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À La Une - Vient de sortir

Beyrouth, Destroy... comme une renaissance

C’est un petit coffret noir, une « boîte de Pandore » qui recèle des images qu’on croyait oubliées, car enterrées, reconstruites, transformées. Pourtant, les photos prises, choisies et réunies par Chérine Yazbeck sous le titre « Beyrouth, Destroy... » balancent entre nostalgie et craintes d’une réédition, beauté et cicatrices, et fixent d’une manière forte et esthétique des pages de la vie du Liban, avant de les refermer, « définitivement », espère l’auteure...

Le centre-ville dévasté.

La boîte, dit-elle, est un peu comme un cercueil où sont enfouis des lieux liés à des souvenirs tragiques. Lieux de combat, de résistance, de morts, de batailles et de survie. Un arrêt sur images de désolation. Sur Beyrouth détruite.
Pour faire son deuil d’une guerre qui nous colle à la peau, souvenir ou angoisse, souvenir et angoisse, il suffit de se plonger dans les clichés des immeubles du centre-ville, autrefois terrain de combats, d’y voir les ravages des violences et du temps qui a passé, 14 ans de guerre civile, et de comprendre l’amnésie dans laquelle a longtemps baigné Chérine Yazbeck.


Photojournaliste, auteure de plusieurs ouvrages, dont Le Liban autrement, La Cuisine libanaise du terroir – la mémoire du goût, ou encore Le Liban gourmand, consultante pour l’Unesco dans le projet « Creative Cities Network » – elle vient de terminer un dossier pour placer Zahlé dans le patrimoine gastronomique de l’Unesco –, Chérine Yazbeck revient dans ce coffret sur sa première vision de sa ville.


Premier regard de la jeune femme de 20 ans, alors, sur une ville démolie, qu’elle photographie avec son fidèle Canon AE1. Cachée, presque protégée par cet objectif qui avale des centaines d’images, « comme une écriture automatique », confie-t-elle, elle fige inconsciemment « l’an 1 de l’existence de Beyrouth ». « Je ne me souviens de rien, ni de personne ni même de moi là-bas! J’étais étonnée, poursuit-elle, de voir que j’avais pu prendre ces photos, finalement très documentées et mûres, aussi jeune. » Une vision de fin de monde, hantée par des fantômes, des passants, des badauds, des voleurs de cendres et de ruines, femmes, hommes, enfants, venus sans trop y croire constater les dégâts des crimes de guerre.

 

Une des planches contact proposées dans le coffret.

 

Ces très belles photos, plus de 2 000, rangées dans des cartons pour mieux les oublier, ne seront ressorties que bien des années plus tard, alors que Chérine mettait de l’ordre dans sa maison de campagne. Négligence, manque de temps, de courage, oubli réel ou amnésie volontaire, la photographe poursuit un travail de mémoire important, démarré presque sans le vouloir il y a 20 ans. Encouragée par Antoine Sfeir, propriétaire inspiré du Plan BEY qui en a eu l’idée, elle décide de réunir ces images de la ville, à travers des tirages manuels où les quelques imperfections, de rigueur, soulignent le côté délibérément brut du produit.


Dans ce coffret inédit, un bel objet à garder et regarder, produit en édition limitée de 108 copies, un tirage original de 15x2, au choix, et des planches contact témoignent de ces années-là. 12 planches contact avec, chacune, 9 photos qui racontent des êtres, des paysages, un moment. « Voici ma boîte ressuscitée, une boîte de Pandore dans laquelle
gisaient une multitude d’images tristes et désolées, de négatifs moribonds. Les verticales et les horizontales se succèdent comme autant de blessures béantes se rappelant à notre souvenir », a écrit l’auteure. Et d’avouer : « C’est intéressant de revoir la ville aujourd’hui. De reconnaître un immeuble, une rue, un visage de ce centre-ville aujourd’hui reconstruit. Ces photos, je ne suis pas sûre d’avoir envie de les revoir dans dix ans ! J’ai voulu les montrer à ma manière, les partager pour, peut-être, mieux les oublier un jour. Ce coffret m’a aidée à recouvrer ma mémoire.

 

Aujourd’hui, je me sens soulagée. Un peu comme si j’avais fait mon devoir. J’espère qu’on pourra, à l’avenir, organiser une exposition de toutes ces images de notre ville prises par des citoyens qui étaient là, à ce moment-là. »
En attendant, Beyrouth, Destroy... est exclusivement en vente à Plan BEY, Mar Mikhaël, ainsi qu’à Berlin et Copenhague où la galerie-librairie, qui a produit le coffret, a planté ses repères dans les espaces des partenaires B/Multiples et Korridor.

 

Attention, l’édition de Beyrouth, Destroy... est limitée...

La boîte, dit-elle, est un peu comme un cercueil où sont enfouis des lieux liés à des souvenirs tragiques. Lieux de combat, de résistance, de morts, de batailles et de survie. Un arrêt sur images de désolation. Sur Beyrouth détruite. Pour faire son deuil d’une guerre qui nous colle à la peau, souvenir ou angoisse, souvenir et angoisse, il suffit de se plonger dans les clichés des...

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