Rechercher
Rechercher

À La Une - Révolte

Un futur rôle-clé pour Manaf Tlass en Syrie ?

Accord entre Annan et Assad pour une nouvelle approche sur la crise ; 40 morts au moins hier.

Des manifestants agitaient hier le drapeau de l’opposition du haut d’un minaret en plein centre de Damas. Handout/ShamNewsNetwork/Reuters

L’émissaire international Kofi Annan a annoncé hier avoir convenu avec le président syrien Bachar el-Assad d’une « approche » qu’il soumettra aux rebelles pour tenter de mettre fin aux violences qui font encore rage en Syrie.


Arrivé dimanche à Damas pour sa troisième visite depuis sa prise de fonctions, M. Annan a affirmé avoir tenu des « discussions très franches et constructives » avec le président syrien, dont le régime tente d’écraser depuis près de 16 mois une contestation qui s’est militarisée au fil des mois. « Nous avons discuté de la nécessité de la fin des violences et des moyens d’y parvenir. Nous nous sommes mis d’accord sur une approche que je vais partager avec l’opposition armée », a déclaré M. Annan à la presse, sans plus de détails. Selon l’agence officielle syrienne SANA, MM. Annan et Assad ont discuté des « mécanismes » nécessaires pour « faire baisser le niveau de violences en Syrie, jusqu’au rétablissement total de la sécurité », et de la nécessité de mener « un dialogue entre les Syriens et dirigé par les Syriens ».

 

Un processus de transition approuvé par le groupe d’action sur la Syrie le 30 juin à Genève prévoit la formation d’un gouvernement de transition réunissant des représentants du pouvoir et de l’opposition, sans mentionner le départ d’Assad réclamé en préalable par l’opposition.


Le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères Jihad Makdissi a également qualifié la réunion entre les deux hommes de « constructive », affirmant que la conférence de Genève avait été perçue par MM. Annan et Assad « comme un pas important en vue de faire avancer le processus politique » et avait « créé un environnement de dialogue ».
Avant même la rencontre entre MM. Annan et Assad, l’opposition syrienne a critiqué la visite de l’émissaire international à Damas, estimant que l’échec de sa mission appelait une action internationale urgente et des mesures contraignantes de l’ONU pour faire cesser la répression.


M. Annan s’est ensuite rendu en Iran, allié de Damas, « pour voir comment nous pouvons travailler ensemble pour aider à régler la situation en Syrie », a-t-il déclaré à son arrivée hier soir à Téhéran. L’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe a plusieurs fois plaidé pour que Téhéran, qui « a de l’influence » en Syrie, soit associé à la recherche d’un règlement, en dépit de l’opposition des Européens et des Américains. Il doit notamment rencontrer aujourd’hui le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi.


Le plan Annan prévoit un cessez-le-feu, le retour de l’armée dans les casernes, la fin des détentions arbitraires, la liberté de circulation pour les journalistes et l’aide humanitaire, le respect du droit de manifester pacifiquement et l’ouverture d’un dialogue politique. Officiellement accepté par le régime et par l’opposition il y a trois mois, il est jusqu’à présent resté lettre morte.

 

 

Kilo à Moscou

Au cours de pourparlers à Moscou avec le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, l’un des principaux dirigeants de l’opposition en Syrie, Michel Kilo, a exhorté hier la Russie à contribuer à « la stabilisation de la situation » dans son pays. « La Syrie est devenue l’arène d’un conflit international. En tant que représentants des forces démocratiques, nous considérons qu’il est dans l’intérêt de la Russie (de parvenir à) la stabilisation de la situation », a dit cette figure emblématique de la lutte pour la démocratie en Syrie, selon des agences de presse russes. L’opposant a aussi estimé que Manaf Tlass, le général syrien proche du président Assad qui a récemment fait défection, pourrait être amené à jouer un rôle de premier plan dans son pays.


« La Russie est l’un des rares pays, si ce n’est le seul, à travailler activement avec le gouvernement syrien et avec les diverses forces de l’opposition, s’efforçant de faire appliquer le plan de Kofi Annan », a de son côté déclaré M. Lavrov, cité par ITAR-Tass. « Nous comptons sur le fait que la rencontre d’aujourd’hui (avec Michel Kilo) sera un pas sur la voie de la mise en œuvre des accords auxquels on est parvenu à Genève », le 30 juin, a-t-il ajouté. Les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que la Turquie et des pays représentant la Ligue arabe s’étaient alors mis d’accord sur les principes d’une transition en Syrie.


Abdel Basset Sayda, nouveau chef du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition syrienne à l’étranger, est pour sa part attendu demain à Moscou, également pour des entretiens, après la conférence des Amis du peuple syrien de la semaine dernière à Paris, boycottée par la Russie et la Chine. Dans un entretien avec la radio russe Goloss Rossii (la Voix de la Russie) diffusée hier, il a appelé la Russie à arrêter ses livraisons d’armes au régime de Damas.


« Je suis convaincu que nous devons faire tout notre possible pour contraindre les parties au conflit à (parvenir à) une solution politique pacifique pour régler tous les différends », a déclaré de son côté le président russe, Vladimir Poutine, dans un discours retransmis à la télévision. « Bien sûr, c’est une tâche plus difficile et plus délicate » que de procéder à « une ingérence par la force de l’extérieur », a ajouté le président russe, qui s’exprimait devant les ambassadeurs russes en poste à l’étranger réunis au siège du ministère des Affaires étrangères. Mais seule une solution pacifique « peut assurer un règlement à long terme et une situation stable dans la région », a-t-il poursuivi. M. Poutine a par la même occasion réitéré l’opposition de Moscou à toute ingérence armée sans un accord préalable du Conseil de sécurité de l’ONU, où, en tant que membre permanent (aux côtés de la Chine, des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne), la Russie dispose d’un droit de veto.



Combats dans la capitale
Les violences sur le terrain se sont même paradoxalement intensifiées depuis l’entrée en vigueur officielle du cessez-le-feu le 12 avril, avec près de 6 000 morts pour cette seule période, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Hier encore, les violences ont fait au moins 41 morts, dont 18 civils, en particulier dans des bombardements dans la province d’Idleb. Au sud de Damas, des combats ont éclaté entre les troupes régulières et des rebelles qui ont attaqué un véhicule transportant des provisions militaires dans la région de Kafar Soussé. L’OSDH a également fait état de combats à l’aube à Damas même, en particulier dans le quartier central des Abbassides, ainsi qu’à Deir ez-Zor et à Alep, et de bombardements de plusieurs villes de la région de Damas. Des combats ont également éclaté à la frontière avec la Jordanie dans la province de Deraa.
De même, l’armée syrienne a bombardé hier plusieurs quartiers de Homs ainsi que la ville de Qousseir, selon l’OSDH et un correspondant de l’AFP. À Homs, le quartier de Khaldiyé a été bombardé pendant plusieurs heures dans la matinée, tandis que des combats ont opposé des rebelles et les forces gouvernementales qui tentaient de lancer un assaut sur le quartier, a indiqué l’OSDH. Dans la même province, six soldats ont été tués dans des combats près de la ville d’el-Karyatein, a ajouté l’ONG.
Et Qousseir, bastion rebelle que l’armée tente sans relâche de reprendre depuis trois mois, subissait déjà depuis l’aube un pilonnage à l’artillerie. « Quand ils attaquent le matin, leur objectif est de causer le plus grand nombre de victimes civiles car ils savent qu’à ces heures, les gens sont dans la rue », a affirmé Hussein, un militant sur place. Le correspondant de l’AFP a quant à lui rencontré une famille dont plusieurs membres, dont un enfant de 13 ans, avaient été blessés par un obus de mortier tombé à 10 mètres d’eux.
(Sources : agences
et rédaction)

L’émissaire international Kofi Annan a annoncé hier avoir convenu avec le président syrien Bachar el-Assad d’une « approche » qu’il soumettra aux rebelles pour tenter de mettre fin aux violences qui font encore rage en Syrie.
Arrivé dimanche à Damas pour sa troisième visite depuis sa prise de fonctions, M. Annan a affirmé avoir tenu des « discussions très franches et...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut