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À La Une - Le chiffre de la semaine

Frappée par la crise, la livre syrienne perd 51% de sa valeur

Le gouvernement maintient le black-out sur les données économiques pour 2011, en ce qui concerne l'inflation ou le PIB.

La livre syrienne (LS) a perdu près de 51% de sa valeur depuis le début de la révolte en mars et s'échangeait mercredi sur le marché parallèle à 71 LS pour un dollar, aggravant les difficultés économiques du pays.

La monnaie locale, qui était restée quasi-stable face au billet vert à 47 LS pour un dollar de 2006 à mars 2011, fluctuait entre 58 et 60 LS depuis juillet avant de dégringoler ces deux dernières semaines, pour atteindre son plus bas niveau jamais enregistré.

 

"La récente chute accélérée de la livre est directement liée à la crise politique dont les effets se répercutent plus fortement sur l'économie, ainsi qu'aux sanctions européennes sur les exportations du pétrole syrien", souligne Jihad Yazigi, rédacteur en chef du bulletin économique The Syria Report. "Les sanctions sur le brut sont entrées en vigueur en novembre et l'on constate depuis, une accélération de la dévaluation de la livre", ajoute M. Yazigi, précisant que "les revenus en devises étrangères du gouvernement sont en baisse, car le pétrole représentait un quart des exportations syriennes".

 

La Banque Centrale a rapidement agi pour tenter d'enrayer la fuite des devises en autorisant pour la première fois l'épargne en dollars et en euros à condition que le montant soit bloqué pour au moins six mois. La Banque a également augmenté les taux d'intérêts et la rémunération de l'épargne en livres syriennes jusqu'à 11%, alors qu'elle était de 5% à 7% selon la durée de l'épargne.

 

La chute de la livre a affecté le pouvoir d'achat des Syriens, même si les autorités ont réussi jusqu'à présent à contrôler l'inflation. Le gouvernement n'a toujours pas rendu publics les chiffres économiques pour 2011, en ce qui concerne l'inflation ou le PIB.

"En revanche, la dévaluation de la livre offre à l'industrie locale des opportunités pour augmenter l'exportation de leurs produits devenus moins chers", affirme pour sa part Samer Habib, directeur d'une banque privée.

Des sanctions économiques arabes ont été prises le 27 novembre contre la Syrie, mais n'ont pas été appliquées par tous les pays. Selon le bureau syrien des statistiques, les échanges avec les pays arabes en 2009 ont concerné 52,5% des exportations syriennes et 16,4% des importations. Les marchandises syriennes vont d'abord en Irak (31,4%) et au Liban (12,7%). Ces deux pays ont indiqué qu'ils ne suivraient pas les décisions de la Ligue arabe.

Les sanctions économiques arabes adoptées le 27 novembre comportent un gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien et de ses comptes bancaires dans les pays arabes.

 

"La dévaluation de la livre est aussi due à l'immaturité du marché syrien et à la spéculation", ajoute Habib. En effet, le taux de la livre, qui gravite encore autour de 57,5 LS face au dollar dans le marché officiel, a encouragé la spéculation, dopée par la fluctuation du marché des changes.

"Pendant les premières semaines de la crise, les clients achetaient des dollars ou des euros au taux officiel pour les revendre au marché noir", affirme Maher, propriétaire d’un bureau de change. Pour remédier à cette situation, les autorités ont décidé d'interdire la vente de dollars au taux officiel dans les institutions financières, à quelques exceptions près, notamment aux Syriens désirant se rendre à l'étranger pour se soigner ou pour étudier.

Le ministre de l'économie Mohammad al-Chaar a récemment déclaré que le gouvernement accordera la priorité à la préservation des réserves en devises étrangères. "C'est une façon de dire que le gouvernement n'est pas prêt à défendre la livre à n'importe quel prix", estime Jihad Yazigi.

Cependant, "la chute de la livre n'est pas irréversible", souligne Samer Habib, rappelant "la dévaluation éphémère de la monnaie locale en 2006, lors de l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri, qui avait fait planer le spectre d'une crise politico-économique en Syrie".

"L'avenir de la livre dépendra de la durée de la crise dans le pays", conclut le banquier.

La livre syrienne (LS) a perdu près de 51% de sa valeur depuis le début de la révolte en mars et s'échangeait mercredi sur le marché parallèle à 71 LS pour un dollar, aggravant les difficultés économiques du pays.
La monnaie locale, qui était restée quasi-stable face au billet vert à 47 LS pour un dollar de 2006 à mars 2011, fluctuait entre 58 et 60 LS depuis juillet avant de...

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