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À La Une - Environnement

Journée mondiale de l'eau : "la situation se dégrade dans les grandes villes"

En zone rurale, l'accès à l'eau progresse mais la situation se dégrade dans les grandes villes, avertit Gérard Payen, expert auprès du secrétaire général des Nations unies.

A Allahabad, dans le nord de l'Inde, une femme se lave, sur le trottoir, via une borne d'eau installée par la municipalité. REUTERS/Jitendra Prakash

"En zone rurale, la situation s'améliore, par contre dans les zones urbaines, tous les indicateurs sont au rouge, la situation se dégrade en moyenne dans toutes les villes à forte croissance démographique", affirme, dans un entretien à l'AFP, Gérard Payen, expert auprès du secrétaire général des Nations unies, à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau aujourd'hui vendredi.

 

 

Selon un tout récent rapport de la Banque asiatique de développement, 65% de la population de la zone Asie-Pacifique vit toujours sans eau courante, malgré le raccordement à un réseau de 900 millions de personnes entre 1990 et 2010.

L'Afrique est aussi mal lotie. "En Afrique, il y a plus de gens qui ont un téléphone portable que de gens qui ont un accès à l'eau satisfaisant", relève Gérard Payen, ancien dirigeant de Suez Environnement.

Ainsi, contrairement à ce que les statistiques officielles pourraient laisser croire, "le nombre de personnes sans accès à l'eau augmente", pointe le conseiller spécial de Ban Ki Moon sur l'eau.

 

Selon les chiffres des Nations unies, le nombre de personnes n'ayant pas accès à une "eau améliorée", c'est-à-dire utilisant pour leurs besoins des puits ou des rivières non protégés des animaux, est en diminution. "Il était de 780 millions en 2010 et sera probablement de 600 millions en 2015, contre 1,2 milliard en 1990", note M. Payen.

"Les statistiques disponibles pourraient laisser croire que la tendance est bonne mais on ne regarde qu'un petit bout du problème", insiste-t-il.

 

Le fait est qu'une eau "améliorée" ne signifie pas une eau potable et disponible en continu.

Aujourd'hui, les statistiques ne mesurent pas la qualité de l'eau mais d'où elle vient.

"Il n'y a pas de statistiques sur le nombre de personnes n'ayant pas accès à l'eau potable mais il y aurait 1,9 milliard de personnes consommant de l'eau dangereuse et 1,6 milliard de l'eau de qualité douteuse", avance Gérard Payen.

 

Pourtant "il y a un énorme risque : que l'eau disparaisse des prochains Objectifs de développement du millénaire", qui seront fixés en 2015 et qui sont actuellement discutés à l'Onu.

 

"On estime que 80% des eaux usées ne sont pas traitées" et polluent les nappes phréatiques, relève aussi le président d'Aquafed, la fédération mondiale des opérateurs privés.

 

L'expert espère que 2013, déclarée "année de la coopération internationale de l'eau", permettra de faire progresser la nécessaire mobilisation de tous les acteurs. "L'accès à l'eau potable est un problème de volonté politique, locale et nationale", souligne-t-il.

 

Dakar est pour lui un exemple de volontarisme : "Tout le monde y a accès à de l'eau potable, essentiellement par des robinets et pour 10% par des bornes fontaines". L'Afrique du Sud, sous Mandela, ou le Maroc, qui avait lancé un ambitieux programme pour ses campagnes il y a une dizaine d'années ont aussi réalisé "d'énormes progrès".

 

A l'inverse, une ville comme Kinshasa, "où la ressource en eau est largement disponible, est l'une des grandes villes où la situation est la pire".

Un exemple qui bat en brèche l'idée que c'est une faible disponibilité qui engendre un manque d'accès à l'eau.

"C'est l'une des grandes idées fausses sur l'eau", pointe Gérard Payen, qui publie fin avril en France "De l'eau pour tous" (éditions Armand Colin) où il revient sur une quarantaine d'"idées reçues".

 

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