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Liban - Débat

Les milieux du 14 Mars fustigent le dernier point de presse de Nasrallah

De nombreux ténors et pôles du 14 Mars ont réagi hier à la dernière conférence de presse de Hassan Nasrallah, soulignant que le chef du Hezbollah avait été très peu convaincant, et qu'en tout état de cause, tout indice se rapportant à l'assassinat de Rafic Hariri et aux autres attentats qui ont suivi devrait être soumis au Tribunal spécial pour le Liban.
Plusieurs ténors et responsables de la coalition du 14 Mars ont fustigé, voire tourné en dérision, la dernière conférence de presse du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lundi soir, au cours de laquelle il a exposé des documents et des images qu'il a présentés comme étant des indices de l'implication d'Israël dans l'assassinat de Rafic Hariri. Les milieux du 14 Mars ont notamment souligné à l'unisson à ce sujet que si Nasrallah a de nouveaux indices ou éléments d'information au sujet de l'attentat du 14 février 2005, il devra les soumettre à la seule autorité judiciaire compétente en la matière, le Tribunal spécial pour le Liban.
Le leader des Kataëb, le président Amine Gemayel, a déclaré, dans une interview accordée à la chaîne al-Jazira, que le secrétaire général du Hezbollah a présenté au cours de sa conférence de presse de lundi « des indices, et il existe une grande différence entre des indices et des preuves ». « Si les enquêteurs internationaux sont en possession d'indices, ils devront alors les comparer à ceux du Hezbollah, a souligné le président Gemayel. S'ils possèdent des preuves, ils devront alors aller de l'avant dans la publication de l'acte d'accusation », a-t-il dit.
Le leader des Kataëb a souligné par ailleurs que la conférence de presse de Nasrallah a revêtu « un caractère dramatique fondé sur une technologie avancée en matière d'espionnage ». « Cela nous a rappelé les films d'espionnage, et cela ne suffit pas pour constituer des indices irréfutables, a déclaré le président Gemayel. Il ne s'agissait que d'indices classiques (...). Le Hezbollah doit coopérer avec le tribunal ou soumettre ses informations au parquet libanais en vue d'une coopération avec le tribunal afin de dévoiler la vérité. Les familles (des martyrs) doivent savoir qui a tué leurs proches, non pas par esprit de vengeance, mais pour connaître la vérité ». En conclusion, le leader des Kataëb a réaffirmé son entière confiance dans le tribunal « qui est totalement crédible ».

Les critiques de Kabbara
Le député de Tripoli, Mohammad Kabbara, a vivement critiqué, en des termes sévères, le chef du Hezbollah, dénonçant notamment le fait que Nasrallah ait souligné au cours de sa conférence de presse qu'il n'envisageait pas de soumettre les indices en sa possession au Tribunal spécial pour le Liban car il n'avait pas confiance en cette instance. « Nous ne savons pas quelle est l'instance en laquelle Hassan Nasrallah a confiance pour l'enquête sur l'assassinat du président martyr Rafic Hariri, a notamment déclaré M. Kabbara. Il a peut-être confiance en cette commission qu'il a formée au sein du parti afin qu'elle lui prépare cette prestation politique (de lundi soir) qui a pris la forme d'un exposé de vices de forme portant sur les accusations que le tribunal international semble s'apprêter à lancer contre des éléments du Hezbollah. »
Et Mohammad Kabbara d'ajouter : « Il (Hassan Nasrallah) a supposé qu'il fait face à une accusation et il s'est livré à une défense à caractère politique qui n'a convaincu personne, sauf peut-être l'équipe de production et de réalisation qui lui a monté le dernier épisode de la série d'apparitions à la télévision dans laquelle s'est lancé Nasrallah. Nous avons souligné à plus d'une reprise que nous n'avons aucune donnée se rapportant au cours de l'enquête internationale, de même que nous n'avons aucune indication concernant la teneur de l'acte d'accusation ou la date de sa parution. Que sayyed Nasrallah prévoie à l'avance la teneur de l'acte d'accusation et qu'il se lance dans une campagne orchestrée afin de torpiller le tribunal international, cela est plus que surprenant. Que sayyed Nasrallah annonce en toute franchise hier (lundi) qu'il est contre le tribunal international, cela ne peut que dévoiler les tenants et les aboutissants de la crise politique provoquée par le passé par le Hezbollah lorsqu'il s'est retiré du gouvernement (présidé par Fouad Siniora). Cela dévoile les moyens utilisés pour empêcher la création du tribunal international, puis pour le torpiller aujourd'hui lorsqu'ils ont senti qu'il constituait un danger pour eux. »
M. Kabbara a, d'autre part, souligné que Nasrallah a parfaitement le droit de se défendre si l'acte d'accusation met en cause des membres du Hezbollah. « Mais ce que nous voulons, a précisé le député de Tripoli, c'est qu'il présente sa défense devant le tribunal international en charge du procès et non pas à travers des apparitions à la télévision qui ne changeront en rien dans le cours de l'enquête ou dans la teneur de l'acte d'accusation. De ce fait, nous invitons sayyed Nasrallah à présenter les indications en sa possession au tribunal, indépendamment de l'acte d'accusation. Si sayyed Nasrallah n'a pas confiance dans le tribunal, nous demandons alors, avec le peuple libanais, quelle est l'instance à laquelle Nasrallah pourrait avoir recours pour imposer le scénario qu'il cherche à faire avaliser au sujet de l'assassinat de Rafic Hariri ? »

Allouche et Sayegh
De son côté, l'ancien député Moustapha Allouche, membre du bureau politique du Courant du futur, a souligné que Hassan Nasrallah aurait dû depuis longtemps présenter les indices qu'il a évoqués lundi soir. Il a indiqué sur ce plan que les images, exposées par le leader du Hezbollah, « ne sont que des indices conjoncturels, alors que les indices matériels sont liés à des tests d'ADN et à des empreintes ». Soulignant qu'il revient uniquement aux enquêteurs de décider de l'importance des éléments d'information présentés par Nasrallah, l'ancien député a déclaré que la thèse d'une implication d'Israël dans l'assassinat de Rafic Hariri « est très logique, car l'État hébreu était très gêné par l'action du président martyr Rafic Hariri ». « Mais ce qui est important, a souligné M. Allouche, ce n'est pas le scénario que chacun d'entre nous peut inventer, mais plutôt les indices probants sur le terrain. » Et M. Allouche de conclure : « Les données présentées par sayyed Nasrallah sont basées sur des analyses et non pas sur des réalités. »
Le ministre des Affaires sociales, Sélim Sayegh, membre du bureau politique Kataëb, a déclaré que les indices présentés par Nasrallah « sont dignes d'intérêt et devraient être transmis au tribunal international ». M. Sayegh a souligné que de tels problèmes « ne peuvent pas être soulevés par le biais des médias, mais devraient être soumis au tribunal international qui est seul habilité à prendre la décision qu'il faut sur ce plan ».
Le député Kataëb Élie Marouni a relevé pour sa part que Nasrallah « n'a rien apporté de nouveau ». « Israël filme constamment le territoire libanais et surveille sans cesse les leaders libanais », a déclaré M. Marouni qui a estimé que la prestation de Nasrallah a été « un échec ». « Il n'a pas été un avocat brillant car il ne nous a pas convaincus », a déclaré le député Kataëb qui a relevé que le chef du Hezbollah n'avait présenté aucun indice au sujet des autres martyrs tombés après l'assassinat de Rafic Hariri.
Pour sa part, le député Amine Wehbé, membre du directoire de la Gauche démocratique, a déclaré qu'il « n'est nullement de notre intérêt, en tant que Libanais et Arabes, d'insuffler au sein de notre société un esprit hostile à la justice internationale et à la légalité internationale, car la justice en Occident est indépendante ». Et M. Wehbé de souligner que « les magistrats du tribunal international ne tolèrent en aucune façon l'intimidation et le chantage politiques ».
Plusieurs ténors et responsables de la coalition du 14 Mars ont fustigé, voire tourné en dérision, la dernière conférence de presse du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lundi soir, au cours de laquelle il a exposé des documents et des images qu'il a présentés comme étant des indices de...

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