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À La Une - Crise

L'Irak craint l'arrivée de "durs" au pouvoir en Syrie

Téhéran vote un accord de libre-échange avec Damas.

Manifestation anti-Assad, aujourd'hui mardi, à Homs. Handout/

L'arrivée au pouvoir en Syrie d'islamistes "de ligne dure" en cas de chute du régime de Bachar el-Assad pourrait représenter une menace pour l'Irak et le reste de la région, a prévenu mardi le général Fadhil Birwari, commandant militaire de la force anti-terroriste d'Irak. "Si des durs prennent le pouvoir en Syrie, cela affectera la situation sécuritaire en Irak", a-t-il dit.

 

"Je sais que les peuples doivent obtenir leur liberté, exercer leur libre-arbitre, parvenir à la démocratie et l'égalité. Nous sommes en faveur de ces droits (...) parce que nous les avons obtenus nous-mêmes", avait affirmé lundi le Premier ministre Nouri el-Maliki lors d'une conférence de presse avec le président américain Barack Obama.
"Mais je n'ai pas le droit de demander à un président de démissionner. Nous ne pouvons pas nous arroger ce droit", avait-il ajouté.

 

Les autorités irakiennes ont par ailleurs invité l'opposition syrienne à Bagdad afin de jouer les intermédiaires, et cette dernière qui a répondu favorablement à la proposition, a affirmé lundi à l'AFP Ali al-Moussaoui, conseiller du Premier ministre Maliki.

 

Sur un autre plan, le Parlement iranien a voté mardi un accord de libre-échange avec la Syrie, ont rapporté les médias. Cet accord prévoit de créer, d'ici cinq ans, une zone libre commerciale entre les deux pays qui sont chacun soumis à des sanctions internationales, selon la télévision d'Etat.

"Cet accord est une réponse ferme aux Etats-Unis et à leurs alliés européens et régionaux qui consacrent des milliards de dollars pour changer le régime politique en Syrie", a expliqué Allaeddine Boroujerdi, président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement, en défendant le projet de loi.

Le gouvernement avait demandé au Parlement de voter en urgence le texte.

Les responsables iraniens ont néanmoins critiqué la violence de la répression et ont demandé aux autorités syriennes de mener des réformes.

 

La Ligue arabe a adopté une série de sanctions contre Damas, les plus sévères jamais adoptées par l'organisation envers l'un de ses 22 pays membres, pour protester contre la répression. Mais ni le Liban, ni l'Irak n'ont approuvé ces sanctions, laissant envisager des couloirs d'approvisionnement qui permettraient au régime de Damas de se maintenir. L'organisation panarabe doit d'ailleurs tenir samedi au Caire une réunion d'urgence pour répondre à la proposition syrienne d'accepter l'envoi d'observateurs en échange de la fin des sanctions régionales, a annoncé mardi un diplomate arabe.

L'Iran est de son côté soumis à des sanctions internationales contre son programme nucléaire controversé, renforcées depuis 2010 par un sévère embargo commercial et financier des pays occidentaux.

Allié historique de la Syrie depuis la révolution islamique de 1979, l'Iran défend le régime du président Assad, en proie à une violente contestation populaire depuis la mi-mars.

 

 

Le ministre syrien de l'Economie, Mohammed Nidhal al-Shaar (gauche)

recevant le ministre iranien Ali Nik-Zad, aujourd'hui, à Damas. Louai BESHARA/AFP

 

 

Un autre allié de Damas, Moscou, a jugé aujourd’hui, "immoral" que l'Occident accuse la Russie de bloquer une résolution sur la répression sanglante en Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU alors que les Occidentaux refusent de faire pression sur les "extrémistes" syriens.

"Nos partenaires (...) ne veulent pas condamner les violences des groupes armés extrémistes contre les autorités légales" de Syrie, a souligné le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, dans des propos retransmis à la télévision russe. Selon le ministre russe, le but de ces opposants est "de provoquer une catastrophe humanitaire en vue de provoquer une ingérence étrangère dans le conflit". Il a aussi jugé "mauvaise" la décision des Etats-Unis et des pays européens d'imposer des sanctions contre Damas, estimant qu'elles avaient "des conséquences négatives pour la population".

 

"C'est le régime Assad qui est immoral", a répliqué, mardi, la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland, "de par la violence perpétrée contre son propre peuple." Les Etats-Unis ont par ailleurs pressé la Russie de se joindre à une action mettant fin au silence "impensable" du Conseil de sécurité de l'ONU sur la répression sanglante de la contestation en Syrie. "Nous appelons de nouveau tous nos partenaires au sein du Conseil de sécurité à prendre des mesures et à s'exprimer au nom des innocents en Syrie... et cela comprend la Russie", a déclaré Mme Nuland.

 

La Russie a réussi avec la Chine à bloquer toute tentative de résolution sur la répression en Syrie au Conseil de sécurité. Un double veto russo-chinois a torpillé le 4 octobre dernier un projet de résolution en ce sens. Une situation déplorée par la France qui juge que le Conseil de sécurité de l'ONU "est moralement responsable de ce qui se passe aujourd'hui en Syrie" et que son "silence" est un "scandale". L'Allemagne estime pour sa part qu'il est "nécessaire pour les pays au Conseil de sécurité qui hésitent encore de changer d'avis".

 

"La Turquie n'autorise jamais aucune attaque contre d'autres pays ou des voisins à partir de son sol", a, par ailleurs, déclaré aujourd’hui un diplomate turc à l’AFP sous couvert d'anonymat. Des propos qui font suite à de nouvelles informations syriennes d'infiltrations à partir de la frontière qui sépare les deux pays. Deux "membres d'un groupe terroriste" composé de 15 hommes en provenance de la frontière avec la Turquie ont été tués par des garde-frontières syriens, a indiqué mardi l'agence officielle Sana.

 

Le diplomate turc a en outre souligné que le nombre de réfugiés syriens fuyant le conflit dans leur pays et hébergés dans des camps de toile dans la province turque de Hatay (sud, à la frontière syrienne) s'élève à 8.500 avec l'arrivée ces dernières semaines de plusieurs centaines de personnes. Dans ces camps sont accueillis aussi des déserteurs de l'armée syrienne, dont le colonel Riad el-Assaad, le chef de "l'Armée libre syrienne", qui mène depuis plusieurs semaines des attaques contre les forces régulières et les milices pro-régime.

La Turquie s'est jointe à la Ligue arabe pour imposer des sanctions au régime de Damas. Ankara a ainsi gelé les échanges commerciaux avec la Syrie, son ex-allié.

 

Entre-temps, la blogueuse américano-syrienne Razan Ghazzawi (30 ans), arrêtée début décembre, a été accusée d'avoir "affaibli le sentiment national", d'avoir "créé une organisation qui vise à changer le statut social et économique de l'Etat" et "ravivé les dissensions confessionnelles", a indiqué le Centre syrien d'information et du droit d'expression (CSIDE). Interrogé par l'AFP, un avocat de défense des droits de l'Homme a affirmé que la jeune femme risquait entre trois et quinze ans de prison.

 

 

Sur le terrain, un ressortissant turco-saoudien a été tué mardi par les forces de sécurité dans le nord-ouest de la Syrie, ont affirmé des sources de l'opposition syrienne contactées par téléphone depuis Istanbul. Münir Muhamad Dolar circulait à bord de son véhicule à Kafr Yahmul, une localité de la province d'Idleb, voisine de la Turquie, quand il a été atteint vers 11h00 GMT par des tirs des forces de sécurité visant des manifestants, ont déclaré ces sources, parlant sous le couvert de l'anonymat. Le ministère turc des Affaires étrangères n'était pas immédiatement en mesure de confirmer l'information, mais l'ambassade de Turquie à Damas s'efforçait d'obtenir des réponses des autorités syriennes après la diffusion d'allégations concernant la mort d'un ressortissant turc sur la chaîne syrienne Orient-TV, a indiqué un diplomate.
Un camionneur turc a déjà essuyé des coups de feu lundi en Syrie avant de regagner la Turquie, a mentionné à l'AFP cette source, parlant sous le couvert de l'anonymat.

 

D'un autre côté, sept membres des forces de sécurité ont été tués par des soldats dissidents en Syrie, dans la province d'Idleb, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Cette attaque est une réponse à la mort de onze civils tués ce matin par des tirs des forces de sécurité et des chabbiha", les milices loyales au régime, à Idleb, a précisé l'OSDH, basée en Syrie.

Des affrontements sanglants entre l'armée régulière et des dissidents se sont multipliés ces dernières semaines, notamment à Idleb, Homs (centre) et Deraa (sud).

 

La répression en Syrie a fait "plus de 5.000 morts" depuis le début à la mi-mars de la révolte populaire dans ce pays, a affirmé lundi la haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU Navi Pillay, s'en prenant devant le Conseil de sécurité des Nations unies à l'inaction de la communauté internationale. L'ONU a des informations selon lesquelles plus de 200 personnes ont été tuées depuis le 2 décembre par les forces du président Bachar el-Assad, a précisé Mme Pillay.

L'arrivée au pouvoir en Syrie d'islamistes "de ligne dure" en cas de chute du régime de Bachar el-Assad pourrait représenter une menace pour l'Irak et le reste de la région, a prévenu mardi le général Fadhil Birwari, commandant militaire de la force anti-terroriste d'Irak. "Si des durs prennent le pouvoir en Syrie, cela affectera la situation sécuritaire en Irak", a-t-il dit.
 
"Je sais...

commentaires (2)

Robert, il y a la Tchétchénie et la Georgie. Puis, les installations des batteries anti fusées balistiques en Ukraine et en Turquie, et un peu plus au-delà. La règle du jeu : Lâchage contre lâchage !!! Et le jeu continue... Anastase Tsiris

Anastase Tsiris

08 h 17, le 13 décembre 2011

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Commentaires (2)

  • Robert, il y a la Tchétchénie et la Georgie. Puis, les installations des batteries anti fusées balistiques en Ukraine et en Turquie, et un peu plus au-delà. La règle du jeu : Lâchage contre lâchage !!! Et le jeu continue... Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    08 h 17, le 13 décembre 2011

  • Il y en a vraiment qui ne manquent pas d'air ! Les champions du mensonge, de l'arbitraire, de la tromperie, de la tricherie, de la répression, et j'en passe, qui donnent des leçons d'éthique !... Un des pays les plus faux, les plus vils et les plus lâches de la planète approuve la dictature sanglante de Damas de peur de perdre un autre marché d'armes après la Libye. Et puis c'est bien réconfortant de savoir qu'il existe d'autres tyrans. Qui se ressemble s'assemble.

    Robert Malek

    07 h 35, le 13 décembre 2011

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