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À La Une - Révolte

L’appareil sécuritaire syrien en partie décapité

Deux groupes revendiquent l’attentat de Damas ; aucune nouvelle d’Assad ; la machine à tuer se poursuit ; au moins 100 morts hier.

De g.à d. et de h. en b., les six piliers de l’appareil sécuritaire syrien : Rajha, Turkmani, Chawkat, Chaar, Bghitane et Bakhtiar.

Trois hauts responsables en première ligne dans la répression de la révolte en Syrie, dont le beau-frère du président Bachar el-Assad, ont été tués hier à Damas dans un attentat spectaculaire qui porte un coup terrible à l’appareil sécuritaire syrien.


« Le vice-ministre de la Défense, le général Assef Chawkat, a été tué dans un attentat terroriste qui a visé le bâtiment de la Sécurité nationale à Damas », a affirmé la télévision d’État. Ultraprotégé, cet édifice situé dans le centre-ville abritait une réunion de hauts responsables de la sécurité. Le ministre de la Défense, le général Daoud Rajha, et le général Hassan Turkmani, chef de la cellule de crise mise en place pour mater la révolte, ont également péri, toujours selon la chaîne. L’attentat a en outre grièvement blessé le ministre de l’Intérieur, Mohammad Ibrahim el-Chaar, et le chef de la Sécurité nationale, Hicham Bakhtiar, a indiqué une source au sein des services de sécurité. Selon la Future News, qui cite une source diplomatique basée à Damas, Maher el-Assad, frère de l’actuel président, est sur son lit de mort.

 

(Voir le portrait de Assef Chawkat en cliquant ici, celui de Daoud Rajha en cliquant là et celui de Turkméni en cliquant ici)


Contradictions
Des versions contradictoires circulaient cependant sur le modus operandi de l’attentat. Une première source de sécurité a indiqué que le garde du corps d’un participant à la réunion avait fait exploser sa ceinture d’explosifs au moment de la rencontre. Une seconde a parlé d’une mallette remplie d’explosifs introduite dans la salle par un garde du corps qui avait réussi à quitter la salle puis à actionner la bombe.


L’attentat, le premier ayant visé des ministres depuis le début de la révolte en mars 2011, a été revendiqué par l’Armée syrienne libre (ASL) qui avait annoncé la veille « la bataille pour la libération de Damas », où des combats faisaient toujours rage hier soir et par un groupe islamiste, Liwa al-Islam (Brigade de l’islam), qui a affirmé dans un communiqué sur Facebook avoir pris pour cible la réunion par « un engin explosif ». Contrairement aux attentats précédents en Syrie, aucune image n’a été diffusée par la télévision officielle.


L’ASL, qui n’a pas donné de détails sur la nature de l’attentat, a affirmé qu’il s’agissait de « la première d’une série de grandes opérations visant à faire chuter Assad et l’ensemble des piliers et symboles du régime ». Les rebelles ont réitéré que ceux « qui n’ont pas de sang sur les mains » avaient jusqu’à fin juillet pour faire défection, sous peine sinon d’être considérés comme « des complices des meurtres d’Assad ».


Le régime a rapidement annoncé la nomination d’un nouveau ministre de la Défense, le général Fahd al-Freij, jusque-là chef d’état-major. « Nos forces armées sont solides et leur moral est au plus haut. Elles continueront à poursuivre les terroristes jusqu’à ce que le complot visant la Syrie soit écrasé », a-t-il dit lors de sa première intervention.
Dans la soirée, le compte Twitter de la révolution syrienne a indiqué qu’un avion présidentiel avait quitté l’aéroport de Damas pour se rendre à Lattaquié : il faut dire que le flou total entourait Bachar el-Assad, dont on n’a toujours aucune nouvelle officielle.

Phase terminale
Après l’attentat, le chef du Conseil national syrien (CNS), Abdel Basset Sayda, a déclaré que « c’est la phase terminale. (Le régime) va bientôt tomber. Aujourd’hui on a connu un tournant dans l’histoire de la Syrie. La pression sur le régime va aller s’accentuant et il va connaître sa chute très bientôt, ce n’est qu’une question de semaines ou de mois ». Après « cette importante infiltration dans les cercles politiques et sécuritaires, le régime est désormais aussi dangereux qu’un loup blessé », ont indiqué de leur côté les Frères musulmans.


Du côté des Occidentaux, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a jugé que « l’attentat est un acte d’une extrême importance, qui rend d’autant plus nécessaire et urgent le fait de trouver une transition politique dans le pays ». La France estime ainsi que la lutte du président syrien pour conserver le pouvoir « est vaine ». La Syrie est en train de basculer dans le chaos, a déclaré pour sa part le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a condamné l’attentat. Même son de cloche du côté russe qui souhaite que les auteurs du crime « odieux » soient « identifiés et punis ». Parallèlement, le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a affirmé qu’Israël suivait « de près » la situation. Les ministres arabes des Affaires étrangères doivent de leur côté tenir une réunion d’urgence dimanche au Qatar, a déclaré le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi.

 

(Lire l'analyse Un hypercercle qui lutte pour sa survie, en cliquant ici)

Tous azimuts
Dans le même temps, les combats entre rebelles et troupes régulières faisaient toujours rage hier soir à Damas, alors que les violences ont fait près de 100 morts dont 46 civils, 43 soldats et 8 rebelles à travers le pays, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). L’armée mène des offensives tous azimuts dans la capitale où 16 personnes ont été tuées, a indiqué l’ONG.

 

Pour la première fois, aucune photo officielle de l’attentat de Damas n’a été transmise par

les autorités syriennes. Les médias du régime ont juste filmé les combats dans la capitale.

 


Les violents accrochages qui durent depuis quatre jours à Damas se déroulaient à Midane, Hajar el-Aswad, Jobar, Kafar Soussé, quartiers hostiles au régime et désormais farouchement défendus par les rebelles. Les périphéries du quartier huppé de Mazzé, de Jobar, Kafar Soussé et Tadamoun étaient « mitraillés par des hélicoptères ». Des combats se déroulaient à Khaled ben el-Walid, grande artère de la capitale menant au centre-ville. « Qaboune est encerclé par les chars et les forces du régime pilonnent ce quartier de tous les côtés », selon des militants. Toutes les entrées de Qaboune étaient fermées en milieu de journée par des barrages de soldats et d’agents de sécurité, empêchant tout véhicule d’y pénétrer. Des colonnes de fumée noire étaient visibles à plusieurs endroits au-dessus de la capitale où la circulation était moins dense que d’habitude. Le compte Twitter de la révolution syrienne a par ailleurs indiqué que 40 membres des forces spéciales de Qaboune avaient fait désertion. Selon cette même source, la route nationale, reliant Damas, Homs et Alep est coupée par l’armée pour empêcher les renforts de l’ASL d’arriver dans la capitale.
La bataille de Damas « sera bientôt terminée » et la capitale sera « le cimetière des agresseurs », titrait le quotidien al-Watan, proche du régime.


Enfin, la police a fait usage de gaz lacrymogènes contre des manifestants au Caire qui ont tenté d’arracher le drapeau syrien du bâtiment de l’ambassade de Syrie, a-t-on appris auprès des manifestants. On dénombre plusieurs blessés.

 

 

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