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Liban - Sécurité

Cauchemar à Qaa : huit kamikazes en moins de 24 heures et en deux vagues

La localité frontalière dans la Békaa a été victime hier d'une série d'explosions perpétrées par plusieurs kamikazes qui ont fait plusieurs morts et blessés.

L’église Saint Élie, prise pour cible en soirée par le deuxième escadron de kamikazes. Mohammad Azakir/Reuters

La localité de Qaa a à peine eu le temps de pleurer ses premières victimes, tombées à l'aube, que les kamikazes frappaient à nouveau en soirée : quatre kamikazes se sont fait exploser aux environs de 22 heures après que quatre autres jihadistes eurent entamé leur sinistre besogne en actionnant leurs ceintures d'explosifs vers quatre heures à l'aube.

C'est grâce à la vigilance de Talal Mkalled, qui prenait son repas de rupture du jeûne aux alentours de 4h du matin dans la nuit de dimanche à lundi, que l'alerte a pu être donnée concernant les quatre premiers kamikazes. Ayant entendu des bruits suspects à l'extérieur de sa maison, il envoie son fils Chadi voir de quoi il s'agit lorsque ce dernier tombe sur les terroristes (4 ou 5 selon les sources) et leur demande de s'identifier. Ces derniers prétendent faire partie des renseignements de l'armée. Mais le jeune homme ne les croit pas et tire dans leur direction. C'est alors que les jihadistes ripostent en lançant une grenade et que l'un d'eux se fait exploser. Alertés par l'explosion, les voisins se précipitent sur place ainsi qu'une patrouille de l'armée. Deux autres kamikazes se font aussitôt exploser au passage de la patrouille. Le quatrième, lui, actionne sa ceinture explosive devant une ambulance dépêchée sur place. Un mode opératoire – kamikazes et attentats simultanés – typique des organisations jihadistes telles que l'État islamique et el-Qaëda. Selon un communiqué de l'armée, chaque ceinture contenait 2 kg de matières explosives, ainsi que des billes et des clous.


(Lire aussi : En deuil et submergée par les réfugiés, Qaa implore l'État de se pencher sur son sort)

 

La possible présence d'un cinquième kamikaze qui aurait pris la fuite n'a pas été confirmée par l'armée. Le site Lebanon Debate a toutefois rapporté une information selon laquelle un groupe de jeunes du village a capturé et remis aux services de sécurité un homme qui aurait facilité le travail des assaillants. Citées par la chaîne MTV, des sources de sécurité ont assuré que trois des kamikazes sont syriens alors que la nationalité du quatrième n'a pas encore été identifiée. Les mêmes sources ont indiqué que, contrairement à certaines informations, les jihadistes ne sont pas entrés dans la ville via Macharih al-Qaa (où se trouvent plusieurs camps de réfugiés informels), sans toutefois donner plus de précisions.

D'après certaines analyses, les terroristes attendaient peut-être les bus de l'armée qui partent tous les matins à 6h de Qaa pour déposer les militaires sur leurs lieux de travail. Il est également possible qu'ils se trouvaient à Qaa en attendant d'être transportés vers une autre région pour y commettre un attentat.
Cette première attaque a fait cinq victimes (Fayçal Aad, Boulos al-Ahmar, Joseph Layyous, Maher Wehbé et Georges Farès) ainsi que quinze blessés, dont quatre militaires. Le ministre de la Santé, Waël Bou Faour, a affirmé hier que les blessés seront traités aux frais du ministère.

(Lire aussi : Qaa : l’équilibre de la terreur rompu ?)

 

Nouvelles attaques et combats
Le cauchemar a repris en soirée, aux alentours de 22 heures, quand quatre autres kamikazes se sont également fait exploser à Qaa. Ils ont déclenché leurs ceintures explosives en criant « Allah Akbar » (Dieu est grand). Une source au sein de l'armée a affirmé que les deux premières attaques-suicide ont été commises près d'une église. Elle a ajouté que deux autres kamikazes s'étaient fait exploser, le premier devant le siège de la municipalité, le second à proximité d'un véhicule blindé de l'armée.
Selon le président de la municipalité, Bachir Matar, il y a eu cinq explosions en soirée et plusieurs blessés, sans donner de bilan exact. Il a appelé les habitants à se barricader chez eux et « à tirer avec leurs armes à feu sur tout étranger ».

Des combats ont également été signalés hier soir en bordure de la localité entre l'armée libanaise et des groupes armés, a indiqué une autre source de sécurité. Le courant électrique a été brièvement coupé dans la ville, mais a été rétabli après un appel lancé par le député des Forces libanaises Antoine Zahra, présent sur les lieux.
Le directeur de la Croix-Rouge libanaise, Georges Kettaneh, a fait état de huit blessés, mais n'a pas pu confirmer s'il y avait des morts. L'Agence nationale d'information, quant à elle, évoquait treize blessés.

 

(Voir aussi : Attentats suicide meurtriers à Qaa : les images)

 

Tard dans la nuit, la Direction de l'orientation de l'armée a fait paraître un communiqué détaillant l'attaque nocturne contre Qaa. Vers 22h30, selon le communiqué, l'un des kamikazes à moto, ceinturé d'explosifs, a lancé une grenade à main en direction d'un rassemblement de citoyens devant l'église du village avant de se faire exploser. Un autre, également à moto, a suivi exactement le même procédé, se faisant exploser au même endroit. Deux autres kamikazes à moto ont aussi cherché à imiter leurs camarades. L'un d'eux a aussitôt été pris en chasse par une patrouille des services de renseignements de l'armée, ce qui l'a poussé à se faire exploser sans pouvoir faire de dégâts. Le dernier des kamikazes a tenté de viser un poste militaire, mais il a été touché par les tirs d'un soldat et contraint à son tour de se faire exploser, loin de toute agglomération. L'armée a précisé dans son communiqué qu'elle a entamé une série de perquisitions dans le village et ses environs à la recherche de suspects.

Le conseil du mohafazat de la Békaa se réunira demain après-midi au Sérail de Baalbeck, sur initiative du mohafez de Baalbeck-Hermel, Bachir Khodr. Ce dernier a décrété hier soir un couvre-feu à l'encontre des ressortissants syriens dans les localités de Qaa et Ras-Baalbeck, une autre bourgade voisine, à majorité chrétienne.

(Lire aussi : "Si les chrétiens de Qaa s'en vont, le Liban-message cessera d'exister")

 

Appels à soutenir l'armée et les services de sécurité
Le commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, qui s'est rendu à Qaa hier matin après la première vague d'attentats, a réitéré la volonté de l'armée de continuer à combattre le terrorisme. « Le fait que les terroristes se soient précipités pour se faire exploser avant de pouvoir se rendre dans une autre région est une preuve claire de la vigilance de l'armée et des citoyens. L'armée libanaise a toute la volonté et la capacité pour combattre ce terrorisme qui ne distingue pas entre une confession et autre. Tout acte terroriste, quelle que soit son ampleur, n'aura pas d'influence sur la décision de l'armée libanaise qui est de combattre le terrorisme, protéger le Liban et préserver sa stabilité », a-t-il dit.

Le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, a pour sa part chargé les services de renseignements de l'armée et la police militaire d'enquêter sur les attentats de Qaa. Il a également demandé de mener des analyses ADN afin de définir l'identité des kamikazes.

Le Premier ministre, Tammam Salam, a estimé que ces attentats, « de par le nombre de participants et leur mode opératoire, mettent en relief la nature des plans malveillants ourdis contre le Liban et l'ampleur des dangers qui menacent le pays ». « Notre stabilité est visée et la seule manière de la renforcer est d'appuyer l'armée et les services de sécurité dans leur bataille contre le terrorisme », a-t-il dit.
De même pour le ministre de la Défense, Samir Mokbel, qui a exprimé son appui à l'armée et aux services de sécurité dans la lutte contre le terrorisme. « Que tout le monde sache que la troupe ainsi que tous les appareils sécuritaires libanais sont prêts à défendre, unis, leur terre et à faire face aux terroristes, les pourchasser, les arrêter et mettre en échec leurs plans », a-t-il souligné.

Présent sur place en début de journée, le député Élie Marouni, qui représentait le chef des Kataëb, Samy Gemayel, a également insisté sur le rôle de l'armée pour faire face au terrorisme et à l'environnement favorable à la propagation de ce terrorisme. Pour le député Antoine Zahra, la seule option « est celle de l'État et lui seul a pour responsabilité de protéger le peuple libanais ».

 

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