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À La Une - Crise

Washington craint que le conflit en Syrie ne "contamine" ses voisins

Moscou veut que les responsables de l'attentat de Damas soient "punis"; le vote à l'ONU reporté à jeudi

Le président russe Vladimir Poutine a rencontré, aujourd'hui mercredi 18 juillet 2012, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, en visite à Moscou. La Syrie était au menu de la discussion des deux responsables. AFP /POOL/SERGEI KARPUKHIN

Le conseiller à la sécurité nationale du vice-président américain a évoqué la crise syrienne mercredi avec le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et exprimé sa crainte que le conflit ne prenne un tour religieux et "contamine les voisins" de la Syrie.

 

"Plus le statu quo se prolonge, plus il est vraisemblable que des événements indésirables se produisent", a dit Tony Blinken à des journalistes à l'ambassade américaine à Bagdad, à l'issue d'entretiens avec M. Maliki, le président du Parlement Oussama al-Noujaifi et d'autres élus irakiens. "J'ai évoqué le besoin urgent de promouvoir une transition politique en Syrie, c'est la meilleure issue" au conflit qui secoue le pays depuis 16 mois et qui a fait plus de 17.000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

L'Irak partage une frontière longue de 600 km avec la Syrie. Il y a deux semaines, le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari a dit disposer d'informations selon lesquelles des combattants d'el-Qaëda en provenance d'Irak passaient la frontière "pour perpétrer des attentats" en Syrie.

 

Par ailleurs, la crise syrienne déborde régulièrement sur le Liban voisin et les incidents sont de plus en plus fréquents à la frontière entre les deux pays.

 

"Il est évident que le régime Assad est en train de perdre le contrôle de la Syrie", a par ailleurs déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain (NSC), Tommy Vietor, en soulignant dans un communiqué l'urgence d'une transition politique pour "éviter une guerre civile longue et sanglante". Il s'exprimait quelques heures après l'attentat contre un bâtiment de la Sécurité nationale à Damas qui a coûté la vie à plusieurs hauts responsables du pouvoir syrien, dont le ministre syrien de la Défense, Daoud Rajha, le vice-ministre Assef Chawkat et le chef de la cellule de crise, Hassan Turkmani.

 

Le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, n'a pas dit autre chose, estimant que la situation en Syrie semblait "échapper à tout contrôle".

 

L'attentat de Damas, le premier ayant visé des ministres depuis le début de la révolte en mars 2011, a été revendiqué par l'Armée syrienne libre (ASL, composée en majorité de déserteurs) qui avait annoncé la veille "la bataille pour la libération de Damas".

 

"Nous souhaitons que les organisateurs de l'attentat de Damas soient identifiés et punis comme il se doit", a affirmé de son côté le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Les trois responsables syriens tués dans l’attaque "étaient bien connus en Russie, et avaient contribué de manière significative au développement des relations russo-syriennes", ajoute la diplomatie russe.

 

La Russie, un allié de longue date de la Syrie à laquelle elle fournit notamment des armes, a déjà bloqué au Conseil de sécurité de l'ONU deux résolutions condamnant la répression orchestrée par le régime, et a indiqué qu'elle n'accepterait pas davantage celle qui devait initialement être soumise au vote mercredi à New York.

 

En début de soirée, l'ambassadeur russe auprès de l'ONU, Vitali Tchourkine, a néanmoins déclaré à la presse que le vote a été "reporté à demain" jeudi. L'ambassadeur chinois Li Baodong a précisé que les discussions allaient continuer mercredi après-midi dans le but de parvenir à "un consensus".

 

"Des combats décisifs sont en cours en Syrie", avait affirmé plus tôt le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov en marge d'une rencontre au Kremlin entre le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. "Et l'adoption de la résolution (occidentale, NDLR) serait un soutien direct à un mouvement révolutionnaire. S'il est question d'une révolution, l'ONU n'a aucun rapport avec ça", avait-il ajouté.

 

 

Le président russe Vladimir Poutine a rencontré aujourd'hui

le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan,

en visite à Moscou. AFP /POOL/SERGEI KARPUKHIN 

 

 

Parallèlement, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a rencontré mercredi à Pékin le président chinois Hu Jintao, mais la question syrienne n'a pas été abordée devant les journalistes.

Le Quotidien du Peuple, organe du Parti communiste chinois au pouvoir, s'est opposé mardi dans un éditorial à toute ingérence étrangère en Syrie, réitérant la position déjà maintes fois exprimée par Pékin. "Le destin des dirigeants actuels en Syrie ne peut qu'être déterminé par le peuple syrien. C'est une affaire intérieure et la communauté internationale devrait le respecter", selon le journal.

 

Pour sa part, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a affirmé mercredi au Sénat qu'il était "urgent" de "trouver une transition politique" en Syrie, en réagissant à l'attentat à Damas.

"Le gouvernement français, sans connaître les circonstances de cet attentat, a toujours porté condamnation du terrorisme, cela étant dit, compte tenu (du) degré de violence, cela rend d'autant plus nécessaire et urgent le fait de trouver une transition politique qui permette au peuple syrien d'avoir un gouvernement qui exprime ses aspirations profondes", a déclaré M. Fabius.

 

"Bachar el-Assad doit comprendre que sa lutte pour conserver le pouvoir est vaine et que rien n'arrêtera la marche du peuple syrien vers un avenir démocratique conforme à ses aspirations. Les derniers soutiens du régime doivent comprendre que la répression ne mène nulle part et nous les appelons à se dissocier de la répression sanglante menée depuis seize mois", avait déclaré, un peu plus tôt, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero, interrogé sur les combats qui se déroulent à Damas.

 

"La situation en Syrie s'aggrave de jour en jour à mesure que les violences s'intensifient", avait poursuivi M. Valero. Les responsables français sont, dans ce contexte, "plus que jamais engagés pour faire adopter une résolution" contraignante au Conseil de sécurité afin de "faire cesser la répression et mettre en oeuvre une transition politique conforme aux aspirations des Syriens".

 

L'attentat suicide en Syrie "confirme le besoin urgent d'une résolution" du conseil de sécurité des Nations unies, a estimé, de son côté, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague.

 

 

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Le conseiller à la sécurité nationale du vice-président américain a évoqué la crise syrienne mercredi avec le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et exprimé sa crainte que le conflit ne prenne un tour religieux et "contamine les voisins" de la Syrie.
 
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commentaires (6)

Le pacte d'honneur national dont a parlé Sayyed Hassan Nasrallah devrait être signé sans tarder par toutes les communautés religieuses, mais aussi par tous les partis politiques quels que soit leurs orientations. Cela montrera encore une fois au monde entier qu'il existe chez les Libanais, tous les Libanais, une réelle volonté de vivre ensemble et donc de préserver à tout prix la paix civile, clouant le bec à tous ceux qui font état de leurs "craintes de contamination".

Paul-René Safa

18 h 04, le 18 juillet 2012

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Commentaires (6)

  • Le pacte d'honneur national dont a parlé Sayyed Hassan Nasrallah devrait être signé sans tarder par toutes les communautés religieuses, mais aussi par tous les partis politiques quels que soit leurs orientations. Cela montrera encore une fois au monde entier qu'il existe chez les Libanais, tous les Libanais, une réelle volonté de vivre ensemble et donc de préserver à tout prix la paix civile, clouant le bec à tous ceux qui font état de leurs "craintes de contamination".

    Paul-René Safa

    18 h 04, le 18 juillet 2012

  • La crainte d'une déflagration généralisée, dans toute la région, existe toujours. Espérons qu'on se trompe.

    SAKR LEBNAN

    14 h 02, le 18 juillet 2012

  • Par "craint" il faut comprendre espère...il n'y a pas écrit imbéciles sur notre tête..

    GEDEON Christian

    12 h 55, le 18 juillet 2012

  • Quand on lit que "Washington craint que le conflit en Syrie ne "contamine" ses voisins" et que des visiteurs US haut-placés nous somment d'offrir des zones franches aux rebelles syriens, on reconnaît tout de suite le degré d'estime qu'on porte à notre intelligence...

    Henoud Wassim

    12 h 10, le 18 juillet 2012

  • J'ai comme l'impression que Moscou , se pénalise inutilement vis à vis des autres nations... l Mister Poutine devrait revenir premier Ministre de la Sibérie...

    M.V.l

    08 h 25, le 18 juillet 2012

  • Quand j'entends les laquais locaux anoner que la Syrie sortira encore plus forte de ce double attentat qui a vise entre autres 2 criminels notoires, y a de quoi pleurer. De rage.

    Karim Tabet

    08 h 18, le 18 juillet 2012

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