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Actualités - CHRONOLOGIE

Une Bosnie multienthnique

Des Serbes, des musulmans et des Croates composeront l’équipe multiethnique de Bosnie aux Jeux olympiques de Sydney, pour la première fois depuis la guerre qui a déchiré l’ancienne république yougoslave. «Nous autres athlètes avons toujours voulu effacer les frontières et je suis heureux qu’enfin une forme d’intégration ait lieu dans certains aspects de notre vie», explique Nedzad Fazlija, un musulman de Bosnie qui participera aux épreuves de tir au pistolet. Les Jeux de la mi-septembre seront les deuxièmes de Fazlija, qui avait déjà représenté la Bosnie à Atlanta. Malgré quatre années de guerre et autant d’années difficiles de paix, la Bosnie a toujours été représentée aux Jeux olympiques dont Sarajevo avait accueilli l’édition hivernale de 1984. Mais ce ne fut pas toujours simple et, jusqu’à présent, les Serbes de la république avaient refusé de représenter la Bosnie. L’ex-république yougoslave a arraché in extremis sa reconnaissance olympique en 1992 avant les Jeux de Barcelone. Les athlètes de Sarajevo s’étaient alors entraînés sous la menace des balles serbes, manquant de tout, et avaient dû quitter leur pays sous l’escorte des Casques bleus. L’athlète Mirsada Buric avait échappé de peu à deux reprises à la mort et y avait gagné un surnom : «Plus rapide qu’une balle de franc-tireur». Soutien international Considérée comme un gros bourg de province par les Yougoslaves, par rapport à Zagreb ou à Belgrade, Sarajevo avait gagné une reconnaissance internationale et des équipements hors pair lors des Jeux d’hiver 84. Mais en 43 mois de siège, toutes les installations olympiques avaient été détruites. Par les Serbes surtout et, notamment en mai 1992, lorsque le centre olympique de Zetra et le musée olympique avaient été ravagés. Mais les infrastructures installées sur les montagnes aux mains des musulmans, dont le tremplin du mont Igman, n’ont pas non plus résisté à la guerre. Seules les pistes de ski du mont Jahorina ont été préservées, et les dignitaires de la République serbe de Bosnie y skiaient encore au plus fort du conflit. Pour participer aux Jeux d’hiver de 1994 à Lillehammer, les représentants bosniaques avaient dû emprunter un tunnel creusé sous les pistes de l’aéroport de Sarajevo, seule sortie de la ville. Depuis la fin des hostilités, les gouvernements occidentaux et le CIO ont apporté des fonds pour la reconstruction des sites olympiques. Mais l’entité serbe avait jusqu’à présent refusé de cautionner la participation de ses athlètes à une équipe multiethnique. C’est seulement l’an dernier qu’un accord a pu être trouvé pour la constitution d’une équipe regroupant des sportifs des trois communautés. «C’est une grande victoire pour le sport en Bosnie-Herzégovine, notamment pour le sport olympique», estime Bogic Bogicevic, le président du comité olympique bosniaque. Cinq athlètes ont déjà été retenus et quatre autres devraient suivre. Lors d’une cérémonie récente au quartier général de l’Onu à Sarajevo, Djuro Kodzo et Zeljko Petrovic, deux marathoniens originaires de la République serbe, ne cachaient pas leur joie. Même s’il ne s’attendait pas à briller à Sydney, Kodzo estimait que sa participation aux Jeux allait lui permettre de progresser. «Nous sommes de la République serbe, mais nous nous sentons Bosniaques. Nous sommes nés ici, nous vivons ici», a-t-il confié. Les autorités sportives assurent que la sélection a été opérée selon des critères purement sportifs. Les athlètes s’entraînent avec l’aide de subventions internationales mais ne touchent pratiquement rien de leur propre pays. «C’est triste que le pays qui nous soutient le moins soit le nôtre», déplore Nedzad Fazlija.
Des Serbes, des musulmans et des Croates composeront l’équipe multiethnique de Bosnie aux Jeux olympiques de Sydney, pour la première fois depuis la guerre qui a déchiré l’ancienne république yougoslave. «Nous autres athlètes avons toujours voulu effacer les frontières et je suis heureux qu’enfin une forme d’intégration ait lieu dans certains aspects de notre vie», explique...