outre, l'ONU continue de recevoir des rapports réguliers affirmant que le Hezbollah a modernisé et élargi son arsenal et ses moyens militaires. Le Hezbollah lui-même n'a pas démenti ces affirmations et ses dirigeants ont déclaré publiquement que l'organisation était dotée d'importants moyens militaires, indique le rapport. L'ONU n'est pas en mesure de vérifier les rapports qu'elle reçoit, mais les prend très au sérieux. Le fait que le Hezbollah dispose d'un important arsenal échappant au contrôle du gouvernement reste au cœur du débat public. Ban Ki-moon demeure persuadé que le désarmement du Hezbollah et d'autres milices ne peut se faire qu'à travers un processus politique libanais.
Quant à la situation des Palestiniens au Liban, Ban Ki-moon signale avec satisfaction l'appel public des Palestiniens du Liban à respecter la souveraineté, l'indépendance politique du Liban, ainsi que la loi et la sécurité libanaises. Il a indiqué que malgré certains incidents sécuritaires, une plus étroite coopération entre les Palestiniens et les autorités libanaises a amélioré la sécurité dans les camps. Un grand effort est fait pour améliorer la situation des réfugiés palestiniens.

Garantie du gouvernement d'unité nationale
Dans ses observations, Ban Ki-moon rappelle que le fonctionnement du gouvernement d'unité nationale est la meilleure garantie pour maintenir le calme et promouvoir le dialogue, conformément aux engagements faits par tous les leaders à Doha en mai 2008. « Je suis extrêmement inquiet de la montée de la tension politique que connaît récemment le pays, écrit-il. Le Liban expérimente un climat d'incertitude et de fragilité. Il est donc impératif que l'esprit d'entente et de respect pour les principes de la sécurité prenne le dessus. Les dirigeants politiques du pays doivent se concentrer pour renforcer la souveraineté et l'indépendance de leur pays et de ses institutions. J'exhorte tous les leaders politiques à transcender les intérêts sectaires et individuels pour promouvoir l'avenir et les intérêts de la nation. Le Liban, au cours des six derniers mois, a continué à réaliser l'application de la résolution. Toutefois, il y a encore des progrès tangibles à faire. Les questions qui restent en suspens sont les plus ardues. »
Ban constate aussi que l'existence de milices échappant au contrôle du gouvernement libanais constitue un défi pour l'État dans l'exercice de sa pleine souveraineté et le contrôle de son territoire. C'est aussi une anomalie fondamentale et dangereuse qui met en péril les aspirations démocratiques du Liban et menace la paix nationale. La dissolution et le désarmement des milices sont d'une importance vitale pour renforcer la souveraineté et l'indépendance politique du Liban. Je déplore l'utilisation par des « acteurs qui ne font pas partie d'un État » d'armes lourdes dans des régions peuplées et appelle toutes les parties à l'intérieur et à l'extérieur du Liban à cesser toute contrebande d'armes.
Le maintien par le Hezbollah d'une capacité paramilitaire indépendante reste au centre du débat politique au Liban et du processus de réconciliation après la guerre civile. Son important arsenal militaire crée une atmosphère d'intimidation et compromet gravement la sécurité des civils libanais et l'autorité du gouvernement. Ban Ki-moon appelle les dirigeants du Hezbollah à achever la transformation du groupe en parti politique uniquement libanais et de se désarmer, conformément aux dispositions de l'accord de Taëf. Les parties régionales qui maintiennent des liens étroits avec le Hezbollah devraient l'encourager dans ce sens.
Les incidents sécuritaires récents ont mis en lumière la nécessité pour les FSI de faire davantage pour prévenir et répondre aux actes de violence. De tels actes ne devraient pas être tolérés par le gouvernement libanais ainsi que par les partis politiques. Bien que les forces de sécurité libanaises restent prudentes pour éviter d'enflammer les tensions sectaires en prenant partie dans des rixes armées, elles doivent renforcer la loi libanaise et protéger les civils, insiste-t-il. Les forces armées libanaises jouent un rôle crucial pour le renforcement de la souveraineté et le contrôle de tout le territoire, afin de parvenir à la stabilité. Ban demande à tous les États donateurs d'apporter leur soutien à l'armée libanaise, et de l'assister pour qu'elle puisse améliorer ses capacités logistiques et opérationnelles.
En résumé, Ban Ki-moon reste conscient de la combinaison de méfiance qui règne entre les parties et la présence continue des milices qui pourraient mener à des tensions et une possible insécurité et à une instabilité au Liban et au-delà. Le pays ne devrait pas être un théâtre de conflit pour des aspirations régionales. Il est donc impératif que le Liban préserve sa coexistence dans le respect mutuel, conformément à l'accord de Taëf. Ban appelle tous les amis et voisins du Liban à jouer un rôle constructif en soutenant, de bonne foi, le gouvernement d'unité nationale, tout en tenant compte de tous les sacrifices que le Liban a endurés pour sa souveraineté et son indépendance.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a remis hier aux membres du Conseil de sécurité son douzième rapport semestriel sur le suivi de l'application de la 1559. Ce document de 9 pages, qui constitue une évaluation détaillée de l'application de cette résolution depuis le rapport précédent (19 avril 2010),...

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