« Dans le site exceptionnel de Bacchus, nous allons faire du sur-mesure »

Votre concert du samedi 30 juillet à Baalbeck sera totalement différent de celui de 2010 aux souks de Beyrouth, ne serait-ce que par son environnement. Allez-vous adapter le concert de cette tournée au lieu dans lequel il a lieu, des ruines romaines, alors que toutes les autres de la région ont été détruites par la guerre et la barbarie de Daech ?
Ma production actuelle est totalement inédite. J'ai voulu créer un univers visuel fort, original et très contemporain qui accompagne ma nouvelle musique et certains classiques que j'ai revisités spécialement pour l'occasion. Évidemment, à Baalbeck, nous avons l'immense privilège de jouer dans un site exceptionnel, et par respect pour le lieu, et pour le mettre en valeur, j'ai modifié notre disposition scénique exprès : nous avons fait du sur-mesure. En tant qu'ambassadeur des Nations unies pour l'Unesco, je suis extrêmement attaché à la sauvegarde du patrimoine de l'humanité.

Dans les années 70, vous avez écrit une musique pour un spectacle du magicien Dominique Webb. Allez-vous travailler sur une musique pour un spectacle de votre fils ?
Bien sûr, si mon fils me demande un jour de lui composer de la musique, je le ferai avec grand plaisir – mais il faut savoir qu'il est lui-même un grand musicien....

Aucun de vos enfants n'est dans le domaine musical, stoppant ainsi 3 générations de musiciens. Quel artiste actuel voyez-vous comme votre héritier ?
David est un grand musicien – guitariste, auteur-compositeur et chanteur, il a connu un certain succès avec son ancien groupe The Two. Aujourd'hui, il s'épanouit plus dans la magie, mais l'ADN de la famille Jarre en musique est bel et bien vivant.
Pour le projet Electronica 1 & 2, j'ai eu la chance de travailler avec une trentaine de musiciens de la scène électronique de toutes générations. Peut-être que, dans la nouvelle génération, celui que je pourrais considérer comme mon fils spirituel est Rone. La semaine dernière, il a ouvert la première partie de mon concert aux arènes de Bayonne, et tout le monde a immédiatement reconnu la touche musicale qui nous lie.

Connaissez-vous la jeune génération de musiciens libanais, représentée entre autres par Ibrahim Maalouf, Bachar Mar Khalife, Mashrou' Leila, etc. ?
Je suis fan d'Ibrahim Maalouf et son univers singulier. J'aurais aimé le voir le week-end dernier au festival des Vielles Charrues ici en France... Ibrahim Maalouf a un immense talent, au-delà de ses racines et de sa formation plutôt classique, il a su marier tous les genres en son expression unique et ainsi fédérer un très large public... De plus, nous avons un amour partagé pour celle qui m'a ému très jeune, la grande Oum
Kalsoum.
Bachar Mar Khalife est aussi un artiste singulier que j'apprécie beaucoup. Il est d'ailleurs signé sur le label InFiné que je connais bien, car c'est la maison de Rone ou Arandel.

En quelle matière sont les gants que vous utilisez pour jouer de la harpe électronique ?
Mes gants sont en coton, avec un traitement spécial antifeu.

Vous avez collaboré avec Natacha Atlas et joué en Égypte. Mais y a-t-il eu une influence de la musique arabe sur votre œuvre, et si oui, laquelle ?
Une de mes toutes premières émotions musicales est sans doute d'avoir assisté à un concert de l'immense Oum Kalsoum. J'étais si jeune et j'en suis sorti amoureux... Amoureux d'elle, de sa voix, de son charisme et de cette musique envoûtante.

Vous avez été l'auteur de paroles de nombreux tubes, formation en lettres aidant... Quel artiste actuel, à part Christophe, vous donnerait envie de recommencer ?
Oui, en effet, j'ai à nouveau collaboré avec Christophe l'année dernière : il est venu chanter sur un morceau de mon Electronica 2, et je lui ai écrit la chanson titre de son nouvel album Vestiges du Chaos. J'aime beaucoup Christine & The Queens, d'ailleurs elle a repris Les Paradis Perdus. Elle m'inspire... Stromae aussi.

Vous avez collaboré avec les Français Gesaffestein et M83, avec les Anglais Fuck Buttons, The Orb ou Primal Scream... Autant d'artistes qui sont artistiquement proches, ou qui ont travaillé avec Andrew Weatherall, dont la poésie mélancolique fait écho aux émotions que vous suscitez, notamment avec Equinoxe et Oxygene. N'avez-vous jamais eu envie de travailler avec un producteur musical extérieur ?
Oui, j'y pense souvent quand j'aborde un nouveau projet, mais petit à petit, en avançant dans mon travail, je me rends compte que j'aime aller jusqu'au bout de mes idées... Je me promets souvent de chercher un complice pour partager un regard sur la production – je ne désespère pas, un jour...

Vous avez travaillé avec Jeff Mills (membre fondateur de Underground Resistance) qui est, avec Laurent Garnier, l'un des parrains de la techno mondiale et qui, à l'instar de l'artiste français, s'essaye à d'autres champs d'expression que la musique électronique. Une collaboration avec Laurent Garnier est-elle possible ?
J'aime beaucoup Laurent, nos chemins se sont même croisés il y a de nombreuses années... Bien sûr, une collaboration dans le futur est tout à fait possible.

Si vous ne deviez garder qu'un seul de vos instruments, lequel serait-ce ?
Le VCS 3.

Question bonus : qu'y a-t-il sous votre lit ?
Mon radio-réveil !

Pour mémoire

Beyrouth, (centre-)ville, en concert avec Jean-Michel Jarre

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