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À La Une - Égypte

Des dizaines de milliers de manifestants encerclent le palais de Morsi

Le président a quitté la présidence pendant la contestation ; les États-Unis exhortent l’opposition à « manifester pacifiquement » ; le pouvoir judiciaire divisé.

Les manifestants entourent le palais présidentiel sur trois côtés.Mohammad Abd el-Ghany/Reuters

Des dizaines de milliers d’opposants au chef de l’État égyptien Mohammad Morsi ont encerclé hier soir le palais présidentiel au Caire pour exiger qu’il retire un décret par lequel il a considérablement élargi ses pouvoirs et qui a divisé le pays. Les manifestants, dont de nombreux membres de l’opposition laïque et de gauche, ont pu s’approcher du palais situé à Héliopolis, après avoir coupé les barbelés installés à quelques centaines de mètres de là. La police antiémeute a fait usage de gaz lacrymogène pour tenter de les disperser, sans succès, et a battu en retraite.
Quelques personnes ont tenté d’escalader les murs du palais. Les manifestants entourent désormais le bâtiment sur trois côtés. Les protestataires, dont certains cognaient sur des lampadaires, ont crié les slogans phares de la révolte qui a renversé Hosni Moubarak début 2011, « Dégage ! » et « Le peuple veut la chute du régime ».
« L’Égypte est un pays où toutes les religions devraient vivre ensemble. J’aime la loi de Dieu et la charia, mais je voterai contre la Constitution parce qu’elle a divisé les gens », a déclaré Bassam Ali Mohammad, qui enseigne la loi islamique. « Nous allons boycotter le scrutin. La nouvelle Constitution est comme l’ancienne, avec des changements mineurs. Elle ne garantit pas les droits des chrétiens », a estimé de son côté Mona Chokri, une manifestante de confession chrétienne.


Le président Morsi ne se trouvait pas dans le palais, a indiqué une source à la présidence. Un responsable de la sécurité a affirmé que « le président de la République a quitté le palais d’Ittihadiya à l’heure prévue après la fin des rendez-vous officiels », tandis que les rumeurs bruissaient selon lesquelles M. Morsi aurait fui son palais.
Des opposants au président ont aussi manifesté à Alexandrie et dans les villes de Sohag et Minya, où des manifestants ont déchiré une photo du président devant les locaux du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la formation de M. Morsi, provoquant des heurts avec ses partisans selon des témoins. La police a fait usage de gaz lacrymogène et trois personnes ont été blessées.


Des milliers de personnes ont également manifesté sur l’emblématique place Tahrir, dans le centre du Caire.
L’Égypte vit une profonde crise politique depuis le décret du 22 novembre, par lequel M. Morsi, premier président islamiste du pays, a notamment mis ses décisions et la commission chargée de rédiger la future Constitution à l’abri de tout recours en justice. Le projet de Loi fondamentale, adopté en toute hâte par cette instance dominée par les islamistes, est accusé de ne pas protéger certains droits fondamentaux, dont la liberté d’expression, et d’ouvrir la porte à une application plus stricte de la loi islamique. Opposants et partisans de M. Morsi ont manifesté en masse après le décret, et l’annonce par le président de la tenue d’un référendum sur le projet de Constitution le 15 décembre a creusé le fossé entre les deux camps.

Après le référendum...
Les États-Unis ont exhorté l’opposition à « manifester pacifiquement ». « Il y a beaucoup de tensions actuellement au Caire. Nous pressons simplement les manifestants d’exprimer leurs opinions de manière pacifique », a déclaré le porte-parole adjoint du département d’État, Mark Toner.


Le pouvoir judiciaire, à qui le président a interdit de contester ses décisions, est aussi divisé. Le Conseil supérieur de la justice a décidé de déléguer des magistrats pour superviser le référendum malgré l’appel au boycott de plusieurs juges, ouvrant la voie à la tenue du scrutin. Les élections doivent en effet être placées sous supervision judiciaire en Égypte. Mais le Club des juges, un syndicat professionnel en faveur du boycott, a campé sur sa position. « Nous ne pardonnerons pas » aux juges qui superviseront le vote, a lancé son président, Ahmad al-Zind.
Pour protester, plusieurs quotidiens indépendants et d’opposition ont décidé de ne pas paraître hier.
Parallèlement, Saad el-Katatni, chef de file de la branche politique des Ikhwan, a prédit que les troubles politiques prendraient bientôt fin et a affirmé sa volonté de s’allier avec des formations laïques en vue des prochaines élections. Le président du Parti de la liberté et de la justice (PLJ) a affirmé que les manifestations contre M. Morsi s’interrompraient après le référendum, prévu le 15 décembre.

 

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