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À La Une - Syrie

Brahimi critique l'intolérance d'Assad

Des opposants syriens proposent un gouvernement dans les "zones libérées"; Damas libère plus de 2.000 prisonniers contre 48 otages iraniens.

Des otages iraniens libérés le 9 janvier par les rebelles syriens à Damas. Louai Beshara/

La Russie a annoncé mercredi de nouvelles négociations sur la Syrie, vendredi à Genève, avec les Etats-Unis et l'émissaire international Lakhdar Brahimi, estimant que ces efforts devaient prendre en compte "certaines idées" émises par le président syrien Bachar el-Assad.

 

"Le dirigeant syrien a confirmé le 6 janvier qu'il était prêt au lancement d'un dialogue inter-syrien et de réformes dans le respect de la souveraineté de la Syrie, de son indépendance, de son intégrité territoriale, du principe de non-ingérence", a poursuivi le ministère russe.

Celui-ci n'a pas précisé davantage ce qu'il retenait du plan du président Assad, qui a proposé la fin des opérations militaires, suivie d'un dialogue national sous l'égide du "gouvernement actuel", pour lequel il a affirmé ne pas avoir trouvé jusqu'à présent de "partenaire". Ce plan ne prévoit pas de départ d'Assad, une condition posée par l'opposition.

 

La Russie, principal soutien avec la Chine du régime syrien, n'avait fait jusqu'à présent aucun commentaire sur le discours de Bachar el-Assad, rejeté y compris par l'opposition tolérée par le régime, qui est en relation avec Moscou.

 

(Lire : Moscou se prépare à l'ère post-Assad )

 

Le ministère des Affaires étrangères a indiqué que Moscou serait représenté vendredi à Genève par le vice-ministre Mikhaïl Bogdanov, le secrétaire d'Etat adjoint William Burns représentant la partie américaine.

Ces deux responsables avaient déjà participé à des pourparlers avec M. Brahimi début décembre à Genève. Ceux-ci avaient été suivis de rumeurs sur un accord russo-américain pour trouver une issue au conflit, impliquant le départ du président syrien.

Mais le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait douché ces espoirs, en déclarant par la suite que M. Assad n'avait pas l'intention de partir.

La perspective d'une nouvelle rencontre entre Russes et Américains et l'émissaire international, avait été évoquée la semaine dernière à Washington, après que M. Brahimi avait déclaré mettre sur la table un nouveau plan de règlement du conflit.

 

Dans une entrevue avec la chaîne britannique BBC, l'émissaire international pour la Syrie a, pour sa part, jugé mercredi que le discours du président syrien était "sectaire" et "partial".

Ce discours "est la répétition d'initiatives anciennes qui n'ont clairement pas marché (...) En 2012, il y a eu un nouveau Parlement, une nouvelle Constitution, un nouveau gouvernement. Et la situation ne s'est pas améliorée d'un iota", a dit le médiateur à la BBC.

"En Syrie, comme ailleurs, nos peuples dans la région réclament un véritable changement, pas un changement cosmétique (...) ce que les gens disent c'est qu'une famille qui règne pendant 40 ans, c'est un peu trop long. Je pense que le président Assad pourrait prendre l'initiative de répondre aux aspirations de son peuple, plutôt que d'y résister", a-t-il poursuivi.

Il faisait allusion à la prise du pouvoir en 1970 par Hafez al-Assad, le père de Bachar al-Assad qui lui a succédé en 2000 après son décès.

 

 

Un gouvernement "dans les zones libérées"

De son côté, le Conseil national syrien (CNS), principale composante de la Coalition de l'opposition, a proposé un plan de transition prévoyant la formation d'un gouvernement intérimaire dans les zones "libérées", selon une copie de ce plan que l'AFP s'est procurée mercredi. Le CNS appelle la Coalition à "former un gouvernement intérimaire qui doit avoir la garantie qu'il sera reconnu par la communauté internationale".

Ce plan prévoit encore un accord entre les différentes factions de l'opposition armée "et les officiers de l'armée gouvernementale n'ayant pas de sang syrien sur les mains, pour organiser un cessez-le-feu, le retour de l'armée dans ses casernes et l'intégration des révolutionnaires dans les rangs de l'armée et des forces de l'ordre".

 

Ensuite, le CNS envisage "la mise à l'écart de Bachar el-Assad et des dignitaires de son régime", puis la démission du gouvernement et la dissolution du Parlement et des services de sécurité, "à l'exception de la police", ainsi que la démission des chefs des forces armées, et la dissolution de "la 4e division et de la Garde républicaine".

La 4e division du 1er corps d'armée, en charge de Damas, est dirigée par le colonel Maher el-Assad (44 ans), frère du président, tandis que la Garde républicaine est considérée comme la garde prétorienne du régime.

 

Le plan prévoit ensuite une conférence nationale ouverte à "toutes les forces politiques et révolutionnaires et toutes les composantes de la société sans exception" qui doit durer "au maximum un mois à compter de la chute du régime". Elle devra recenser les "crimes commis" par le régime et ensuite former une "commission pour la vérité, la justice et la réconciliation nationale".

 

 

Echange de détenus entre les rebelles et le régime

Parallèlement, à Damas, les rebelles ont libéré 48 Iraniens enlevés depuis plus de cinq mois en contrepartie de la libération, par le régime, de 2.135 personnes dont "des figures importantes", selon Ahmed al-Khatib, chef du Conseil militaire de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles).

 

Il s'agit du plus important échange de détenus depuis le début du conflit il y a près de deux ans. C'est aussi la première fois qu'un tel échange est annoncé publiquement, un geste sans précédent de la part de Damas en faveur de son allié iranien, deux régimes isolés au plan international.

 

Les otages iraniens, à leur arrivée dans un hôtel de Damas, après cinq mois

aux mains des rebelles syriens. AFP /LOUAI BESHARA

 

 

Les otages iraniens sont arrivés dans l'après-midi dans un hôtel de la capitale où les attendait l'ambassadeur d'Iran Mohammad Reza Chibani. Les rebelles les avaient accusés d'être des membres des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime iranien, et avaient menacé de les tuer. Téhéran les avait d'abord présentés comme des pèlerins, avant de reconnaître qu'il y avait parmi eux des Gardiens de la révolution "à la retraite".

 

M. Khatib a précisé à l'AFP que les négociations pour leur libération avaient été menées "sous l'égide de la Turquie et du Qatar" et ont permis l'accord d'échange. L'Iran est également intervenu auprès de Damas, selon lui.

 

Serkan Nergis, porte-parole de l'ONG turque, l'organisation humanitaire islamiste IHH qui a assuré avoir joué le rôle de médiateur, a précisé que quatre Turcs figuraient parmi ces détenus. "Le régime a commencé (mercredi) à libérer les 2.130 civils détenus dans différentes villes", a-t-il précisé.

 

 

Quatre enfants d'une même famille tués

Sur le terrain, l'armée a poursuivi mercredi ses raids aériens, dont l'un a tué quatre enfants d'une même famille près de Homs (centre), a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins.

 

Ailleurs dans le pays, l'artillerie du régime a pilonné des localités proches de Damas, et les rebelles tentaient de prendre des positions de l'armée dans le nord-ouest, selon l'OSDH.

 

La Syrie a basculé dans la guerre civile après qu'une révolte populaire violemment réprimée par le régime s'est militarisée. Plus de 60.000 personnes y sont mortes depuis le 15 mars 2011 selon l'ONU.

 

 

 

Reportage

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Pour mémoire

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La Russie a annoncé mercredi de nouvelles négociations sur la Syrie, vendredi à Genève, avec les Etats-Unis et l'émissaire international Lakhdar Brahimi, estimant que ces efforts devaient prendre en compte "certaines idées" émises par le président syrien Bachar el-Assad.
 
"Le dirigeant syrien a confirmé le 6 janvier qu'il était prêt au lancement d'un dialogue inter-syrien et de...

commentaires (5)

Envers QUI s.v.p. ? car sur le terrain il existe des.... et des...

SAKR LEBNAN

05 h 30, le 10 janvier 2013

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Envers QUI s.v.p. ? car sur le terrain il existe des.... et des...

    SAKR LEBNAN

    05 h 30, le 10 janvier 2013

  • Il "Apprend" vite !?

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    02 h 19, le 10 janvier 2013

  • Monsieur Assad est critiquable comme tous les personnages publiques et/ou importants! Mais monsieur Ibrahimi n'est pas obligé de faire la dance des derviches avec les autres qui sont sur la scène! Sa tâche c'est de proposer des solutions aux bigs à Genève, c'est cela sa tache!

    Ali Farhat

    15 h 38, le 09 janvier 2013

  • Voyons voir si les "théoriciens des rapports" vont nous dire comme ils l'ont fait pour le terroriste shallit, libéré contre mille valeureux palestiniens ??

    Jaber Kamel

    10 h 09, le 09 janvier 2013

  • Le chantage politique et diplomatique continuera tant que les grandes puissances ne veulent pas résoudre le conflit syrien . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    09 h 44, le 09 janvier 2013

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