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Actualités - CHRONOLOGIE

Séquestrés depuis quatre mois Les otages de Lima partagés entre la résignation et l'espoir

LIMA, 18 Avril (AFP). — Les 72 otages de Lima, séquestrés depuis quatre mois dans la résidence de l’ambassadeur du Japon, se sont organisés dans un quotidien précaire, où l’angoisse se mêle à la résignation et à l’espoir d’une solution pacifique.
«Il y a de merveilleux exemples de services entre nous, un esprit admirable et même de bonne humeur au milieu de cette épreuve», souligne dans une lettre à son supérieur rendue publique mercredi, le père jésuite Juan Julio Wicht, l’un des otages du commando du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA) qui a pris d’assaut la résidence le 17 décembre dernier.
Le père Wicht, qui a célébré ses 62 ans vendredi, a décidé de rester avec les autres otages «par solidarité», malgré la proposition de libération que lui avait faite fin décembre le chef du commando, Nestor Cerpa Cartolini, principal dirigeant en liberté du mouvement guévariste.
Deux fois par semaine, les otages et leurs familles échangent du courrier, par l’intermédiaire de la Croix-Rouge, qui joue un rôle déterminant à la résidence, privée d’eau courante, d’électricité et de téléphone, dans ce quartier huppé de San Isidro.
Les otages ayant des épouses et des enfants «ont vraiment du mérite (…) Le plus dur de ce manque de liberté est de maintenir à la fois vigueur et calme. Ils me donnent l’exemple de la sérénité et de l’union», indique le père Wicht.
Leur état de santé physique n’inspire pas d’inquiétude aux médecins qui visitent régulièrement la résidence assiégée. Selon eux, deux otages souffrant de problèmes cardiaques, l’ambassadeur de Bolivie Jorge Gumucio et l’ancien président de la Cour suprême du Pérou Moises Pantoja, demeurent dans une forme jugée «satisfaisante».
Cependant, la réclusion est à l’évidence très pénible psychologiquement. Pour l’épouse d’un diplomate otage, seule la solidarité au sein de la résidence les aide «à ne pas craquer».
Dans leurs lettres, ils paraissent parfois «résignés», mais développent «une réflexion spirituelle et religieuse», avec autocritique et introspection sur leur vie et «les liens avec leurs proches».
Des calmants et anti-dépresseurs sont parfois administrés, mais ce sont toujours des petites doses, reconnaissent en privé certains médecins auscultant régulièrement les otages, lesquels soulignent ironiquement n’avoir jamais été aussi bien suivis médicalement.

«Prisonniers de guerre»

Les otages sont considérés comme des «prisonniers de guerre» par le commando du MRTA qui réclame la libération de ses camarades détenus pour terrorisme dans les prisons péruviennes. Cette exigence est catégoriquement rejetée par le président Alberto Fujimori.
Les négociations directes entre le gouvernement et le commando sont interrompues depuis le 12 mars mais la Commission des garants, chargée de veiller à une issue pacifique à la crise, continue de maintenir des contacts entre les deux parties, rendant compte à chacune, séparément, de l’évolution des positions respectives.
Jusqu’à présent, les membres du commando ont respecté leurs «prisonniers» et les médecins n’ont constaté aucune agression physique.
La vigilance sanitaire de la résidence reste un souci constant du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dont le responsable à Lima, le Suisse vaudois Michel Minnig est membre de la Commission des garants, composée de quatre membres.
La cuisine japonaise, à base de poissons et fruits de mer, est la préférée des otages. Deux fois par jour, les membres de la Croix-Rouge leur livrent des plateaux repas, dont profite aussi le commando. Mais les sacs poubelles qui s’amoncellent dans le parc de la résidence développent rapidement une odeur nauséabonde, favorisée par le climat chaud et lourd de fin d’été à Lima.
Régulièrement des employés municipaux viennent retirer les ordures et un camion citerne livre de temps en temps de l’eau à la résidence où des toilettes mobiles ont été installées. Selon tous les témoignages, les otages, dormant pour la plupart sur des matelas à même le sol, se sont rapidement accommodés de cette forte promiscuité.
Pour la plupart diplomates, magistrats, hommes d’affaires et militaires de haut rang, les 72 reclus se partagent équitablement les tâches quotidiennes de ménage. Ils se retrouvent ensuite pour des parties d’échecs, de cartes, de séances de lecture et même des cours de langue française.
On leur a apporté quatre guitares et les nombreux photographes et équipes de télévision postés aux abords de la résidence les ont parfois entendus chanter pour se soutenir le moral, dans l’attente de l’issue pacifique tant espérée.
LIMA, 18 Avril (AFP). — Les 72 otages de Lima, séquestrés depuis quatre mois dans la résidence de l’ambassadeur du Japon, se sont organisés dans un quotidien précaire, où l’angoisse se mêle à la résignation et à l’espoir d’une solution pacifique.«Il y a de merveilleux exemples de services entre nous, un esprit admirable et même de bonne humeur au milieu de cette épreuve»,...