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Culture - Cimaises

Mounir al-Shaarani, en toutes lettres

En formes, lignes, points et arabesques, la calligraphie de l’artiste syrien Mounir al-Shaarani s’expose à la galerie Art on 56th* jusqu’au 29 janvier. Un graphisme visuel novateur qui brise toute contrainte historique.

... comme des notes de musique.

« Mon œuvre contemporaine tire son essence des racines de la calligraphie arabe », affirme Mounir al-Shaarani en présentant son travail. Un travail qui tout en s’inspirant du passé, du traditionnel n’est ni commun, ni courant, ni même du déjà-vu. Nouvelle et réformatrice, l’œuvre reflète une recherche continue, approfondie d’un art qui a été non seulement sanctifié par les Ottomans mais rigidifié. « Je fais un éclairage sur notre héritage calligraphique en lui ajoutant un regard critique pour le libérer de sa cage dorée, de son inertie et des conventions qui l’ont limité aux textes sacrés, l’isolant de toute autre vie sociale. Je cherche ainsi, ajoute-t-il, à conforter la position de la calligraphie au sein des beaux-arts. »

La calligraphie, cet art dépoussiéré
Avec à son actif 50 ans d’expérience, Mounir al-Shaarani, qui a fait ses premières armes auprès de Badawi al-Dirany, l’un des plus grands calligraphes de nationalité également syrienne, jouit actuellement d’une renommée internationale. « En classe j’ai toujours été, avoue-t-il, de ces élèves qui écrivaient hors du texte. Pour moi, l’écriture n’est pas sacrée, elle représente l’évolution d’une civilisation. Il ne faut pas donc craindre de l’amender et de la réformer. » Diplômé de la faculté des beaux-arts à Damas en 1977, Shaarani, outre son travail, deviendra consultant pour l’Encyclopédie arabe internationale et publiera aussi plusieurs tutoriels sur la calligraphie arabe et l’art islamique. Son œuvre est désormais exposée outre dans les pays arabes, en Europe et aux États-Unis. « Passionné par cet art, plusieurs questions historiques et esthétiques me conduiront à déterminer la direction à prendre », signale-t-il. L’artiste commence par étudier les six styles maîtrisés par les Ottomans qui ont établi des lois pour les méthodes tout en éclipsant toute calligraphie kufie et marocaine pour plus de cinq siècles. À travers des références, des livres et des milliers d’images représentant la calligraphie ornementale sur des vestiges architecturaux et des tombeaux, ainsi que sur différents matériaux dans les musées du monde et les collections privées, il va vite découvrir des erreurs, des anecdotes jamais dévoilées dans l’histoire esthétique de cet art. Fort de ses études académiques des beaux-arts et du graphisme, Shaarani donnera un coup de frais à cette calligraphie qui comme tant d’autres se base sur des caractéristiques visuelles afin de produire une œuvre contemporaine et moderne. En étudiant d’une part le caractère de chaque style, développant certaines lettres incomplètes, reformulant la structure avec une approche moderne et en les articulant sur des vers, de la prose ou même des textes sacrés, l’artiste développe un travail plastique visuel moderne sans pour autant violer les fondements qui ont rendu cet héritage traditionnel pérenne. « C’est un immense patrimoine que je n’ai pas fini de découvrir », dira Shaarani.
Sur ses gouaches, les lettres occupent le devant de la scène. Elles sont ses principaux personnages – « comme des acteurs », dit-il – pas de fioriture ni d’ornement, mais une épure et des espaces vides expressifs. La lettre prend sa place, déconstruite, reconstruite, remodelée, ciselée. Le choix des formes, des points et des couleurs est défini par un seul objectif : donner à la calligraphie ses lettres de noblesse et ce supplément... d’âme.

*Art on 56th, Gemmayzé.
Tél : 01-570331.
« Mon œuvre contemporaine tire son essence des racines de la calligraphie arabe », affirme Mounir al-Shaarani en présentant son travail. Un travail qui tout en s’inspirant du passé, du traditionnel n’est ni commun, ni courant, ni même du déjà-vu. Nouvelle et réformatrice, l’œuvre reflète une recherche continue, approfondie d’un art qui a été non seulement sanctifié par les...

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