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À La Une - Droits de l’homme

Liban : L’ordre des médecins interdit la pratique du « test de la honte »

L’ordre des médecins a publié une circulaire interdisant aux médecins d’effectuer le test anal. La société civile accueille favorablement l’initiative, mais maintient la manifestation prévue samedi devant le ministère de la Justice.

Le scandale du test anal, pratiqué récemment sur trente-six jeunes homosexuels arrêtés dans une salle de cinéma à Bourj-Hammoud, lors d’une diffusion d’un film pornographique, continue de provoquer des remous.


Plus d’une semaine après le scandale, l’ordre des médecins a publié mardi une circulaire interdisant aux spécialistes, « notamment aux médecins légistes » d’effectuer de tels tests et « cela conformément à l’article 30 du code de déontologie ». « En tant que médecins, nous sommes appelés à respecter et à préserver la liberté, la dignité et l’intimité de la personne », a expliqué à L’Orient-Le Jour le président de l’ordre des médecins, Charaf Abou Charaf.


« Le médecin ne doit pas recourir à des actes susceptibles de nuire à la personne sur le plan physique, moral ou psychique, ou encore qui soient en contradiction avec la science, a ajouté le Dr Abou Charaf. Or le test anal est une hérésie scientifique, d’autant qu’il n’a aucun fondement. En effet, il n’existe aucune étude scientifique qui met l’accent sur l’efficacité d’un tel test. Sans oublier que celui-ci constitue une humiliation pour la personne qui le subit, pour le médecin, pour l’ordre et pour l’État qui l’autorise. »


Pourquoi avoir attendu le scandale pour publier cette circulaire ? « La circulaire a été publiée il y a plus d’un mois, répond le Dr Abou Charaf. Nous avions même adressé une copie au ministre de la Justice, Chakib Cortbaoui. Nous avons été surpris de voir que ce test a été pratiqué récemment, des semaines après avoir demandé au ministre de l’interdire. »


Le Dr Abou Charaf indique dans ce cadre que M. Cortbaoui lui a expliqué « qu’une erreur administrative est survenue, ce qui fait que toutes les parties concernées n’ont pas reçu la circulaire ».
Ces propos ont été confirmés par le ministre de la Justice qui, dans une interview accordée à la LBCI, a souligné qu’il avait émis il y a plus de deux mois une circulaire interdisant la pratique de ce test anal dans les postes de gendarmerie. « Toutefois, la note n’est pas parvenue à tout le monde suite à une erreur de distribution », a-t-il indiqué.
De son côté, le Dr Abou Charaf a affirmé que tout médecin qui ne se conforme pas aux directives émises dans cette circulaire « devra rendre des comptes devant le conseil de discipline de l’ordre ».

La société civile salue l’initiative
Cette décision de l’ordre des médecins a été favorablement accueillie par la société civile. Élie Abou Merhi, membre du Global Forum for MSM (MSMGF – Forum mondial des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes), exprime ainsi le souhait que cette initiative « soit le prélude à une action visant à mettre un terme à toute forme de violation des libertés individuelles et corporelles de l’être humain, d’autant que ce test est une forme de harcèlement ». « Nous souhaitons aussi que cette initiative soit suivie par l’abolition de l’article 534 du code pénal », déclare-t-il à L’Orient-Le Jour. Il convient de rappeler que cet article sanctionne « les rapports sexuels contraires aux lois de la nature » d’une peine pouvant atteindre un an de prison et « que la police est tenue de respecter, sur ordre du parquet ». Et Élie Abou Merhi d’insister : « Le Global Forum est prêt à collaborer avec la société civile au Liban afin qu’elle puisse faire parvenir sa voix aux pays occidentaux. »


De son côté, Georges Azzi, militant au sein de l’ONG Helem, estime que cette initiative constitue « un premier pas sur le plan pratique pour lutter contre les violations des droits de l’homme et des homosexuels ».
« Le parquet n’a toutefois pas transmis la circulaire à tous les postes de gendarmerie, confie-t-il. De ce fait, le procureur général peut toujours exiger que le test anal soit pratiqué. Tous les tests qui ont trait à la vie privée de l’être humain, comme les tests anaux et vaginaux, doivent être abolis. »
Dans un mouvement de pression pour faire annuler « ces tests de la honte », Helem organise le samedi 11 août, à 10h, un sit-in devant le ministère de la Justice. Ce rassemblement était initialement prévu devant l’ordre des médecins.

 

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