La bataille d'Alep et son importance stratégique, les sanctions américaines bancaires contre le Hezbollah, mais aussi les récents développements à Bahreïn et l'ingérence de l'Arabie saoudite dans cet émirat : tels étaient les sujets de prédilection évoqués hier par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à l'occasion du quarantième du décès de Moustapha Badreddine, dont l'assassinat dans une « grande explosion » près de l'aéroport de Damas a été annoncé en mai dernier.
Qualifié de « cerveau » de la planification de l'attentat qui avait coûté la vie à Rafic Hariri, Moustapha Badreddine continue de faire l'objet d'un mandat d'arrêt lancé par le Tribunal spécial pour le Liban.
La commémoration de la mort de celui qui fut l'un des cadres militaires les plus importants du parti a constitué une opportunité pour son chef pour vanter les qualités de ce stratège militaire et combattant « hors pair », comme il dit. Hassan Nasrallah a passé en revue son engagement et sa « lecture avant-gardiste » des développements dans la région, justifiant ainsi la guerre menée par le Hezbollah en Irak et en Syrie contre le terrorisme. Le leader chiite a également saisi l'occasion pour évoquer la loi adoptée par le Congrès US, le Hezbollah International Financing Prevention Act of 2015 (Hifpa 2015), les modalités de sa mise en œuvre par les banques libanaises et son impact sur le parti et sa base populaire.
« Nous sommes totalement opposés aux sanctions américaines », a-t-il déclaré, assurant que ces sanctions, « même si elles étaient appliquées, ne nous affecteraient en rien ». « Notre financement et nos armes viennent d'Iran et ne passent pas par les banques libanaises », a-t-il précisé.
S'adressant à ceux qui ont prédit « l'effondrement financier et économique » du parti chiite, le secrétaire général a affirmé que « tant que l'argent coulera en Iran, le parti se portera bien ». Il a toutefois reconnu « la pression morale » que ces sanctions ont entraînée, ainsi que leur application, « injuste » selon lui, sur des personnes, des organismes et des institutions « non visées au départ par la loi américaine ».
Hassan Nasrallah, qui s'est abstenu de commenter l'explosion qui avait eu lieu le 12 juin dernier devant la Banque du Liban et d'Outre-mer (Blom), a haussé le ton avant d'affirmer qu'il « n'acceptera pas cette agression contre sa base populaire », accusant certaines banques d'avoir été « plus royalistes que le roi » et leur rejetant la balle en les accusant d'avoir « déstabilisé l'économie du pays ».
Le secrétaire général a toutefois indiqué que son parti était « ouvert aux solutions – ce qui ne veut pas dire pour autant que nous acceptons cette loi –, mais tout simplement parce que sommes attachés à l'économie du pays ».
« Nous resterons à Alep »
Évoquant ensuite la bataille d'Alep et son intérêt stratégique pour le Liban aussi bien que pour la région, il a martelé : « Le combat pour la défense d'Alep, c'est le combat pour la défense du reste de la Syrie, de Damas. C'est la défense du Liban, de l'Irak et de la Jordanie. » Hassan Nasrallah a expliqué l'importance vitale de la participation de combattants du parti chiite aux combats pour la prise de cette ville, accusant la Turquie et l'Arabie saoudite d'être à la manœuvre, avant de justifier la présence du Hezbollah dans cette région pour « faire face au projet américano-saoudien ».
« Il est de notre devoir d'être à Alep. Nous y sommes et nous resterons », a-t-il encore dit. Et de s'en prendre à la « communauté internationale, l'Arabie saoudite et la Turquie en particulier », qui, a-t-il accusé, « ont décidé d'envoyer via la Turquie des combattants à Alep et sa province ». Il s'agit selon lui d'« un nouvel épisode de la guerre de Syrie et de la plus grande bataille dans ce pays ».
Le chef du Hezbollah a ainsi minimisé les « pertes » subies dans les rangs des combattants chiites lors de ces combats que certains médias libanais et arabes ont « amplifiées », selon lui. « Au total, nous avons perdu 26 combattants. Un seul a été fait prisonnier et un second est porté disparu », a-t-il précisé, ajoutant que 617 combattants avaient péri dans l'autre camp depuis le 1er juin.
« Nous sommes très nombreux à Alep, et ceux qui prétendent que le Hezbollah a subi d'importantes pertes dans cette ville sont des menteurs », a poursuivi Hassan Nasrallah. Le secrétaire général du Hezbollah a souligné que le front d'Alep, dans le nord de la Syrie, a été ouvert après que la chute de Damas a échoué. « Le contrôle de la frontière libano-syrienne, depuis l'Ouest, ainsi que l'avancée de l'EI depuis l'Est, ont tous échoué », a-t-il affirmé, estimant que le but ultime était de faire tomber Damas.
La situation à Bahreïn
Le leader du Hezbollah a par ailleurs dénoncé l'action de l'Arabie saoudite à Bahreïn, dont le gouvernement a déchu lundi de sa nationalité le cheikh Issa Qassem, le plus haut dignitaire chiite du pays et un critique du pouvoir sunnite.
« Ce qui s'est passé ces derniers jours à Bahreïn est très dangereux », a déclaré Hassan Nasrallah, en référence à cette décision. « Le pouvoir à Bahreïn a coupé toutes les possibilités de dialogue avec l'opposition et exécute les ordres des Saoud », a-t-il ajouté, précisant qu'« un mouvement de colère se lève à Bahreïn » pour protester contre l'action de la dynastie régnante à Riyad et à Manama.
Revenant enfin sur le dossier libanais, Hassan Nasrallah a fait état de la mise en œuvre d'un plan pour mettre fin aux tirs de joie. « C'est une vieille tradition au Liban qui date de plusieurs décennies », a-t-il déclaré, rappelant que le Hezbollah a adopté une décision ferme sur ce sujet. « Celui de nos membres qui procédera à des tirs sera radié de notre parti », a-t-il lancé, exprimant l'espoir que d'autres partis suivront la même voix.
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Le serpent se mord la queue...
CBG
02 h 44, le 27 juin 2016