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Des jihadistes obscurs s'invitent dans le conflit syrien

Le conflit syrien a favorisé l'apparition de groupuscules islamistes revendiquant des attentats sanglants qui agissent de leur propre chef ou sont instrumentalisés par le régime pour ternir l'image de l'opposition, estiment des experts.

"Al-Qaïda n'est pas en Syrie. Mais il existe aujourd'hui quelques groupuscules de jihadistes qui optent pour le mode d'action" du réseau extrémiste, explique Mathieu Guidère, spécialiste du monde arabe et musulman basé en France.

"On sait que ce sont des Syriens, pas des étrangers, qu'ils sont très peu nombreux et que pour l'instant, personne ne les connaît, ni Al-Qaïda, ni les rebelles", ajoute l'expert.

Le 10 mai, un double attentat fait 55 morts à Damas. Régime et opposition se rejettent la responsabilité de l'attaque, la plus meurtrière depuis le début en mars 2011 de la contestation populaire qui s'est militarisée au fil des mois face à la répression sans répit menée par le régime de Bachar al-Assad.

Un groupuscule inconnu avant la révolte, le Front Al-Nosra, l'a revendiqué ainsi que d'autres attentats.

A mesure que la Syrie s'enfonce dans le chaos, "nous devons nous attendre à la prolifération de groupes radicaux", selon Joshua Landis, spécialiste du Moyen-Orient.

Quelle que soit leur identité, les auteurs de ces attaques "utilisent la signature d'Al-Qaïda. Les attentats concomitants, c'est la marque de fabrique" du réseau fondé par Oussama Ben Laden, souligne M. Guidère, auteur de plusieurs ouvrages sur Al-Qaïda.

Ces attaques particulièrement sanglantes rappellent celles ayant ensanglanté l'Irak, revendiquées par Al-Qaïda et ses affidés.

En l'absence de toute preuve, M. Guidère avance deux hypothèses: "Soit ce sont des groupuscules qui, comme les shebabs de Somalie (insurgés islamistes intégrés à Al-Qaïda), veulent être reconnus et obtenir le label d'Al-Qaïda", soit "deuxième hypothèse, plus crédible, ces groupes font ou 'on' leur fait faire des attentats pour que (l'opinion) les confonde justement avec Al-Qaïda".

Les renseignements syriens ont souvent été accusés de manipuler et d'"exporter" des jihadistes pour déstabiliser l'Irak et le Liban voisins.

A qui profite le crime?

Selon les experts, la confusion sert en premier lieu le régime.

"Cette ambiguïté profite uniquement à la politique d'assimilation de la rébellion aux terroristes que le régime mène depuis un an", dit M. Guidère.

Le pouvoir se dit victime d'un complot d'Al-Qaïda soutenu par l'Occident pour justifier sa répression de la révolte qui a fait des milliers de morts.

Ces attentats seraient pour le régime un moyen de "nuire à l'image de ses ennemis et (...) d'alimenter les réticences occidentales à s'impliquer dans un conflit chaotique", note International Crisis Group.

"Bachar al-Assad a dit 'si vous défiez mon pouvoir, ça sera le chaos'. Cette prophétie semble se réaliser", affirme Salman Shaikh, directeur du centre Brookings à Doha. "C'est le régime qui a créé cet environnement (d'instabilité) en adoptant la solution sécuritaire" face à l'opposition.

Selon lui, le "degré de sophistication" des attentats montre en outre qu'un groupuscule comme le Front al-Nosra n'a pu agir sans l'aide de "forces professionnelles", en raison de la difficulté de se procurer les tonnes d'explosifs utilisées dans les derniers attentats.

Les rebelles, en majorité des dissidents possédant des armes légères emportées dans leur désertion, accusent Damas de créer des groupes pour "saboter" leur action.

"Ce type d'attentat ne peut pas profiter aux rebelles, qui n'ont aucun intérêt à coller autant à Al-Qaïda", estime M. Guidère.

D'ailleurs, lorsque le chef du réseau Ayman al-Zawahiri a manifesté son soutien à la révolte, ils ont rejeté son "ingérence".

De plus, pour les analystes, le courant incarné par les Frères musulmans de Syrie n'a rien à voir avec le militantisme d'Al-Qaïda.

"Les deux sont comme l'huile et l'eau, ils ne se mélangent pas", assure M. Shaikh.
Le conflit syrien a favorisé l'apparition de groupuscules islamistes revendiquant des attentats sanglants qui agissent de leur propre chef ou sont instrumentalisés par le régime pour ternir l'image de l'opposition, estiment des experts."Al-Qaïda n'est pas en Syrie. Mais il existe aujourd'hui quelques groupuscules de jihadistes qui optent pour le mode d'action" du réseau extrémiste, explique...