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À La Une - Diplomatie

Le dossier syrien au menu de l’entretien Sleiman-Hollande

« Nous devons là encore appuyer tous les efforts du Liban pour préserver son indépendance et son intégrité dans ce moment-là », affirme le président français.

Poignée de main chaleureuse entre les deux présidents libanais et français sur le perron de l’Élysée. Photo Dalati et Nohra

Le président Michel Sleiman a clôturé hier sa visite en France par un dîner de travail à l’Élysée avec le président François Hollande. Étaient également conviés le ministre des Affaires étrangères et européennes, Laurent Fabius, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et, côté libanais, le vice-président du Conseil, Samir Mokbel, l’ambassadeur du Liban, Boutros Assaker, ainsi que MM. Nagi Abi Assi et Adib Abi Akl, conseillers à la présidence de la République.


Les grandes lignes de cette réunion qui a commencé par un tête-à-tête entre les deux chefs d’État, à 19h50, ont porté essentiellement sur la situation au Liban et les incidences des affrontements en Syrie, ainsi que sur des questions bilatérales, dont l’aide militaire française à l’armée.


Après avoir réaffirmé le soutien le plus ferme de la France au Liban, à sa souveraineté, à son unité et à son intégrité territoriale, M. Hollande a écouté les explications de son hôte au sujet des grandes lignes de la politique libanaise face aux événements de la région, notamment la volonté de garder le Liban à l’abri des dangereuses répercussions de la crise syrienne.


Plus tard, dans une déclaration aux journalistes dans la cour de l’Élysée, le président François Hollande a affirmé avoir fait part à son homologue libanais de « tout l’appui de la France dans ce moment difficile, compte tenu de ce qui se passe en Syrie ». « Nous apportons tout notre appui pour l’action qu’il (M. Sleiman) mène avec le gouvernement (libanais) pour l’unité, l’intégrité et le développement du Liban », a-t-il précisé, ajoutant que « la présence de la Finul est pour nous un moyen de témoigner au Liban ce soutien ».

Le problème des réfugiés
Le président Hollande a ajouté qu’ « il faut continuer la pression sur le régime syrien pour qu’il arrive à la solution politique qui est attendue ». « Je mesure ce que représente pour le Liban toute cette période puisqu’il y a de nombreux réfugiés qui viennent au Liban, des Syriens qui retrouvent leurs familles au Liban et qui s’installent » dans ce pays, « avec des risques pour l’économie libanaise qui ne peut pas faire face à cette charge supplémentaire, sans parler des troubles qui peuvent éventuellement naître de ce qui se produit en Syrie », a-t-il poursuivi.
« Nous devons là encore appuyer tous les efforts du Liban pour préserver son indépendance et son intégrité dans ce moment-là », a-t-il ajouté.
Le président Hollande a évoqué la position de la Russie sur la crise syrienne. Selon lui, il faut « convaincre les Russes que rien n’est pire que le chaos et qu’en soutenant (le président syrien) Bachar el-Assad, le risque, c’est le chaos ».
« Donc, si on veut éviter qu’il y ait le désordre, la guerre civile en Syrie, tous les pays doivent permettre qu’il y ait cette transition politique et que Bachar el-Assad quitte le pouvoir et le laisse à un gouvernement de transition », a encore dit le président français.
À son tour, M. Sleiman a déclaré que l’important pour le Liban est que la crise syrienne ne déborde pas sur son territoire.


Au cours d’un entretien à bâtons rompus avec un groupe de correspondants libanais et arabes à Paris, le président Sleiman a ensuite développé la position libanaise telle qu’elle a été expliquée aux responsables français lors de ses divers entretiens.
Il a notamment souligné l’importance du déploiement de l’armée à la frontière libano-syrienne, affirmant que « cela constitue la meilleure parade à tout danger provenant du côté syrien ». Partant de l’affirmation que la Syrie n’a pas le droit de violer la frontière libanaise sous quelque prétexte que ce soit, le président Sleiman a indiqué que l’armée « veille non seulement aux frontières mais à la sécurité aussi en s’assurant que les groupements armés de l’opposition syrienne ne se constituent pas en cellules ».


Il a par ailleurs déclaré qu’il a invité le ministre français de la Défense à effectuer une visite au Liban pour se rendre compte de la situation sur place, visiter la Finul et concrétiser la poursuite de l’aide militaire au Liban.
Le président Sleiman a ensuite martelé que le Liban, « à l’instar d’autres pays du monde, est contre toute intervention militaire étrangère en Syrie », estimant que « cela ne ferait qu’aggraver la situation et barrer le chemin à toute marche vers la démocratie, celle-ci devant être, selon lui, réalisée par un dialogue entre les Syriens eux-mêmes ». Toujours sur les événements de Syrie, le chef de l’État a estimé que la démocratie et la paix finiront par s’instaurer dans ce pays et que cela « sera tout à l’avantage du Liban et de la région ». Il a ajouté que « le Liban est l’ami de la Syrie et du peuple syrien qui décidera lui-même de son avenir ».
Évoquant sa récente tournée dans les pays du Golfe, Michel Sleiman a indiqué qu’il avait souligné devant ses interlocuteurs la nécessité de privilégier la solution politique en Syrie dans le cadre de l’instauration de la démocratie dans toute la région.
Le président de la République a affirmé que le Liban avait été invité à la récente conférence de Genève sur la Syrie mais qu’il avait préféré ne pas y participer.
M. Sleiman a par ailleurs assuré que le Liban n’est pas au bord de la guerre civile, comme certains le craignent. Il a cependant admis la présence de divisions profondes entre les Libanais sur des questions fondamentales, notamment le conflit en Syrie.

Au palais du Luxembourg et à l’Assemblée
Le président Sleiman avait entamé sa journée par une visite au palais du Luxembourg. Il y a été reçu à 10 heures par le président du Sénat, M. Jean-Pierre Bel, avec qui il a effectué un tour d’horizon des relations franco-libanaises, de la situation au Liban et dans la région avec un « arrêt prolongé » sur la situation en Syrie et sur ses répercussions dans notre pays.


M. Bel, qui rencontrait le chef de l’État libanais pour la première fois, a déclaré à L’Orient-Le Jour qu’il avait l’intention de se rendre prochainement au Liban dans le cadre d’une réactivation de la coopération franco-libanaise dans le domaine du fonctionnement des organes législatifs des deux pays. Il a rappelé qu’avec son prédécesseur (Gérard Larcher), le président Sleiman avait convenu d’une aide française pour la création d’un Sénat au Liban, conformément à l’une des dispositions de l’accord de Taëf. M. Bel a affirmé que cette assistance sera concrétisée et qu’il en parlera avec les dirigeants libanais lors de son séjour à Beyrouth.
Avant de quitter les lieux, le président Sleiman et la délégation qui l’accompagne ont visité la chapelle de la présidence du Sénat, un véritable bijou architectural construit au XVIIIe siècle à la jonction du palais du Luxembourg et d’un couvent de religieuses.


A 11 heures, le chef de l’État s’est rendu au palais Bourbon où il a été accueilli par le président (socialiste) récemment élu, M. Claude Bartolone. L’entretien, qui a eu lieu en présence des députés Gérard Bapt et Henri Gebrayel (d’origine libanaise), tous deux membres du Groupe d’amitié France-Liban, a aussi porté sur les relations bilatérales, la situation dans la région avec, notamment, un exposé du président Sleiman sur la ligne politique suivie au Liban par rapport à la Syrie. Les deux hommes ont également échangé leurs vues sur la Finul et la coopération franco-libanaise dans les divers domaines.


En quittant le palais Bourbon, le président Sleiman a déclaré que la réunion lui a permis de rendre hommage à l’action de la Finul en faveur du rétablissement du calme au Liban-Sud, ainsi qu’à la position constante de la France par rapport au Liban, à savoir le ferme appui à l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de notre pays. Il a souhaité un renforcement de l’aide de la France au Liban, dans les domaines politique et législatif.
De son côté, M. Bartolone a déclaré que la France « demeurera aux côtés des démocraties et soutiendra la lutte des peuples arabes pour leur liberté ». Au sujet du Liban, il a estimé que notre pays « ne doit pas se laisser entraîner dans le conflit interne en Syrie, ni d’ailleurs dans les autres troubles que connaît la région », réaffirmant au passage le soutien de la France aux droits du peuple palestinien et à ceux d’Israël dans le cadre d’une paix juste et durable.

 

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