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À La Une - Éclairage

Unité de façade, bienvenue quand même, pour la visite du pape

Alors que la scène régionale est en ébullition surtout après la diffusion du film antimusulman sur les réseaux sociaux, au Liban les problèmes semblent observer une pause. Miracle papal ou simple coïncidence, le gouvernement semble avoir retrouvé une soudaine cohésion et un regain de dynamisme, l’armée impose son autorité dans la banlieue sud de Beyrouth et retire ses gants pour s’adresser aux contrevenants ; les clans Dandache et Jaafar déclarent leur soutien à l’armée, qui réussit à libérer quelques-unes des personnes enlevées, et, cerise sur le gâteau, le calme règne à Tripoli.
C’est donc une image d’unité et de stabilité que le Liban veut présenter au pape Benoît XVI qui, selon des sources proches de Bkerké, vient dans ce pays pour confirmer l’importance de sa formule multiconfessionnelle. Le Liban est en effet le seul pays du Moyen-Orient où les chrétiens ont les mêmes droits politiques que les musulmans et où toutes les minorités sont préservées. Les sources proches de Bkerké affirment à cet égard que la visite du pape à Beyrouth, même si elle va au-delà de la question libanaise et compte mettre le doigt sur l’hémorragie chrétienne dans la région, est certainement un indice positif pour le pays. Elle marque en tout cas la volonté du Vatican de préserver la coexistence au Liban et la stabilité dans ce pays pour qu’il puisse servir de modèle dans la région. Les milieux de Bkerké rappellent aussi que le pape Jean-Paul II avait en 1997 élevé le Liban au rang de « pays message de coexistence et de diversité », en lui donnant ainsi un rôle mondial ; il faut donc que son successeur Benoît XVI appelle à la concrétisation de ce message en poussant les Libanais à prendre des mesures qui garantissent les droits de toutes les parties au sein du pouvoir. Certes, le pape n’entrera pas dans les détails politiques, mais il devrait appeler à la coopération, à l’enracinement et à la paix.


Pour les sources du Sérail, la visite du pape a un double volet. D’une part, elle est destinée aux chrétiens de la région qui vivent actuellement dans l’angoisse de l’avenir et, d’autre part, elle s’inscrit dans le cadre de la volonté occidentale de maintenir le Liban à l’écart de la tempête qui souffle dans la région et d’y préserver la stabilité. Les mêmes sources ne cachent pas que le Premier ministre a reçu récemment de nouvelles assurances de la part de diplomates occidentaux sur la nécessité de maintenir le calme au Liban, ajoutant que le maintien en place de l’actuel gouvernement est justement une garantie pour la stabilité au Liban en raison de sa politique « centriste ».

 

La politique de dissociation adoptée par le gouvernement à l’égard de la crise syrienne, qui paraît théorique sur le terrain en raison de l’implication des deux camps politiques rivaux dans le dossier syrien, bénéficie encore du soutien de l’Occident qui ne veut pas à ce stade que le Liban plonge dans le chaos. Ce n’est donc pas par hasard que le Premier ministre a soudain multiplié les déclarations pour affirmer qu’il n’a nullement l’intention de démissionner et que son gouvernement est là pour rester. Ses proches ne cachent pas qu’à un moment, il a eu des doutes, surtout après la vague d’enlèvements au Liban et la recrudescence des combats à Tripoli. Mais soudain, tout est rentré dans l’ordre et, selon les sources du Sérail, le gouvernement Mikati est aujourd’hui une nécessité pour la stabilité du Liban aux yeux de l’Occident et même de l’Arabie saoudite. Le royaume wahhabite, qui ne pardonne pas au Premier ministre d’avoir accepté de prendre la place de Saad Hariri, s’est désormais résigné, affirment les sources du Sérail, à considérer ce gouvernement comme un fait accompli somme toute positif à l’étape actuelle. Même si, au dernier sommet de La Mecque, le roi s’est abstenu de recevoir le Premier ministre du Liban, comme le veut la tradition, il s’est résigné à accepter la réalité. En fait, tant que l’issue de la crise syrienne reste floue, l’Occident, les pays arabes et même l’Iran préfèrent maintenir le statu quo actuel au Liban, quitte pour chacun d’eux à utiliser la carte libanaise le moment voulu.

 

Mais pour l’instant, envisager une déstabilisation généralisée est prématuré. Et la visite du pape au Liban est en quelque sorte la concrétisation de cette attitude. Sleiman, Mikati et Joumblatt l’ont compris. Ils tentent ainsi de relancer le gouvernement tout en cherchant chacun à améliorer sa position au sein du pouvoir. Le Hezbollah et ses alliés n’ont de leur côté aucun intérêt à la déstabilisation, du moins tant qu’ils considèrent que le régime syrien est en mesure de tenir face à son opposition. Quant au 14 Mars et en dépit de ses gesticulations, il a dû se rendre à l’évidence d’abord que le gouvernement actuel a l’aval de l’Occident, ensuite qu’une déstabilisation éventuelle pourrait ne pas tourner en sa faveur tant que le régime syrien est en place. Sous ce plafond, tous les coups restent permis, même si, pour quelques jours, les conflits sont mis en veilleuse, visite papale oblige.


Y a-t-il une chance que les Libanais prennent goût à cette unité même apparente ? Ce serait vraiment un miracle.

Alors que la scène régionale est en ébullition surtout après la diffusion du film antimusulman sur les réseaux sociaux, au Liban les problèmes semblent observer une pause. Miracle papal ou simple coïncidence, le gouvernement semble avoir retrouvé une soudaine cohésion et un regain de dynamisme, l’armée impose son autorité dans la banlieue sud de Beyrouth et retire ses gants pour...

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