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Liban

Israël qualifie de « crime de guerre » l’affaire de la cargaison d’armes destinée au Hezbollah

Israël est revenu hier à la charge, accusant le Hezbollah d'être le destinataire du cargo contenant un stock d'armes - le plus important du genre - saisi par l'État hébreu au large des côtes chypriotes.
Le Hezbollah a dénoncé hier « les allégations de l'État hébreu », estimant que ce dernier cherche à occulter les faits qui seront révélés lors de la discussion du rapport Goldstone à New York accusant Israël d'avoir commis des crimes à Gaza, l'hiver dernier.  
Intercepté, dans la nuit de mardi à mercredi, en Méditerranée, à 180 km du littoral israélien, avec un chargement de plusieurs centaines de tonnes d'armes, le Francop, un cargo allemand battant pavillon d'Antigua, « a été autorisé à prendre le large mercredi soir et les armes saisies à son bord ont été entreposées dans une base militaire du sud » d'Israël, a précisé hier un porte-parole de l'armée israélienne.
Le quotidien israélien Haaretz a indiqué pour sa part que l'acheminement de la cargaison d'armes a entamé son voyage il y a une dizaine de jours. Selon le manifeste, la cargaison était destinée à la Syrie. Elle aurait été déchargée en Égypte et rechargée trois jours plus tard sur le Francop, un cargo allemand opéré par une société chypriote. Les membres de l'équipement ont unanimement affirmé qu'ils n'étaient pas au courant de la nature de la marchandise qui se trouvait dans les conteneurs.
Pour sa part, le Hezbollah a « catégoriquement démenti » tout lien avec la cargaison du Francop et a dénoncé « la piraterie israélienne dans les eaux internationales ».
Dans un communiqué, le parti chiite a démenti « avoir un lien quelconque avec les armes que l'ennemi sioniste prétend avoir saisi à bord du cargo Francop ».
Dans un entretien télévisé, le ministre des Affaires étrangères, Faouzi Salloukh, a estimé que « ce qu'Israël a fait est clairement un acte de piraterie », affirmant que les « allégations israéliennes ne concernent pas seulement le Liban, mais également la communauté internationale du fait même que le Liban dispose d'une surveillance maritime internationale sur base de la résolution 1701 ». « Par conséquent, a-t-il dit, tout ce qui est introduit au Liban est contrôlé par les forces onusiennes », précisant que les navires sont régulièrement soumis à un strict contrôle.
Interrogé sur les mesures diplomatiques que pourrait prendre le Liban à l'égard de cet incident, il a indiqué : « Nous avons déjà procédé aux contacts. Cela nécessite encore des discussions. Mais nous nous attendons à ce que la Finul fasse de même. Car ce qu'a fait l'État hébreu et les allégations qu'il a avancées au sujet du cargo sont une tentative de porter atteinte au rôle de la Finul sur le territoire libanais. »
Prié de commenter le timing de cette affaire, il a répondu que cet incident « vise à occulter les faits qui seront révélés lors de la discussion du rapport Goldstone à New York », rapport qui doit être débattu à l'Assemblée générale des Nations unies, et qui accuse Israël d'avoir commis des crimes à Gaza.
La réaction du Hezbollah est venue après celle du ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, qui avait indiqué que le rapport relatant la saisie d'armes est « fabriqué ». L'Iran a également rejeté ces accusations.

Pas de preuves
pour l'instant

Pour le moment, les autorités israéliennes n'ont pas fourni de preuves tangibles que la cargaison d'armes venait d'Iran.
À l'appui des accusations israéliennes, la presse a publié la photo d'un conteneur du Francop marqué de l'acronyme IRISL (Islamic Republic of Iran Shipping Lines).
Contrôlée par l'État iranien, cette compagnie est l'une de celles qui sont visées par les sanctions décidées par le Conseil de sécurité de l'ONU en raison de leur rôle dans le transport de matériaux liés au programme nucléaire de Téhéran, précise le quotidien Haaretz.
Selon les médias israéliens, les services de renseignements et l'armée de l'air ont surveillé le chargement depuis le port iranien de Bandar Abbas jusqu'à celui de Damiette en Égypte, où il a été transféré à bord du Francop.
Ce stock d'armes - la plus importante saisie du genre par Israël - « aurait permis au Hezbollah de soutenir un mois d'effort de guerre », a estimé un haut gradé de Tsahal.
« Israël est habilité à contrôler des navires, en vertu de la résolution 1747 du Conseil de sécurité de l'ONU qui interdit tout trafic d'armes à partir de l'Iran ou vers ce pays », a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Yigal Palmor.
Les commandos marins israéliens interviennent régulièrement et discrètement pour empêcher le ravitaillement en armes de ses ennemis, a affirmé hier un responsable des forces navales.
« En tant que commandant d'une vedette lance-missiles, je peux vous dire que nous participons régulièrement à de nombreuses opérations similaires à celle réalisée dans la nuit de mardi à mercredi », a affirmé à la radio le commandant de marine Ziv, identifié seulement par son prénom.
« Je ne peux pas donner de précisions sur ces missions car nous agissons dans le secret, et c'est préférable. Depuis quelques jours, nous nous étions préparés », a ajouté l'officier, qui a participé à l'opération.

Netanyahu parle
de « crime de guerre »

De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié le transport d'une telle quantité d'armes de « crime de guerre ». M. Netanyahu a appelé l'ONU à agir contre Téhéran.
« Nous avons saisi une quantité importante d'armes en provenance d'Iran et à destination du Hezbollah via la Syrie. La majeure partie de ces armes étaient destinées à tuer des civils, femmes, enfants et vieillards », a déclaré M. Netanyahu lors d'une conférence de presse au ministère de la Défense à Tel-Aviv.
Le Premier ministre a ajouté que l'Assemblée générale des Nations unies « aurait dû enquêter et condamner ce crime. De même que le Conseil de sécurité aurait également dû se réunir pour une session spéciale en vue de débattre de cet incident », a-t-il commenté à l'adresse de l'organisation internationale.
« C'est sur ce sujet que la communauté internationale devrait se pencher plutôt que de s'occuper du rapport Goldstone », a ajouté M. Netanyahu.
Cette saisie d'armes survient au moment où l'Assemblée générale de l'ONU débat d'un rapport rédigé par le juge sud-africain Richard Goldstone qui accuse Israël de « crimes de guerre » durant son offensive militaire dans la bande de Gaza l'hiver dernier.
Israël a vivement dénoncé ce document et averti que sa condamnation devant l'ONU empêcherait les pays démocratiques de se défendre contre le « terrorisme international ».
« Notre armée est la plus morale du monde alors que nos soldats affrontent des criminels de guerre, il est temps que la communauté internationale reconnaisse la vérité », a plaidé M. Netanyahu à Tel-Aviv.
Selon les médias israéliens, l'annonce de la saisie tombe à point nommé pour Israël qui veut convaincre la communauté internationale des intentions belliqueuses de Téhéran et de ses alliés.
« Les officiels à Jérusalem n'avaient même pas osé rêver d'une meilleure date pour la capture du navire. Pour Israël, c'est un don du ciel », écrit jeudi le quotidien Maariv dans un éditorial.
Sitôt la saisie d'armes annoncée, le ministère israélien des Affaires étrangères a fait paraître une notice sommant ses diplomates à travers le monde à utiliser cet incident pour exercer une pression internationale sur l'Iran. Les diplomates israéliens ont reçu l'ordre de mettre l'accent sur la violation par l'Iran de la résolution du Conseil de sécurité (1747) interdisant l'approvisionnement de la Syrie ou le Hezbollah. Le texte invite les diplomates à insister sur le fait que « l'Iran est en train de défier le Conseil de sécurité, constituant ainsi une menace stratégique pour la stabilité et la paix dans le monde ».
Le Hezbollah a dénoncé hier « les allégations de l'État hébreu », estimant que ce dernier cherche à occulter les faits qui seront révélés lors de la discussion du rapport Goldstone à New York accusant Israël d'avoir commis des crimes à Gaza, l'hiver dernier.  Intercepté, dans la nuit de...

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