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Pétrole et gaz en Méditerranée : le Liban cherche sa place parmi les grands

Paul Salem : L’exploration du pétrole et du gaz dans l’espace maritime de la région s’avère être une opération à risque pour tous les pays impliqués.

Il y a quelques années, oser penser que Shell, BB Energy ou Hypco seraient assises autour d’une table avec les responsables politiques libanais pour discuter business serait apparu comme une blague ou un surplus d’imagination. Le Sommet international du pétrole et du gaz au Liban (Lebanon International Oil and Gas Summit, ou LIOG), qui s’est tenu pendant deux jours à Beyrouth, a été organisé pour dire au grand public : les ressources offshore du pays sont potentiellement colossales, saisissons donc l’occasion. Des dizaines de compagnies locales et internationales en provenance d’une quarantaine de pays étaient représentées, dont un certain nombre de grandes multinationales pétrolières.

 Ressources énergétiques et conflits d’intérêts
« L’exploration et l’exploitation du pétrole et du gaz dans l’espace maritime de la région s’avèrent être une opération à risque pour tous les pays impliqués, au vue des rapports de force et des tensions entre eux », a affirmé Paul Salem, le directeur du Carnegie Middle East Center. Le Liban est en effet un des acteurs de cette ruée vers l’or noir méditerranéen, mais il ne fait pas le poids face à des pays comme la Turquie, la Grèce, Chypre, Israël ou la Syrie. « Dans ce contexte où tout allié compte, Israël pourrait se rapprocher de Chypre et de la Grèce, Chypre essaierait de trouver du support pour affronter la Turquie, qui, elle, aurait l’ambition d’être la principale plate-forme d’acheminement de gaz entre la région et l’Europe », a souligné M. Salem. Selon lui, l’Iran, les États-Unis, l’Europe et la Russie, qui ont des intérêts politiques et économiques dans tous ces pays-là, suivent également de très près le dossier. « C’est donc dans un cadre très compliqué et chaotique que le Liban doit trouver sa place, sachant à l’avance qu’il n’aura pas beaucoup de poids dans les rapports de force », a ajouté le directeur de Carnegie. Par contre, selon lui, le Hezbollah pourrait jouer un rôle important si le Liban venait à développer ses infrastructures offshore. « Si le parti de Dieu trouvait un intérêt quelconque à défendre les ressources énergétiques du Liban, il pourrait devenir le protecteur d’un statu quo dont le pays a véritablement besoin », a opiné M. Salem.

 

(Lire aussi : Les ressources offshore au Liban potentiellement colossales)


« Mais si le Liban ne veut pas compter sur cette dernière variable pour s’en tirer correctement face aux appétits des pays voisins et surtout pour que la richesse de ses ressources ne se transforme pas en poids, il lui faudra assurer trois points essentiels », a expliqué Élie Daher, vice-président et responsable du département marketing de United Safety Limited. En premier lieu, un cadre législatif très bien ficelé et transparent, puis un excellent comité de régulation indépendant qui fasse appel à des opérateurs compétents, sur l’aspect technique, mais aussi de sécurité des installations. Et enfin, il faudrait selon lui une industrie locale impliquée et compétente.
« De toute façon, le temps presse, et si le Liban ne prend pas vite les devants, il risque de rater sa chance, notamment concernant la question des 854 km² que le pays dispute à Israël », a conclu Mohammad Alem, actionnaire à Alem and Associates.


Hier même, en marge du forum, le député et président de la commission des Travaux publics, des Transports et de l’Énergie Mohammad Kabbani, rencontrait une délégation chypriote pour discuter de ce conflit maritime. « Nous appelons les autorités chypriotes, qui ont signé avec Israël un accord qui ne prend pas en considération les frontières maritimes libanaises, à régler au plus vite cette question », a-t-il indiqué.

 

 

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